Texte et photos LOUIS TURBIDE
LIÈVRE
Conseils pour un succès régulier
Je chasse le lièvre depuis l’âge de 12 ans et j’en retire autant de satisfaction qu’à mes premières armes. Le plaisir d’être en forêt, prendre l’air en marchant tranquillement avec ma conjointe à la recherche de ce petit gibier qui est passé maître dans l’art de se dissimuler en plus de rapporter une excellente venaison, voilà autant de raisons qui me convainquent de prendre le bois à cette période de l’année. Pendant plusieurs années alors que j’étais plus jeune, récolter un lièvre relevait du hasard alors que je chassais prioritairement la gélinotte huppée. C’est beaucoup plus tard que j’ai débuté à chasser réellement le lièvre et à m’intéresser à ce gibier. Je me rappelle entre autres des chasses mémorables dans de jeunes bûchés de résineux où le lièvre était tellement abondant que lors d’années avec absence de neige lorsque les lièvres étaient déjà blancs, je pouvais voir jusqu’à cinq lièvres en même temps. C’était vraiment magique! Depuis plusieurs années, je débute ma chasse aux lièvres au cours du mois de novembre alors que ces derniers commencent à arborer leur pelage d’hiver blanc. Qu’il y ait ou non de la neige au sol, il est possible de tirer son épingle du jeu assez régulièrement. Voici donc quelques conseils pour améliorer vos chances de succès.
Balayage méthodique du sol
À la chasse au lièvre, le plus difficile consiste à repérer votre gibier. Généralement lorsque vous avez réussi, le lièvre misera sur son mimétisme et ne bougera pas du tout, ce qui facilitera grandement votre tir. Dans son optique, s’il ne bouge pas, vous n’êtes pas sensé le voir ce qui est en partie vrai au début de l’automne et lorsque l’hiver est bien entamé. Reste le mois de novembre où tout est possible avec une arrivée hâtive de la neige avant que les lièvres ne soient complètement blancs ou lors d’absence de neige lorsque les lièvres sont déjà blancs. C’est une des raisons pourquoi j’adore chasser le lièvre à cette période précise de l’année.
Puisque je chasse la majorité du temps à deux, j’ai opté pour une approche qui laisse peu de chance aux lièvres de passer inaperçus. Ainsi, nous marchons dans un sentier une dizaine de mètres l’un derrière l’autre. Chacun des chasseurs est responsable de regarder que d’un seul côté du sentier. Pas question de regarder de l’autre côté! Toute notre attention est concentrée sur la parcelle de terrain qui doit être balayée du bord du sentier à environ une centaine de pieds en forêt. Ainsi, le balayage du terrain est fait de façon méthodique et non aléatoire en regardant dans tous les sens ce qui nous faisait manquer bien des lièvres en visuel.
Depuis que j’agis de cette façon, je vois beaucoup plus de lièvres que par le passé. S’il n’y a pas de neige au sol et que les lièvres sont blancs, on cherche la moindre tache blanche qui détonne au sol. La forme de la tache blanche n’est pas importante car le lièvre peut être autant complétement à découvert que caché derrière un amoncellement de branches. Lorsque la neige est déjà au sol, la progression doit être faite le plus lentement possible car c’est une belle grosse bille noire que nous cherchons (l’œil du lièvre). Enfin, pour être certain de ne rien avoir laissé passer, nous empruntons le même sentier mais cette fois en sens inverse. Ainsi, un lièvre qui était quasi invisible lors de notre première passe devient soudainement très facile à voir bien souvent.
Perturbations au sol payantes
Vous déambulez en forêt à la recherche d’un lièvre. Il est rare que Jeannot se positionnera au milieu de nulle part à moins qu’il soit en déplacement. Chaque arbre tombé au sol doit être méticuleusement observé. Prenez le temps de balayer soigneusement ce type de secteur. Il n’est pas rare d’y voir un lièvre à proximité ou même directement sur le tronc d’arbre si bien entendu l’arbre est directement couché au sol. S’il y a un amoncellement de branches au sol, faites le même exercice mais si vous ne pouvez voir au travers des branches, n’hésitez pas à frapper sur les branches avec vos pieds et tenez-vous prêt! C’est toujours impressionnant de voir détaller un lièvre qui était caché dans un tel couvert! En pareille situation, vous pouvez lui lâcher un cri pour le faire arrêter mais personnellement je n’ai jamais eu grand succès avec cette technique. En cas de fuite d’un lièvre dans n’importe quelle situation, je préfère le suivre des yeux et généralement je vais le voir s’arrêter. Il ne restera par la suite qu’à avancer très tranquillement vers lui. Le lièvre, étant déjà nerveux, ne soyez pas étonné de devoir faire ce stratagème plus d’une fois avant d’avoir une chance de tir.
Il y a des endroits qui méritent qu’on s’y attarde un peu plus lorsqu’on chasse le lièvre comme par exemple les arbres qui jonchent le sol et les endroits un peu plus denses! Les lièvres adorent généralement les fréquenter.
Noter l’endroit de vos récoltes
Depuis plusieurs années, nous chassons majoritairement dans le même boisé dans lequel nous faisons une marche d’environ 3 km. Après quelques années, il a été très facile de se rendre compte des endroits les plus propices d’abriter une population de lièvres intéressante. Ainsi, à chaque fois que nous arrivons dans ce secteur, nos sens sont en alerte au maximum et ça ne prend pas de temps que nous apercevons notre premier puis second lièvre. Je vous dirais même que quand je n’ai pas beaucoup de temps pour aller chasser, je me dirige directement dans ces secteurs chauds et je suis rarement déçu. Je vous suggère d’en faire autant et de noter où vous récoltez vos lièvres. Tout comme moi, vous réaliserez rapidement qu’il y a des secteurs à fort potentiel qui méritent qu’on s’y attarde un peu plus!
Les 30 dernières minutes de chasse : la clé du succès
Bien que la première heure de chasse du matin puisse être prolifique, il n’y a aucune comparaison à faire avec les 30 dernières minutes de chasse d’une journée du mois de novembre. Les lièvres attendent le coucher du soleil pour s’activer et c’est frappant de constater le tout sur le terrain. Si vous n’avez qu’une heure de chasse à consacrer dans une journée. Prenez le bois dans la dernière heure de chasse et vous serez impressionné des lièvres que vous allez croiser. Encore une fois, si vous avez fait vos devoirs et que vous connaissez les points chauds sur votre territoire, exploitez-les au maximum en empruntant ces sentiers dans les deux sens. Les lièvres courent partout à cette période de la journée et plus vous patrouillez de terrain à fort potentiel, plus vous récolterez de lièvres en un temps record! Croyez-moi!
Conclusion
La chasse au lièvre est une activité fort agréable à pratiquer entre amis, en famille et est une excellente façon d’initier un nouvel adepte. Si jamais il y a absence de neige au sol et que les lièvres sont déjà blancs, je vous suggère de planifier une sortie au lièvre, ça sera magique assurément! En espérant que ces petits conseils vous aideront à garnir votre gibecière! Bonne chasse!
LINE GARCEAU
L’auteur avec deux lièvres dodus capturés au mois de novembre alors que la neige fait à peine son apparition.