PERCHAUDE D'HIVER

Texte et photosPASCAL BLAIS

Un leurre indispensable dans votre coffre!
Lorsque l’eau d’un lac se solidifie et se change en un immense plancher de glace, mon cerveau se met immédiatement à traquer la perchaude. Ce petit poisson rayé qui possède une chair des plus succulentes me fait revenir en enfance. Mais attention, la perchaude n’est pas toujours facile à monter sur la glace. Comme avec d’autres espèces, il faut le bon secteur et surtout le leurre adéquat pour la faire réagir…
À la base, je n’étais pas un fervent de la pêche à la perchaude. Je suis plutôt de ceux qui aiment les bons combats et les poissons plus imposants. Or, c’est après quelques sorties avec des amis qui connaissent le tabac comme on dit que je me suis mis moi aussi à avoir la piqûre pour ce percidé. Il faut dire que mes amis pêcheurs avaient déjà une très bonne expérience ce qui m’a permis de débuter sur de très bonnes bases. Par la suite, j’ai continué à faire mes essais et mes erreurs pour améliorer le type de pêche que je voulais faire. Or, à pêcher divers plans d’eau et ce dans diverses conditions hivernales, un leurre m’a très souvent pour ne pas écrire presque toujours permis de prendre ces petits poissons tigrés : les larves plombées. Si vous visez la perchaude sur une base régulière, je crois sincèrement qu’il vous faut un arsenal complet de ces petites bestioles. Laissez-moi vous les présenter.
Le leurre
L’offrande que je vous dévoile dans cet article ressemble beaucoup à un asticot. Bref, ce leurre se veut évidemment petit ou très petit selon la taille choisie. Sa composition est faite en général selon les fabricants : d’un hameçon (numéro 6 à 18 ou même 20) sur lequel on y coule un corps de plomb sur la hampe de l’hameçon. De là, sa taille est proportionnelle à son poids. Il peut varier de 1/8 d’once à 1/72 d’once. Du côté de sa forme, elle peut être élancée ou encore plus trapue. C’est une question de goût… du moins pour le poisson. Dois-je le mentionner, c’est lui qui décide ce qu’il veut attaquer. Certaines journées, ce sont les modèles plus allongés qui ont la cote, tandis que d’autres, les versions plus costaudes vont débloquer plus de mâchoire. Comme finition, ces larves plombées sont généralement peinturées. Comme vous vous doutez bien, plusieurs coloris sont offerts selon les fabricants. C’est un choix bien personnel, mais j’aime bien pêcher avec des modèles possédant de l’orange ou encore celle tigrée qui imite une petite perchaude. Et pour ceux qui se posent la question : oui la perchaude est cannibale, surtout les gros sujets.

