CERF MULET
Un photoreportage de CHRISTIAN DE BEAUMONT
Jimmy Gagnon
L’auteur avec un beau mâle qui nous permet d’apprécier les caractéristiques propres à cette espèce et la stature de ces spécimens des montagnes du Colorado !
Cerf mulet
Destination Colorado
Le cerf mulet vous fascine déjà ou vous rêvez simplement de vivre une aventure hors du commun dans des paysages grandioses? Avec sa beauté légendaire, ses montagnes escarpées et sa faune abondante, le Colorado pourrait bien devenir votre destination de prédilection. Une vraie destination de rêve afin d’y poursuivre ce véritable symbole de l’arrière-pays de l’ouest américain.
Une première rencontre marquante
C’est notre première année de chasse au Colorado, la chance m’a souri rapidement et j’ai le privilège de récolter mon wapiti. Dès le lendemain, je me lance donc dans de longues journées de prospection avec l’ambition d’immortaliser sur pellicule ce fameux Mule Deer. Les kilomètres défilent les uns après les autres. Vous le savez, c’est sûrement encore plus beau, un peu plus loin… Soudainement, le mâle de mes rêves est là, avec sa majestueuse couronne, le panache est immense, abordant de nombreuses pointes. Je le filme, tant bien que mal. Sous l’émotion du moment, je lui lance un cri, comme pour l’interpeller. Il ne s’arrête pas! Il disparaît, emportant avec lui mon rêve! Je n’ai pas de permis pour le cerf mulet cette année-là (seulement pour le wapiti), le tirage au sort ne m’a pas favorisé! Le sort est jeté, Colorado je reviendrai!
Qui est-il?
Le cerf mulet ou cerf à queue noire est indistinctement regroupé sous le vocable de cerf mulet, il est facilement identifiable par ses oreilles surdimensionnées rappelant celles des mules. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui a donné son nom à l’espèce Hemionus qui signifie demi-mule. Il arbore un pelage brun-gris et possède une croupe de couleur blanche crème. Le poids des adultes peut varier entre 57 et 136 kg (125 et 300 lb). À l’épaule, ils ont une hauteur de 1 m (3,3 pi).
Jimmy Gagnon
De plus en plus de Québécois optent pour cette destination légendaire! Sur la photo monsieur Guy Lachance semble être au paradis entre ciel et terre!
Leur distribution géographique s’étend sur un vaste territoire de l’Amérique du Nord qui va des îles côtières de l’Alaska en descendant vers la côte du pacifique de la Californie jusqu’au Mexique et en remontant vers le nord dans les plaines de l’ouest américain et jusqu’aux provinces de l’ouest canadien dont notamment l’Alberta, la Saskatchewan, la Colombie-Britannique et même la portion sud du Yukon (traduction libre de Mule-Deer Organisation)
Pour en connaître d’avantage sur le cerf mulet, visitez absolument le site de la fondation américaine du cerf mulet https://muledeer.org
Différences entre cerf mulet et cerf de Virginie
Le cerf mulet se distingue assez facilement du cerf de Virginie par ses grandes oreilles et le masque foncé qu’il arbore au-dessus des yeux. S’il s’agit d’un mâle, il est également fort probable que vous remarquiez la configuration différente de son panache. Contrairement au cerf de Virginie qui voit typiquement des pointes surgir des merrains (cornes principales), chez le cerf mulet leur panache nous laisse généralement sous l’impression que ce sont les merrains principaux qui bifurquent ou se divisent sous la forme de Y pour créer les pointes. Lorsqu’il s’éloigne de vous, vous remarquerez sans doute le blanc qu’il arbore sur l’extérieur de sa queue et sa pointe noire. Cet élément distinctif lui confère une croupe à l’allure particulière et bien différente du celle du cerf de Virginie qui arbore quant à lui une mince frange blanche autour de sa queue très majoritairement beige à l’extérieure. Vous aurez peut-être la chance d’observer également cette démarche très typique du cerf-mulet qui exécute parfois de véritables bonds sous l’impulsion simultanée de ses quatre pattes!
Du rêve à la réalité
Succesfull ! Il est bien écrit Succesfull sur mon écran d’ordinateur! Dès ma deuxième année de chasse au Colorado, je suis pigé pour le tirage au sort dans notre zone de chasse. La fébrilité est grande lorsque je peux enfin prendre le sentier de la montagne qui me conduit à plus de 2438 m (8000 pi) d’altitude. Les résultats ne sont pas instantanés. Cela fait maintenant quelques jours que je chasse le cerf mulet avec intensité. À chacun de mes pas, l’anticipation de cette rencontre tant attendue ne cesse de croître. Les nombreuses observations de femelles et de jeunes mâles contribuent à renforcer cette impression que nos destinées vont se croiser. Pourtant, le doute persiste, comme si ce que l’on désire aussi ardemment pouvait nous être inaccessible!
