Textes et photosMICHEL LA HAYE
100% SAUVAGINE
Le mois de chasse pantouflard, il fait doux, le gibier est abondant et les déplacements faciles ! Octobre est, depuis plusieurs années, comme un grand été des Indiens, ensoleillés souvent sans grands vents. Pour un sauvaginiers, ces conditions ne sont pas les plus favorables, mais les vieux renards qui ont vu passé bien des automnes, et les plus jeunes devenus des pros pour glaner des informations sur le web, comme ici à 100% CP, il y a toujours moyen de tirer son épingle du jeu. J’espère que cette chronique vous aidera dans ce sens !
Photo 1 : petite installation fructueuse à la chasse aux garrots.
Réponse
aux lecteurs
Une grande question qui revient presqu’à chaque année est : « est-ce que j’ai assez d’appelants pour réussir de belles sorties ? » Vaste question, j’ai écrit au moins 6 articles à ce sujet depuis une trentaine d’années. Elle est pertinente, mais avant de tenter une réponse, je dirais que c’est un sujet très contextuel, dans une situation la réponse pourra être très différente que dans une autre ! Par exemple, prenons la bernache, vous habitez une région avec de grands champs ouverts qui reçoivent des voiliers imposants de bernaches, vous avez votre réponse, il vous faudra disposer plusieurs dizaines d’appelants ou bien utilisez des modèles surréalistes, empaillés ou complètement veloutés mais rien entre les deux ! Pour l’oie blanche et même les canards plongeurs, plusieurs dizaines, voire centaines d’appelants sont de mise ! En revanche, tel que décrit dans l’article d’avril au sujet de la chasse à l’oie blanche au moyen d’une installation mixte d’appelants de bernaches et d’oies, vous pouvez aussi vous en tirez avec un groupe de moins de cent individus qui fera très bien le travail. On pourra dire la même chose à propos de la chasse au garrot, pas besoin d’une tonne d’appelants pour faire des beaux tableaux avec ce plongeur, mais il faut être exactement à l’endroit de nourrissage qu’ils fréquentent au moment de votre sortie (photo 1 ci-dessus).
Un autre bon exemple, la semaine dernière je guidais un groupe à la bernache et j’avais installé la cache à cheval sur un fossé bordant une petite route entre un champ de maïs frais récolté en bas du vent, et un vieux champ de chaume en haut de celui-ci. J’avais remarqué que quelques bernaches arrêtaient dans ce champ avant de rejoindre le maïs, j’ai donc disposé deux petits groupes de 3 et 4 appelants derrière nous (photo 2) et le reste du plan, environ 75 autres, en bas du vent dans le champ de maïs. Bien figurez-vous que la majorité des 21 bernaches récoltées l’ont été au-dessus de ces deux petits groupes ! Je vous dirais que le mieux est d’expérimenter, regroupez-vous entre vous et joignez vos flottes d’appelants, installez-en beaucoup un matin que le gibier roule, et enlevez-en pour voir le résultat, vous apprendrez beaucoup de cette manière.
Photo 2 : petit groupe d’appelants ayant grandement contribué au succès d’une belle sortie à la bernache.
Appelant-appels-caches
Dans l’article que je présente ce mois-ci, (Bernache – « Trouble Shooting de chasse au champ! ») il est amplement question du fameux « trio-infernal », en fait, il s’agit des ajustements à y apporter pour solutionner des problèmes durant une sortie de chasse à la bernache au champ. Ce principe d’ajustement multipartite est quasiment universel à la chasse à sauvagine ! À divers degrés, l’un ou l’autre de ces éléments limitera la portée et l’efficacité des deux autres s’il fait défaut. La semaine dernière j’ai vu un groupe de plusieurs chasseurs de bernaches disposés plus de deux cents appelants dans un champ de maïs récolté. Nous étions à chaque bout de la terre de mon ami agriculteur, ayant terminé de récolter notre limite tôt, nous avons quitté notre site pour retourner voir comment se débrouillait l’autre groupe. Les bernaches faisaient toutes le même manège, elles s’approchaient, tournaient en perdant peu d’altitude, parfois les chasseurs tiraient mais ne les touchaient pas, ou peu, parce que trop hautes, d’autres fois ils n’avaient même pas cette chance. Un de mes clients me demande alors ce qui clochait dans leur installation ou technique de chasse. Il y avait deux trucs qui n’en fonctionnaient pas; la visibilité du groupe et la disposition des appelants, mais les appels étaient très convaincants et bien rendus. Ces chasseurs étaient tous revêtus d’habits de camouflage « jonc » ou waterfowl arborant beaucoup de teintes brunes et foncées, très contrastantes avec le jaune vif du maïs flétri non récolté dans lequel ils étaient cachés. Ils n’étaient pas dans une cache et même pas assis, ils étaient tous debout ! Les bernaches devaient très bien les voir en arrivant au-dessus d’eux. « Oui mais », me dit mon aide de chasse, « pourquoi les bernaches les survolaient-ils ? » Ce fut une très bonne observation et cela dénotait du rapport intime qu’il y a entre la « cache » et la disposition des appelants à la chasse aux bernaches dans les champs, le premier travaille pour augmenter l’efficacité de l’autre et vice versa ! Le site de chasse choisi par ce groupe était sous le vent, ils chassaient donc « vent de face » par rapport aux appelants et ils n’avaient laissé que 10-15 m, pas plus, entre le premier rang de maïs encore debout et le plan. Les bernaches devaient donc descendre le vent et ensuite tenter de se poser dans ce petit espace, et c’est durant ce passage qu’ils détectaient les chasseurs. Une autre disposition des appelants, beaucoup plus éloignée de la partie du champ de maïs non récoltée, et de petites caches rudimentaires faites de fagots de tiges de maïs (la partie supérieure qui ne porte pas d’épis) leur auraient beaucoup facilité la tâche !