Ces leurres qu’on appelle parfois « bibittes » et qui imitent un genre de petit asticot sont très efficaces pour déjouer Dame perchaude et particulièrement lorsqu’on y ajoute un petit bout de ver.
Certains modèles de larves comme la Bug Ice sont plus avancés techniquement dans leur conception. Le fabricant utilise du tungstène. Comme ce métal est plus dense que le plomb, le pêcheur peur pêcher avec des leurres plus petits, pour un même poids sur la balance. De plus, le corps de la Bug Ice est plus souple que le plomb. Ainsi, la perchaude qui la met en gueule va fort probablement la maintenir plus longtemps laissant le temps au pêcheur de bien ferrer.
Plusieurs compagnies fabriquent ce genre de leurre. On peut penser à Mme Jigger, Bug Ice, Mud Bug, Rapala Tear Drop et Waxy jig et j’en oublie certainement d’autres. Et comme dans bien des produits, plus le prix du leurre est élevé, meilleure est la qualité. Au fil du temps, les larves plombées bon marché peuvent perdre leur peinture. La qualité de l’hameçon est également importante pour le ferrage tout comme l’espace entre la pointe de l’hameçon et le corps plombé du leurre. Il s’agit selon moi d’un des points les plus importants pour choisir les larves plombées puisqu’on doit avoir de l’espace pour y ajouter un morceau d’appât. Et plus l’espace sera grande plus il sera facile de le faire car dois-je le mentionner notre dextérité n’est pas la même au froid que dans la maison à la chaleur.
Un dernier point très intéressant de ce leurre est son prix. En effet, ces petites larves se vendent à des prix très raisonnables variant de 2,99$ à 9,99$ selon la qualité et le nombre de leurres dans l’emballage.
Où
Avant de vous décrire comment je travaille ce leurre, analysons ensemble où j’aime me positionner sur un plan d’eau pour pêcher la perchaude. Bien sûr, il y a des nuances d’un lac à l’autre. Mais règle générale, j’aime bien pêcher entre 15 et 35 pieds de profondeur lorsque je m’attaque à un lac. Je suppose grandement que la luminosité du moment (soleil, nuage ou neige intense) influence la profondeur à laquelle la perchaude évolue. Même si la perchaude n’est pas considérée comme un poisson lucifuge comme le doré, plus la luminosité est intense et plus la perchaude semble se terrer en profondeur. Le contraire est aussi valable. Le secteur que j’aime le plus pêcher la perchaude consiste en un talus qui se situe près d’une fosse assez profonde. Selon les types de lac, ce talus peut se trouver près d’une fosse à 60 pieds. Parfois cette fosse peut avoir 180 pieds de profond. Et je n’en ai aucune idée pourquoi, mais il n’est pas rare que le talus qui donne sur la fosse la plus profonde du lac soit productif. L’idéal selon moi est de découvrir une pente qui débute à 10 ou 15 pieds et qui plonge jusqu’à 35-45 pieds. En haut ou en bas de cette pente, la présence d’un plateau augmente l’attrait du secteur pour les perchaudes.
Concernant la composition du fond, je dois avouer que je n’ai pas vraiment remarqué de constance à ce sujet. Parfois, c’est un fond très mou qui va attirer les perchaudes. D’autres fois, elles vont préférer les secteurs sans roches, mais quand même durs, qui se trouvent près des îlots de roches plus hauts sur le talus. Est-ce que pêcher dans les roches est une bonne idée? Honnêtement, je n’ai jamais fait de miracle en pêchant directement dans les zones rocheuses. Près oui! Mais dedans : pas vraiment.
Les valeurs ajoutées
- Sonar
- Appâts (ver de terre ou asticots)
- Être mobile
Technique de pêche
Une fois ma structure repérée, je vais percer des trous à diverses profondeurs et tout en suivant le plus possible la pente sous-marine. Je ne sors pas ma canne à pêche tant que je n’ai pas une vingtaine de trous de faits. Ensuite et seulement ensuite je vais préparer ma canne. Plus précisément, cette étape consiste à attacher la larve plombée au fil à pêche, si ce n’est pas déjà fait et d’ajouter un appât naturel à ce leurre. Mes choix se portent vers un asticot ou un ver de terre. Je sais que les asticots ne sont pas toujours faciles à trouver, mais ils sont redoutables. Dans le cas, d’un asticot, je l’enfile au complet sur mon leurre. Or, si je choisis un ver de terre, je n’ajoute qu’une petite section de celui-ci sur l’hameçon. Au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il ne faut pas dépasser ¾ de pouce sinon le taux de capture diminue. J’aime mieux pêcher avec une section de ½ et même ¼ de pouce sans que le ver dépasse trop l’hameçon. Pourquoi travailler avec de si petits appâts? Il y a deux raisons. La première, un appât trop gros ou trop long peut se faire mordiller sans que le pêcheur puisse ferrer efficacement. On ne veut pas ça… La deuxième raison est que l’appât ne sert uniquement qu’à ajouter de l’odeur au leurre artificiel. Aussi petit il est, l’odorat des perchaudes sera en mesure de capter cette odeur attrayante pour elles. Rappelons que certains scientifiques ont comparé l’odorat des poissons à celui des chiens. Il se veut donc très puissant. Je l’ai remarqué à d’innombrables reprises que le petit appât faisait une énorme différence. Je ne compte plus les fois où une perchaude bien visible sur mon sonar ne voulait pas se décider à prendre le leurre dans sa gueule. Très souvent, c’est que l’appât s’était détaché de mon leurre (souvent à la suite d’une morsure quelque temps auparavant) et qu’il manque cette odeur. Quand j’ai un doute, je remonte mon leurre pour faire une vérification et s’il n’y a plus d’appât et que j’en remets un, je reçois une attaque très rapidement dans plus de 60% des cas et ce probablement du même poisson qui reluquait mon leurre dans les secondes précédentes. La fraicheur de l’appât a également une influence. J’aime bien le changer à tous les 30 minutes de pêche. Plus il est frais et plus l’odeur émise est intense et productive. Il faut garder en tête ce dernier petit détail important pour déjouer le maximum de poissons qu’on peut voir au sonar.

Les asticots sont des appâts redoutables que l’on peut ajouter à notre petite larve lestée pour rendre le leurre plus efficace
Je l’ai mentionné précédemment, j’utilise un sonar avec le mode « flasher » pour pêcher la perchaude. Selon moi, cet outil est presque indispensable. Je comprends que cet instrument n’est pas donné, mais il augmente de manière considérable votre succès de pêche car vous allez voir en temps réel comment votre poisson réagit face aux mouvements que vous donnez au leurre. Vous avez déjà un sonar portatif ? Passez en boutique avec votre appareil, surtout s’il est récent. Pour plusieurs modèles de sonar, on peut se procurer une sonde spécifique pour la pêche blanche sans avoir à s’acheter une seconde unité. Pour 200$, on peut ainsi élever considérablement notre niveau de pêche.

