CHRONIQUE

100% PASSIONNÉE


Par
Marylin Soucy

Le printemps

aux 1001 travaux

Comme vous le savez peut-être déjà, je suis une grande amatrice de trappage. J’adore le fait de devoir déjouer l’animal mais, je trouve aussi qu’il est très important de valoriser chaque prise que nous faisons. Ce que j’aime plus particulièrement du trappage, c’est que cette pratique se prolonge tout au long de l’année. L’automne et l’hiver c’est le temps des récoltes et du dépiautage. L’été, c’est parfait pour le traitement des pièges mais le printemps ne laisse pas sa place lui non plus. C’est une période très importante. Le temps des récoltes est terminé mais, il y a beaucoup de travail à faire. Il n’y a pas de meilleurs moments pour aller sur le terrain qu’au printemps. Il y a plein de feuilles mortes au sol, parfois, il y a un peu de neige encore, les bourgeons des arbres commencent à se dévoiler mais en tant que tel, le terrain ressemble exactement à ce qu’il va avoir l’air à l’ouverture de votre saison de piégeage. Chaque trappeur ou trappeuse, aura ses trucs ou sa recette mais selon moi, une bonne saison de piégeage commence non seulement par une prospection assidue après la saison hivernale mais aussi par certains petits travaux essentiels. Voilà deux éléments qui vont vous aider dans votre saison de trappe. Je vous expliquerai ici quelques travaux à faire au printemps et d’autres petits conseils pour vous aider dans votre future saison de piégeage.

Le printemps est une excellente période pour aller préparer le terrain en vue de la saison automnale de trappage.

Si c’est votre première saison à cet endroit, vous pouvez utiliser Google Maps ou un programme en vue satellite afin de faciliter votre prospection. Du haut des airs c’est bien plus simple de repérer les « hot Spot ». Je parle ici de certains emplacements que les animaux utiliseront pour circuler d’une zone à l’autre. Fossés, bord de ruisseau, coin de champ, etc. C’est plus simple aussi pour repérer les différents types de milieux que vous avez sur votre terrain. Cela vous permettra de déterminer le genre d’espèces que vous risquez d’y retrouver. Vous allez sauver beaucoup de temps et bien des efforts. Vous pouvez en même temps, définir vos chemins d’accès et établir une stratégie plus précise.

Lorsque vous explorez un nouveau territoire, l’auteure suggère d’utiliser Google Earth qui vous permet d’avoir une vue d’ensemble aérienne du secteur.

C’est certain qu’il est très aidant d’avoir de l’équipement mais j’ai longtemps fait mes saisons à pied et en raquettes et cela fonctionne très bien. Je dirais même que je remarquais souvent plus de détails en y allant tranquillement à pied, car en VTT ou en motoneige, nous sommes moins attentifs aux détails. Au fil des années, on apprend aussi à déterminer rapidement quels secteurs seront propices à des captures et quels autres ne valent pas la peine de mettre d’efforts. Ce que je cherche en premier lieu sur le terrain, ce sont les passes naturelles. Ce sont de petits sentiers par lesquels les coyotes et les renards circulent déjà et où ils sont à l’aise. C’est bien connu que les canidés se sentent en sécurité en circulant dans des endroits restreints donc c’est ce genre d’endroit que vous devez chercher. L’animal y aura circulé plusieurs fois et n’y verra que du feu lorsqu’un collet sera tendu. Lorsque je repère un tel emplacement, soit j’installe directement une broche sans collet pour sauver du temps lors de l’installation à l’automne ou bien je me mets un petit ruban orange pour retrouver facilement le sentier quand viendra le temps d’installer les pièges. Lorsqu’on prend le temps de se pencher à la hauteur d’un coyote notre champ de vision est bien différent et il nous est possible de visualiser parfois de long couloir de circulation. Ses endroits sont parfaits pour tendre plusieurs collets et un coyote sera toujours moins nerveux dans une passe que lorsqu’il doit venir aux appâts.

RICHARD MONFETTE

Lorsque l’auteure découvre un endroit propice pour installer un collet elle installera souvent un petit ruban orange qui lui permettra de retrouver facilement le site une fois la saison de trappe arrivée.

J’évite cependant de tendre dans une érablière car c’est trop clair, il n’y a pas assez d’arbre et il y a un fort taux de passage de cervidés. J’aurais trop d’aménagements à faire, en revanche le pourtour de ce genre de milieu est excellent. Je prends le temps de marcher des bords de champ, je regarde les traces et en les suivant, surprise! On découvre de belles passes pour s’installer.

 

S’il n’y a aucun endroit naturellement fermé et que je dois modifier mon environnement c’est toujours au printemps que je vais le faire. Je vais aller bloquer certains endroits stratégiques en aménageant de petites murailles avec les branches aux alentours. Cela va les forcer à circuler vers les endroits où j’ai l’intention d’installer un collet dans le futur. Je créé alors un effet d’entonnoir vers mes regroupements de collets. Ce qui est important de retenir c’est qu’on doit refermer un peu et les diriger vers mais sans toutefois trop fermer car cela rendra l’animal nerveux et il sera porté à contourner au lieu de vouloir y passer. Profitez-en pour faire le tour de vos anciennes installations et changer ou desserrer vos broches si vous les laissez en forêt toute l’année. De plus, il n’y a rien à craindre pour la contamination de votre site car oui, en allant faire vos aménagements vous laisserez vos odeurs mais elles auront 6 mois pour s’effacer par la suite. Si on fait nos changements trop à la dernière minute, on risque de rendre l’animal nerveux et il peut éviter le secteur pendant un bon moment. Lorsqu’on installe beaucoup de collets, chaque seconde qu’on peut sauver ici et là, ça parait énormément à la fin d’une « run ». J’essaie donc d’avoir le moins de modifications possible à faire. Une fois vos installations prêtes et à votre goût, elles seront bonnes pour plusieurs années.

MARILYN SOUCY

Le printemps est une bonne période pour découvrir des indices de présence de certains animaux à fourrures.

Comme je trappe plusieurs espèces en même temps, j’en profite aussi pour changer certaines boites à pièges d’endroits ou bien les remplacer si elles doivent l’être. Quand j’installe, je pars déjà sur le terrain avec beaucoup de matériel donc c’est bien qu’elles soient déjà prêtes, beaucoup moins difficile que de tout traîner d’un coup. Le printemps est aussi une haute période d’activité pour le castor, c’est souvent à ce moment que plusieurs se rendront compte de leur présence. Vous pourrez donc déjà prévoir votre prochaine saison ou bien agir si nécessaire en obtenant un permis SEG (permis spécial délivré par le Ministère pour la capture des animaux sauvages à des fins scientifiques, éducatives ou de gestion de la faune) auprès de votre municipalité.

J’espère que tous ces petits conseils vous aideront dans votre prochaine saison de trappe et je vous souhaite de bons travaux !!

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