Biologie et aménagement
Connaissez-vous l’aménagement faunique du ruisseau de feu ? Il s’agit d’un projet initié en 2020 et terminé en juillet 2021. Vous trouverez un excellent résumé de l’historique de ce site sur les pages de la municipalité de Terrebonne où il est situé. Pierre Champagne du journal La Presse a produit un très bon article à ce sujet que je vous invite à lire https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-06-12/ruisseau-de-feu-a-terrebonne/un-des-projets-de-restauration-les-plus-spectaculaires.php.
J’ai moi-même étudié le secteur pour y délimiter les frayères de grands brochets et de perchaudes dans les années 90. Ce secteur, situé à l’est du pont de l’autoroute 40 enjambant la rivière des Prairies, est reconnu depuis les années 80 pour la richesse de sa faune et sa flore ainsi que les possibilités de restaurations des milieux humides et aquatiques. Un ancien propriétaire a fait le don de 41 ha à Canard Illimités en 2004. Les biologistes de cet organisme ont ensuite élaboré un aménagement multifonctionnel visant autant la reproduction des canards, que celle des autres groupes fauniques tels les poissons et les mammifères aquatiques. Le site est composé d’une digue de 1,6 km, d’un marais, d’un marécage et d’une passe migratoire pour poissons.
Vous pouvez visiter ce lieu unique, car une passerelle en bois sur pilotis et une tour pour l’observation des oiseaux de même que des panneaux d’interprétation y ont été installées en 2021.
Localisation de l’aménagement faunique du ruisseau de feu à Terrebonne.
La ville de Terrebonne a contribué de diverses manières à ce projet en le finançant et en faisant don de terrains au projet. En savoir plus…
On y trouve une vingtaine d’espèces de poissons et quelque soixante espèces d’oiseaux, dont certaines inscrites sur la liste des espèces à statut précaire. La sauvagine y abonde, trouvant refuge et habitat de nidification. Il faudrait plus de projets comme celui-là pour donner un coup de pouce à notre gibier favori ! Bonne visite
Anecdote sauvaginière
Photo 3 : tableau de chasse multi espèces.
Cette fois, l’histoire n’est pas drôle, mais plutôt tragique ! Autour des années 1990-98, je guidais aux plongeurs dans une petite baie du lac des Deux-Montagnes près de L’Île-Cadieux; cache en pierres, chauffée, accès privés avec une cachette pour mon embarcation juste à côté, etc., etc. , le paradis quoi ! Dans ce temps-là, comme on dit, les morillons (maintenant fuligules communs, je pense) abondaient, en fait, un ami, qui a fait une maîtrise sur le sujet, a évalué qu’il y avait entre 80 000 et 100 000 de ces petites bombes bleues qui se trimbalaient entre le lac Saint-Louis et la partie centrale du lac des Deux-Montagnes, soit exactement en face de ma petite île privée! La chasse était superbe, il n’était pas rare que je guide tour à tour des groupes de 3-4 chasseurs qui récoltaient tous leurs limites dans le temps de le dire. Malards, noirs, bec-scies, macreuses et autres espèces de canards, dont les rarissimes morillons à dos blanc, à tête rouge, de même que des bernaches cravants venaient de temps en temps compléter ces tableaux de chasse à la sauvagine comme sur la photo 3 ci-contre.
