FUSIL DE CHASSE
FUSIL DE CHASSE
Texte et photos :
François Lévesque
GAS OU INERTIE :
L'éternel débat
Lorsque vient le temps d’acquérir une nouvelle arme, le sauvaginier qui désire se procurer un modèle à mécanisme semi-automatique doit se livrer à un questionnement délicat : à inertie ou à emprunt des gaz? Si vous vous trouvez à ce carrefour, le présent article est pour vous.
Voyons d’abord comment fonctionnent ces armes
Le Beretta A400, une arme à système d’emprunt des gaz qui est offerte en plusieurs déclinaisons.
À emprunt des gaz
Une arme semi-automatique fonctionnant par emprunt des gaz mobilise son mécanisme au moyen des gaz produits par la combustion de la poudre contenue dans la munition lors de la mise à feu.
Les gaz alors produits propulsent la charge de billes vers la bouche du canon et des trous percés dans celui-ci dirigent les gaz contre un piston. Ce piston, sous la pression des gaz, pousse à son tour contre une tige ou dans certains cas un rail assujetti à la culasse, la propulsant par derrière afin d’éjecter la douille percutée hors du mécanisme. Généralement, un ressort situé dans la crosse repousse ensuite la culasse vers l’avant et un clapet replace la prochaine cartouche dans la chambre, vis-à-vis la tête de culasse.
Mécanisme d’un fusil semi-automatique utilisant un système par emprunt des gaz.
À inertie
Une arme semi-automatique fonctionnant par inertie mobilise son mécanisme au moyen du recul produit par la combustion de la poudre dans la munition lors de la mise à feu. Ces armes possèdent généralement une culasse à deux pièces à l’intérieur de laquelle est placé un ressort généralement de petit diamètre mais très résistant. Au moment de la mise à feu, le recul vient bloquer l’action et compresser le ressort dans la culasse. Alors que le mouvement de l’arme vers l’arrière ralenti, le ressort s’ouvre et ramène la culasse vers l’arrière, ce qui a pour effet d’éjecter la douille percutée. Généralement, un ressort situé dans la crosse repousse ensuite la culasse vers l’avant et un clapet replace la prochaine cartouche dans la chambre, vis-à-vis la tête de culasse, de la même manière que pour une arme à emprunt des gaz.
Mécanisme d’un fusil semi-automatique utilisant un système par inertie.
Le fusil Browning Auto Five, le classique des classiques en matière de système à inertie.
Les fusils utilisant le système par emprunt des gaz possèdent un recul plus modéré ce qui les rend plus agréables à utiliser lorsqu’on utilise de lourdes charges ou que l’on doit tirer un grand nombre de coups à répétition.
Le recul des armes à emprunt des gaz
Les armes à mécanisme d’emprunt des gaz ont généralement un recul plus doux que les armes à inertie. Cette différence est due à plusieurs facteurs, notamment le nombre de pièces mobiles impliquées. En effet, le piston de même que la culasse et les tiges diminuent le recul lorsque ces pièces mobiles tombent au neutre pour ainsi dire avant la mise en chambre de la munition suivante vers la fin du premier cycle. Le résultat est un recul divisé plutôt qu’en bloc. Une taloche plus qu’un coup de pied, si vous me permettez l’expression.
Ce recul amoindri fera donc de ce type d’arme un choix naturel pour l’amateur de grosses charges à dindon, pour le migrateur de fin de saison ou encore simplement si vous désirez aller souvent au club de tir faire du pigeon d’argile et ce, en raison de son plus faible recul.
Je possède plusieurs armes à mécanisme à emprunt des gaz et je ne sens pas ou presque pas les charges pour tir à la cible ou petit gibier. Certaines armes dotées de ce mécanisme digèrent cependant moins bien les petites charges.
Son faible recul en fait aussi une arme de choix pour initier un ami ou encore un ou une jeune, l’élève se concentrant sur la cible plutôt que sur son menton et ses lunettes.
Entretien des armes à système d’emprunt des gaz
Le côté négatif du mécanisme à emprunt des gaz : le nettoyage et le froid. Le nettoyage des armes à emprunt des gaz est généralement plus compliqué que celui à inertie vu le nombre plus important de pièces et oui, il faut le nettoyer plus souvent.
