CHRONIQUE

100% TROPHÉES

Martin Marceau pose fièrement près de son trophée d’une vie naturalisé.

Par ANDRÉ BEAUDRY*
L’auteur est mesureur officiel pour B&C, P&Y, NBBC et Trophée Québec

Martin Marceau pose fièrement près de son trophée d’une vie naturalisé.

*Propos recueillis de Martin Marceau

Je détestais la chasse…

Étant co-propriétaire d’une compagnie dans le domaine de réparation de toitures depuis plus de 20 ans, il m’est arrivé assez souvent d’avoir ma part de conflits avec les horaires de travail de mes employés. C’est toujours stressant d’avoir à soumissionner sur un contrat tout en pensant que l’on aura peut-être pas les employés nécessaires pour faire la job. Mais quand venait le temps de la chasse que ce soit à l’orignal ou au chevreuil, je détestais quand un de mes employés entrait dans mon bureau pour m’expliquer qu’il ne serait pas disponible la semaine suivante car il partait pour la chasse. Mon niveau de stress augmentait car il fallait réorganiser mes contrats en fonction des effectifs qu’il me restait.

Je ne comprenais pas que quelqu’un puisse me laisser tomber et perdre une ou deux semaines de salaire pour aller se « faire geler le cul » dans le bois. Comprenez- moi bien, je n’avais rien contre les chasseurs mais bien contre la chasse en général.

Puis arriva la Covid et les contrats se firent de plus en plus rares tellement qu’à l’automne 2021 je me retrouvais avec beaucoup plus de temps disponible qu’en temps normal. Mon père m’invita alors à aller à la chasse à l’orignal. Je me suis dit pourquoi pas aller relaxer en forêt, les vacances et le plein air alors je lui ai dit oui. J’ai adoré l’expérience et un mois plus tard je suis allé à la chasse au chevreuil pour la première fois de ma vie. Je me suis acheté une arbalète et une tente démontable. Installer ma tente était digne d’un film comique, j’ai pris plus de trente minutes à monter ma tente et je suis sûr que si des chevreuils me regardaient, ils devaient être pliés en deux et se dire qu’il n’y avait pas de danger pour eux avec ce chasseur inexpérimenté.

Ma première expérience seul dans ma tente à regarder et écouter les oiseaux, les écureuils et voir quelques femelles m’ont fait apprécier la nature au plus haut point. Jamais de ma vie je n’avais déstressé autant, j’ai capoté et même si je n’ai pas vu de buck j’avais la piqûre, et je me suis dit que je serais beaucoup mieux préparé l’année suivante. Durant l’hiver j’avais décidé de m’éduquer en achetant des livres et magazines sur la chasse et aussi parler et échanger avec des chasseurs afin d’acquérir le plus d’expériences possibles.

La préparation de la chasse au chevreuil 2022 avait débuté au printemps avec la fabrication d’une saline et d’un site nourricier que j’entretenais régulièrement. Dans notre zone (15), nous avons droit à 6 jours pour arc et arbalète et 3 autres jours pour le fusil ou l’arme à chargement par la bouche. Les premiers 6 jours soit à l’arbalète se sont déroulés avec la présence régulière de plusieurs femelles et quelques petits bucks. À partir du vendredi, soit le premier jour auquel j’avais droit au fusil, j’avais décidé de chasser avec mon fusil et mon arbalète. Le lendemain matin, soit le samedi 12 novembre vers 6 h 32, mon beau gros buck sortait du bois et s’approchait tranquillement de mon site d’appâtage. Ce matin-là, j’avais le choix entre mon fusil calibre 20 qui était à ma droite et mon arbalète qui était à ma gauche. Après avoir regardé les deux, j’ai décidé d’opter pour mon arbalète, je me sentais plus à l’aise. J’ai pris ma décision assez rapidement et je me suis placé en position de tir. Mais je n’étais pas à l’aise à mon goût, alors je me suis replacé comme il faut et pris conscience de mon tir. J’ai regardé à nouveau, je me suis mis l’œil dans la lentille puis j’ai enlevé ma barrure. Le tir fut direct au cœur à plus ou moins 65 pieds de moi. Après j’étais trop excité et surtout fou raide… Ce fut très difficile et très long de rester dans ma cache pour plus ou moins 30 minutes avant de partir à sa rencontre. Après le fameux 30 minutes, je suis allé voir à l’endroit où je l’avais tiré et j’ai constaté qu’il y avait du sang et du poil. Je suis donc parti sur sa piste pour faire entre 200 à 300 pieds maximum avant de le retrouver bien allongé et immobile. Là je peux vous dire que je capotais « bin raide » et j’étais fou comme un balai.

Voyant la réaction que le boucher et même le taxidermiste avaient devant l’ampleur du panache je m’apercevais bien que j’avais récolté quelque chose de spécial, ils m’ont conseillé de faire mesurer les bois de ce cerf hors norme. Après les 60 jours de séchage requis, j’ai contacté André Beaudry mesureur officiel pour Boone & Crockett au Québec. Après la séance de mesurage officiel, mon buck a obtenu un score brut de 169 2/8 et un score net de 165 2/8. André m’a dit que j’avais récolté le plus gros cerf typique au Québec pour l’année 2022. Mon buck est maintenant reconnu par Trophée-Québec, le Northeast Big Buck Club et aussi le prestigieux Boone & Crockett Club. Je savais que j’avais récolté un gros buck mais pour un premier cerf à vie, je crois que j’ai mis la barre très haute pour les années à venir. Étant un homme de défi, je vous dis à l’année prochaine.

Je tiens à remercier mes partenaires d’affaires pour leur compréhension car à l’avenir je ne serai plus disponible à travailler durant le temps de la chasse et c’est non négociable… 

Martin (Big Buck) Marceau ex anti-chasse!

Saviez-vous que?

Durant l’année 1995 Wesley Call a du se faire retirer l’œil droit (son œil dominant) atteint d’une tumeur cancéreuse… L’opération a eu lieu 3 semaines avant la chasse. Ne se laissant pas décourager, Wesley alla consulter un armurier pour faire installer un télescope sur le côté de sa carabine, car son arme éjectait les balles par le dessus (arme de + de 90 ans) .

Malgré les recommandations des médecins, Wesley qui avait le goût de chasser, devança sa convalescence pour aller pratiquer son sport favori avec son beau-frère Maurice. Durant la première semaine, Wesley tenta de tirer un chevreuil mais le manqua… Je pensais que je pourrais plus tirer à cause de mon œil, dit-il… Mais avec les encouragements de son beau-frère Maurice, Wesley retourna chasser la semaine suivante. Il vit une femelle sortir dans la prairie à la course… Et quelque instant plus tard, au travers des broussailles, il vit apparaître un panache qu’il croyait être un orignal.

Mais à sa grande stupéfaction, ce panache pour le moins unique, était porté par un chevreuil… Il s’épaula et fit feu, la bête s’écroula sur le coup… Ce magnifique mâle arborait 21 pointes et avait une envergure de 33 4/8 de largueur.

Mâle chevreuil au panache exceptionnellement large (33 4/8 po) récolté par Wesley Call en 1995.

Vous avez des questions concernant le mesurage de trophées (orignal, chevreuil, ours, caribou)?
Écrivez-moi à : beaudrybuck@hotmail.com et je me ferai un plaisir d’y répondre dans une prochaine édition.

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