Il y a avait deux lascars, avec lesquels je me suis lié d’amitié, qui chassaient juste en face de ma position en caleuse, ça ne me dérangeait pas, car cela avait pour effet de pousser les voiliers de morillons vers la rive ….. l’un d’eux était un féru de rechargement, il récupérait tout et y allait de ses propres mélanges, dosages et même confections de cartouches !!! J’avais un ami qui est décédé aujourd’hui, un biochimiste, qui faisait la même chose, mais avec des précautions et une précision mille fois supérieure à mon confrère sauvaginier du lac des Deux (petit nom que nous donnions à ce cours d’eau). Il m’avait dit de prévenir mon ami du danger d’une telle approche avec le rechargement de cartouches chose que j’ai fait sans hésiter… mais en vain, un bon matin je vois passer la grosse embarcation qui remorquait la caleuse, puis les bruits d’installation du plan de plongeurs. Le jour commençait et tout à coup j’entends au large : « POW POW » puis un « pouffff » ténu suivi d’une super déflagration et d’un long cri de douleur très perçant audible à presque deux kilomètres soit la distance qui nous séparait ! Puis j’entends de gros blasphèmes et des gémissements soutenus, le bruit d’un moteur que l’on démarre, suivi de celui d’un bateau qui arrive à toute vitesse ! Je n’en croyais pas mes yeux, le « rechargeur » de cartouche était penché sur sa main tandis que l’autre accostait l’embarcation sans ménagement en frappant les grosses roches entourant la descente de L’Île-Cadieux avec sa coque !! Un crissement de pneus et une accélération soutenue… J’appris le lendemain que le fusil du « rechargeur » lui avait littéralement sauté au visage lui arrachant deux doigts au passage ! Depuis ce temps, je ne recharge et n’utilise plus jamais de cartouches de 12 rechargées ou trop vielle ! Soyez prudent, la vie est trop courte pour prendre de tels risques.
Cette fois, l’histoire n’est pas drôle, mais plutôt tragique ! Autour des années 1990-98, je guidais aux plongeurs dans une petite baie du lac des Deux-Montagnes près de L’Île-Cadieux; cache en pierres, chauffée, accès privés avec une cachette pour mon embarcation juste à côté, etc., etc. , le paradis quoi ! Dans ce temps-là, comme on dit, les morillons (maintenant fuligules communs, je pense) abondaient, en fait, un ami, qui a fait une maîtrise sur le sujet, a évalué qu’il y avait entre 80 000 et 100 000 de ces petites bombes bleues qui se trimbalaient entre le lac Saint-Louis et la partie centrale du lac des Deux-Montagnes, soit exactement en face de ma petite île privée! La chasse était superbe, il n’était pas rare que je guide tour à tour des groupes de 3-4 chasseurs qui récoltaient tous leurs limites dans le temps de le dire. Malards, noirs, bec-scies, macreuses et autres espèces de canards, dont les rarissimes morillons à dos blanc, à tête rouge, de même que des bernaches cravants venaient de temps en temps compléter ces tableaux de chasse à la sauvagine comme sur la photo 3 ci-dessus.
Il y a avait deux lascars, avec lesquels je me suis lié d’amitié, qui chassaient juste en face de ma position en caleuse, ça ne me dérangeait pas, car cela avait pour effet de pousser les voiliers de morillons vers la rive ….. l’un d’eux était un féru de rechargement, il récupérait tout et y allait de ses propres mélanges, dosages et même confections de cartouches !!! J’avais un ami qui est décédé aujourd’hui, un biochimiste, qui faisait la même chose, mais avec des précautions et une précision mille fois supérieure à mon confrère sauvaginier du lac des Deux (petit nom que nous donnions à ce cours d’eau). Il m’avait dit de prévenir mon ami du danger d’une telle approche avec le rechargement de cartouches chose que j’ai fait sans hésiter… mais en vain, un bon matin je vois passer la grosse embarcation qui remorquait la caleuse, puis les bruits d’installation du plan de plongeurs. Le jour commençait et tout à coup j’entends au large : « POW POW » puis un « pouffff » ténu suivi d’une super déflagration et d’un long cri de douleur très perçant audible à presque deux kilomètres soit la distance qui nous séparait ! Puis j’entends de gros blasphèmes et des gémissements soutenus, le bruit d’un moteur que l’on démarre, suivi de celui d’un bateau qui arrive à toute vitesse ! Je n’en croyais pas mes yeux, le « rechargeur » de cartouche était penché sur sa main tandis que l’autre accostait l’embarcation sans ménagement en frappant les grosses roches entourant la descente de L’Île-Cadieux avec sa coque !! Un crissement de pneus et une accélération soutenue… J’appris le lendemain que le fusil du « rechargeur » lui avait littéralement sauté au visage lui arrachant deux doigts au passage ! Depuis ce temps, je ne recharge et n’utilise plus jamais de cartouches de 12 rechargées ou trop vielle ! Soyez prudent, la vie est trop courte pour prendre de tels risques.