Le sonar est un outil extrêmement efficace pour repérer et capturer la perchaude sous la glace.
Une fois sous la glace
La sonde du sonar est à l’eau et le leurre descend tranquillement dans la colonne d’eau. Qu’est-ce qu’on fait ensuite? Comme la perchaude est un poisson qui aime évoluer près du fond (7 pieds et moins du fond), je vais donc placer mon leurre à cette profondeur payante. Il vaut mieux faire nager son leurre à 7 pieds au-dessus du fond qu’à 1 pied au-dessus du fond. Comme plusieurs espèces de poisson, la perchaude aime bien attaquer par le dessous. Elle voit également mieux vers le haut que vers le bas. Ainsi, le pêcheur se donne une chance d’être à la vue (vers le haut) d’une perchaude qui nage près du fond. Ensuite, je vais faire sautiller mon leurre rapidement et avec une faible amplitude (moins de 1 pouce de haut en bas). Je fais aussi à l’occasion des pauses d’environ 30 secondes et je recommence à faire sautiller mon leurre pendant quelques secondes. Je vais effectuer ce rituel pendant environ 5 minutes au total. Si rien ne se passe, je vais aller cogner à la porte… Quelle porte? Celle du fond du lac. Pour être plus clair, je vais descendre mon leurre jusqu’au fond, je vais le faire entrer en contact à quelques reprises avec le fond et je vais remonter à 6-7 pieds pour demeurer bien à la vue des percidés. Le son du leurre qui cogne au fond sera perçu de loin et peut attirer les perchaudes curieuses. Si je ne vois pas de poisson arriver dans les 5 minutes qui suivent, je vais changer de trou sans perdre de temps. J’aime être proactif et chercher des poissons au lieu de les attendre…
Un poisson surgit…
Là, ça devient très intéressant. Notre leurre est à six pieds au-dessus du fond et un poisson est attiré vers lui. Pas de panique. Il faut seulement faire les bonnes actions selon ses réactions. Règles générales, si le poisson approche vers le leurre, il croit que c’est une proie potentielle. Et pour ajouter encore plus de réalisme, la proie doit se sauver pour simuler une proie véritable qui a peur. Indéniablement, il s’agit d’une loi de la nature et si vous reproduisez cette logique, vous aurez beaucoup de chance d’accrocher ce poisson. Ainsi, le pêcheur va mouliner (faire monter le leurre vers la surface) pour simuler une fuite de la proie qui se trouve à être ici le leurre. Il faut toutefois y aller en douceur. En hiver, les poissons sont rarement très rapides. La vitesse à laquelle la perchaude approche vous dicte la vitesse à laquelle faire monter le leurre. Bref, le pêcheur doit calibrer la vitesse de montée du leurre afin que la perchaude gagne du terrain et sente qu’elle va se mettre une proie dans la gueule. Mais ce n’est pas aussi facile à réaliser que ça en a l’air. Il faut savoir que certains poissons se découragent facilement. Vous allez devoir recommencer à quelques reprises pour la capturer. D’autres fois, la perchaude sera carrément folle et foncera à toute allure vers le leurre pour le « ramasser solide » sans même que le pêcheur ait le temps de penser. C’est souvent du cas par cas. De plus, certaines journées les perchaudes sont plus lentes et d’autres plus rapides et moins sélectives. Dans des cas extrêmes et rares, j’ai même constaté que le mouvement aussi petit soit-il faisait reculer les perchaudes. Le seul moyen de les prendre était de laisser le leurre inerte. Alors faites vos tests et adaptez-vous. C’est important.
Se souvenir…
Dès qu’on attire une perchaude, il est important de se souvenir du mouvement que l’on a inculqué au leurre. C’est une carte d’atout qu’on pourra sortir si la situation se corse. Par exemple, si c’est un sautillement rapide de haut en bas qui a fait « allumer » notre poisson, il se peut que le pêcheur doive reproduire à nouveau ce mouvement si le poisson se met à se désintéresser du leurre lors de la remontée et se sauve pour une raison X. On peut ainsi le ramener près du leurre et même le faire mordre. Il faut en tout temps être attentif à nos mouvements du leurre sur l’écran du sonar et analyser comment le poisson réagit. Le contraire est aussi valable. Si on arrête de bouger le leurre et la perchaude perd totalement l’intérêt, le pêcheur doit rapidement en déduire qu’il ne faut plus répéter cette motion-là, du moins avec ce poisson car ça ne lui plait pas du tout.

