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Comment s’y prend-on pour favoriser la croissance de la population de perchaude dans le lac Saint-Pierre ?

Le printemps 2022 marquait la reconduction pour cinq ans du moratoire sur la pêche sportive et commerciale de la perchaude au lac Saint-Pierre. La principale problématique affectant actuellement la perchaude est la trop faible abondance de spécimens matures. En effet, la population de poissons juvéniles n’est pas suffisante pour compenser la mortalité naturelle et pour assurer le renouvellement des stocks de perchaudes en âge de se reproduire.

Le groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC), a voulu mettre la main à la pâte pour améliorer l’habitat de la perchaude et donner une chance à la population de retourner à un niveau rassurant où la pêche pourrait être envisagée. Soutenu entre autres par les programmes de subventions de la fondation Héritage faune, GROBEC a mis en œuvre des dizaines de projets comme l’aménagement de seuils, le remplacement de ponceaux et la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Voyez comment ces travaux améliorent l’habitat d’une espèce en difficulté.

La fraie de la perchaude

D’abord, pour bien comprendre les actions posées par GROBEC, il faut connaître les besoins de la perchaude autour de la période de fraie. Au printemps, les géniteurs remontent les cours d’eau affluents du lac Saint-Pierre et du fleuve et pondent de longs chapelets d’œufs qui se fixent sur la végétation des marais par exemple. Les adultes redescendent rapidement vers le lac et le fleuve tandis que les alevins, les jeunes poissons sortis des oeufs, redescendront un peu plus tard dans l’été. Le principal obstacle à la dévalaison (descente de la rivière) est l’assèchement de certains segments du cours d’eau au fil de l’été. C’est principalement là qu’on peut intervenir, en facilitant le retour des alevins dans le lac Saint-Pierre.

Les œufs de perchaude pondus au printemps s’agglutinent en chapelets sur la végétation.

L’aménagement de seuils dans les affluents du lac Saint-Pierre

Dans certaines rivières sinueuses se déversant dans le fleuve, l’eau parvient à circuler d’un bassin à l’autre, mais les poissons n’y arrivent pas toujours à cause de débris entre les bassins par exemple. Sur la rivière Bécancour, la solution a été d’aménager des seuils, c’est-à-dire des structures retenant l’eau à des endroits stratégiques. Ces seuils sont constitués de roches, de gravier, de géotextile et de matières fines. Au total, 11 seuils ont été aménagés. Malheureusement, ils ne se sont pas avérés aussi efficaces qu’espérés, puisque plusieurs des seuils sont restés perméables par endroit, ce qui ne permet pas d’atteindre le niveau d’eau espéré à l’été.

Travaux d’aménagement d’un seuil permettant de retenir l’eau à des endroits stratégiques dans la rivière Bécancour.

Le remplacement de ponceaux défectueux

Lorsque le tuyau qui laisse passer l’eau sous un ponceau n’est pas bien assis au fond du lit de la rivière, il peut s’assécher au cours de l’été et empêcher les alevins de traverser le ponceau. C’est pourquoi GROBEC a remplacé huit ponceaux dans la rivière Godefroy. 

Exemple de ponceau remplacé dans la rivière Godefroy.

La lutte contre le roseau commun

Le roseau commun (phragmite) est une plante exotique envahissante qui prend tout l’espace lorsqu’elle s’installe quelque part. En luttant contre la prolifération de cette espèce autour d’un marais sur le territoire de Sainte-Angèle, GROBEC s’est assuré qu’une diversité de plantes puisse continuer de se développer. Rappelons que ces plantes ont un rôle important puisqu’elles servent de support aux œufs de perchaude lors de la fraie. En d’autres endroits, l’organisme a carrément végétalisé des sections qui ne comportaient aucuns végétaux pouvant accueillir les œufs.

Le roseau commun est recouvert pour couper son alimentation en lumière et arrêter sa croissance.

La correction de l’exutoire d’un marais

Au printemps, dans le village de Ste-Angèle, la perchaude passe facilement du fleuve au marais où la fraie se déroule en nageant simplement par-dessus la digue grâce au niveau d’eau assez haut. Cependant, le retour est plus compliqué, car une fois que l’eau a baissé, il ne reste que deux passages, appelés exutoires, pour retourner au fleuve. L’un des exutoires est naturel et l’autre est un ponceau. Comme le ponceau était endommagé, le marais ne se drainait pas de façon uniforme. Il a donc été corrigé pour être à la même profondeur que l’exutoire naturel et ainsi assurer la régulation du niveau d’eau du marais.

Aménagement d’un canal piscicole

Le long d’une rue de la municipalité de Bécancour, GROBEC a aménagé un fossé afin de créer un canal d’écoulement plus stable dans ce secteur. La problématique rencontrée sur ce site était la création de cuvettes lors du retrait des eaux au printemps, ce qui empêchait les alevins et autres poissons de retourner au fleuve. Le canal piscicole est ainsi venu créer une voie permettant à la faune de retourner au ruisseau adjacent au fossé routier. Les pentes ont été stabilisées et plusieurs arbustes ont été implantés (saules et cornouillers). De jeunes perchaudes ont été retrouvées dans le canal au printemps 2022.

Aménagement d’un canal piscicole en bordure d’une rue de la municipalité de Bécancour.

La suite

Les aménagements décrits ci-dessus sont une partie des travaux effectués par GROBEC au cours des dernières années. L’organisme prévoit encore d’autres aménagements dans un futur rapproché.  

Par ailleurs, Le Pôle d’expertise multidisciplinaire en gestion durable du littoral du lac Saint-Pierre procède également à plusieurs travaux de recherches visant entre autres à vérifier les impacts des activités agricoles sur l’écosystème. À la lumière des résultats, il sera intéressant de développer des projets d’aménagements ou d’utilisation durable des milieux agricoles situés dans la plaine inondable autour du lac Saint-Pierre.

Les incontournables partenaires

Les principaux partenaires financiers de ces projets sont le programme Interaction communautaire (PIC) financé par Environnement Canada, la Fondation de la Faune du Québec, la fondation Héritage Faune, la National Fish And Wildlife Fondation via le fond Save Our Great Lakes, la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB), les MRC et Villes concernées et le Conseil des Abénakis de Wôlinak.

Plusieurs autres partenaires ont aidé aux projets, dont la direction régionale du MFFP, le MELCC, le MAPAQ, l’UQTR, la Fédération des pêcheurs commerciaux d’eau douce du Québec, la ZIP Deux rives, la FédéCP et l’UPA.

Comment contribuer ?

En terminant, GROBEC livre ces recommandations aux pêcheurs et citoyens afin qu’ils contribuent au rétablissement de la perchaude :  

  • Il est très important de remettre à l’eau toute perchaude qui pourrait être capturée dans les secteurs ciblés par le moratoire.
  • Il est suggéré aux propriétaires en bordure des tronçons du fleuve Saint-Laurent ciblés et des cours d’eau environnants de conserver et de protéger les milieux naturels riverains afin de ne pas dégrader les habitats potentiels de reproduction.
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