Le passage des gaz dans le mécanisme de l’arme amène inévitablement des résidus de poudre un peu partout, du groupe gâchette à la tige de percussion en passant par le piston et les ports d’éjection. Vous pouvez tirer plusieurs centaines de cartouches sans nettoyer et sans anicroche avec certaines armes et seulement quelques boîtes avec d’autres, dépendant de la qualité de finition et de la configuration des ports d’éjection.
Cependant, même si vous possédez un exemplaire capable de tirer sans aucun entretien pendant des années, n’en faites rien : le cambouis aura tôt fait de s’accumuler et durcir au point de rendre l’arme inutilisable sans une correction par un armurier qualifié.
Par ailleurs, il semble que les armes à système d’emprunt des gaz soient plus sensibles au froid que celles à inertie. Sans être un spécialiste en la matière, j’ai effectué plusieurs tests par des temps très froid et j’ai pu constater que les mécanismes à emprunt des gaz perdaient la partie assez vite contre les armes à inertie par moins trente degrés Celsius. Même lors de températures plus clémentes (moins 5°C), les armes à emprunt des gaz s’enrayaient parfois au moment de l’utilisation de charges pour du tir à la cible. Il faut donc privilégier des charges plus conséquentes lors de l’utilisation de telles armes par temps froid.
Le recul des armes à inertie
Le recul des armes à inertie est généralement plus important que celui des armes à emprunt des gaz. Lors de tests effectués sur plusieurs comparables (A5 de Browning, Stoeger M3500, Benelli SBE3 et A5 de 1960), le M3500 de Stoeger, bien qu’il fut le plus lourd, avait le recul le plus puissant. L’autre aspect négatif des armes à inertie, c’est la possibilité d’un mauvais épaulement. L’arme, nous l’avons vu plus haut, utilise le recul pour éjecter la douille et se réarmer.
Le Benelli Super Black Eagle 3, une référence en matière de fusil à inertie.
Il suffit donc que la plaque de couche soit mal appuyée pour que l’éjection ou le réarmement ne se fasse pas correctement, le mécanisme manquant d’appui pour se réarmer ou éjecter. Pensez à un manteau très épais et molletonneux ou encore à une position de tir gênante comme par exemple dans une cache tombeau et vous pouvez avoir un enrayage.
Ceci étant dit, les armes à inertie ont plusieurs avantages : fonctionnement sans faille par temps froid, peu d’entretien et elles fonctionnent même lorsque très sales.
De plus, les armes à inertie n’ont pas de piston comme les armes à emprunt des gaz. Cette différence fait en sorte que le fût de l’arme est généralement moins gros sur une arme à inertie car l’ensemble ports-pistons est logé dans le fût sur une arme à emprunt des gaz. Vous avez donc en main un fût plus imposant sur une arme à emprunt des gaz, ce qui peut rendre certains chasseurs inconfortables avec la prise en main. Une arme plus fine est aussi généralement plus facile à manier.
Elles sont aussi plus faciles à entretenir vu le nombre plus restreint de pièces exposées aux résidus de poudre : pas de piston, pas de ports d’éjection et surtout un système à contact direct.
Lequel choisir?
Si vous êtes débutant ou encore du genre à tirer des caisses de cartouches pendant la saison morte ou si vous affectionnez les grosses charges à dindon ou à migrateur, le système à emprunt des gaz est pour vous. Son recul amoindri fera en sorte que vous n’aurez pas de problème à passer un avant midi complet dans la cache ou au club tout en maintenant une bonne cadence de tir. N’oubliez pas cependant : être habitué à nettoyer ses possessions est un must vu le besoin d’entretien de ces armes.
Votre dada est plutôt le canard de mer, les marais boueux et vous êtes un fanatique de chasse hivernale tout en étant négligent sur l’entretien? Le mécanisme à inertie est ce qu’il vous faut.
Conclusion
Que l’on penche du côté des armes à inertie ou à emprunt des gaz, une chose devrait être claire pour tous les amateurs de sauvagine : bien connaître nos préférences de même que les chasses que nous pratiquons dans une saison vous aidera à faire le bon choix!
Bonne saison!
L’auteur posant derrière un beau tableau de chasse réalisé par lui et ses amis.