L’auteur avec 2 belles « palettes » qui feront définitivement un excellent repas.
À ne jamais faire….
Au fil des années que je pêche la perchaude, je me suis aperçu qu’il y avait un mouvement que ces poissons n’aimaient pas du tout. Un mouvement qu’il faut éviter à tout prix en tant que pêcheur et qui n’est pas du tout réel dans le monde sous-marin. Je l’ai surnommé : l’affrontement. On doit se souvenir que notre larve plombée est une proie pour la perchaude. Et si jamais les mouvements de nage de la proie sont trop agressifs comme pourrait le faire un prédateur, la perchaude va prendre la poudre d’escampette. En somme, lorsqu’on voit une perchaude à l’écran il ne faut jamais que le leurre se rapproche rapidement du poisson (vers le haut, mais surtout vers le bas). La larve doit demeurer une proie et non un prédateur. Oui, si on voit un poisson plus bas que notre leurre, on peut le descendre pour aller le rejoindre si la perchaude n’a pas d’intérêt. Mais cela doit se faire tranquillement sinon vous allez faire peur au poisson. Il ne faut pas l’agresser…
Ce scénario d’agresseur se fait parfois malgré nous. Comme la sonde du sonar est souvent mise à l’eau avant le leurre, on peut voir un poisson dès qu’on se prépare à pêcher un nouveau trou. Le danger est de vouloir descendre le leurre le plus vite possible pour éviter que le poisson se sauve ailleurs… Erreur. On doit prendre le temps dans ce genre de scénario. Souvent, si la perchaude est en mode chasse, elle va monter pour aller rejoindre le leurre qui descend lentement. Dès que le pêcheur voit que la perchaude a un intérêt et progresse vers le haut, il doit cesser de faire descendre son leurre. Rappelez-vous, il doit agir comme une proie, sinon le poisson va se sentir agressé. Avez-vous déjà vu une proie foncer vers un prédateur? Et si le poisson continue à être intéressé et monter ver le leurre, je vais même mouliner un peu et lentement vers le haut. Ce genre de mouvement ajoute au fait que la proie (leurre) a bien vu le prédateur et se sauve tranquillement.
Équipement
Comme on pêche des petits poissons et que les leurres sont minuscules, il est très important de s’exécuter avec le bon équipement si on veut avoir du plaisir lors du combat, mais aussi être en mesure de détecter les touches. En hiver, les poissons et j’y inclus la perchaude sont moins vigoureux qu’en été. La manière dont ils mordent peut parfois être déroutante. Il m’arrive à quelques reprises durant l’hiver de ferrer des perchaudes que je n’ai pas senti mordre avec ma canne. En effet, quand je me doute que la perchaude ait mon leurre dans sa gueule car les échos que me projettent mon sonar m’indiquent que le leurre et le poisson sont très près l’un de l’autre. Je prends alors une chance de ferrer et à ma grande surprise, le poisson est accroché à mon leurre. Malgré un équipement très léger, il m’arrive de ne pas sentir les touches. Imaginez, si je pêchais avec un équipement plus lourd! L’équipement se veut donc pour ce genre de pêche, très intiment lié au succès.
Concernant le fil à pêche, j’ai choisi un brin qui me permet d’avoir une sensibilité maximale soit un fil tressé. Un fil fusionné pourrait également faire un très bon travail. Il se doit d’être de petit diamètre afin que le leurre très léger bouge bien sous l’eau. Et notre fil ne doit surtout pas « absorber » l’eau. C’est tout le contraire qu’on veut car une fois dans la bobine du moulinet à l’air très froide, le fil gèlera dans un pain. Horreur garantie! Quant à elle, la section de fluorocarbone aide à ce que la présentation soit la plus parfaite possible. On ne voudrait surtout pas que le poisson voit notre fil. Rappelons que c’est durant l’hiver que les eaux sont les plus limpides de l’année puisque le vent ne crée pas de brassage des eaux. Les particules légères qui brouillent l’eau se déposent et restent au fond des lacs laissant ainsi toute la latitude aux poissons pour voir les imperfections du pêcheur.
Équipement optimal
- Canne à pêche de 24 po de puissance ultralégère à action rapide
- Fil tressé qui n’absorbe pas l’eau de 4 à 6 lb avec bas de ligne de 4 à 5 pieds en fluorocarbone de même résistance

Et le plus beau de l’histoire avec la perchaude, c’est que dans l’assiette, elle n’a rien à envier au réputé doré dont elle est d’ailleurs une très proche parente.
Conclusion
Vous n’avez jamais pêché en hiver avec les larves plombées? Je pense qu’il serait temps de les essayer au moins une fois. C’est un leurre magique pour la perchaude. Or, je l’utilise également pour la truite mouchetée avec beaucoup de succès. Sincèrement je pense que tous les pêcheurs sur la glace devraient avoir ce leurre dans leur coffre.
Bonne pêche!