Mon intuition m’indique soudainement de rebrousser chemin! Je n’ai fait que quelques centaines de mètres qu’il est là, comme sorti de mes rêves, à quelques dizaines de mètres seulement sur le flanc de cette magnifique montagne parsemée de trembles! Je reste saisi une ou deux secondes, comme si le temps s’était arrêté! J’épaule ma .280 Rem et fais feu. Le mâle s’effondre sur place. Ce rêve qui n’a cessé de grandir à la lecture des revues de chasse américaines depuis mon adolescence est maintenant devenu réalité pour le jeune homme que j’étais à l’époque. Pour la première fois de ma vie de chasseur, je ne suis pas arrivé à retenir l’émotion de chasse du moment qui s’est exprimée par un cri dans la montagne! La réponse de l’écho a été aussi instantanée qu’inattendue… ON ARRIVE! Michel et Benoît qui arrivaient par hasard sur le sentier se sont joints à moi pour célébrer le moment et rendre hommage à ce magnifique animal!
Pourquoi choisir le cerf mulet
Plusieurs éléments militent en faveur du choix du cerf mulet comme gibier. D’abord, on le retrouve en abondance dans plusieurs régions du Colorado. Sur le plan des coûts, le permis est également moins dispendieux que celui du wapiti. Le permis pour le cerf mulet coûtait en 2022 420,23 $ américains alors que pour le wapiti, il coutait 700,98$. Selon mes observations, il est possible de récolter de beaux spécimens sans s’enfoncer de plusieurs kilomètres dans les montagnes, ce qui en fait un gibier plus accessible à mon avis. Lorsque la chance vous sourit, il peut être également plus facile de ramener la venaison à bon port si on le compare au wapiti qui exige un peu plus d’organisation, de savoir-faire et d’efforts.
Thierry de Beaumont
Le frère de l’auteur Thierry heureux de découvrir cette contrée magnifique. Il faut de préférence avoir une bonne condition physique si vous souhaitez vous aventurer au-delà des sentiers battus!
Bien qu’il n’y ait plus de permis en vente libre, plusieurs zones offrent tout de même d’excellentes possibilités de réussir à obtenir un permis dès la première ou la deuxième année d’application au tirage au sort.
Coté venaison, sa chaire est généralement d’un rouge foncé au Colorado qui rappelle celle du caribou. Elle a un goût plus prononcé que celle du wapiti et s’apparente un peu à celui du chevreuil. Elle saura plaire plus spécifiquement à ceux qui recherchent un gout distinctif typique de certains gibiers dotés d’une viande plus foncée. Elle est sublime en fondue!
L’auteur qui avait pris la décision de ne pas prendre son permis de chasse au wapiti cette année-là, a été à même d’immortaliser ce moment magnifique! Certaines saisons offrent l’opportunité de chasser simultanément les deux espèces! À vous de voir!
Comment procéder pour le permis ?
Il peut paraître assez complexe au premier abord d’organiser un voyage de chasse au Colorado en territoire libre. Mais il n’y a rien de sorcier. Avec un peu d’efforts et au besoin quelques téléphones, vous arriverez à planifier le tout assez facilement. De plus, l’ensemble des informations utiles sont incluses dans un guide annuel qui peut facilement être trouvé en ligne sur le site du Colorado Parks & Wildlife (CPW) (lien suivant). https://cpw.state.co.us/
Les grandes étapes :
1- Identifier des zones de chasse d’intérêt
Les zones de chasse du Colorado sont appelées Game Management Unit (GMU). Afin de faire un choix judicieux de GMU, il est important d’identifier une zone qui offre à la fois un succès de chasse raisonnable, une bonne probabilité de sortir au tirage au sort et suffisamment d’espaces de terre publique qui peuvent se retrouver sous différentes appellations.
Éléments à considérer
- Pourcentage de succès de chasse selon les saisons et type de permis et pourcentage des chances de sortir au tirage au sort pour les non-résidents : référer à la section statistiques de chasse (Hunting Statistics) – https://cpw.state.co.us/thingstodo/Pages/Statistics.aspx
- Pour trouver de l’information sur la zone, référez-vous à la section du guide annuel qui donne l’information sur chacune des GMU, sur le Colorado Hunting Atlas (disponible en ligne) ou sur les divers forums portant sur la chasse au Colorado.
2- Identifier une saison
Les saisons 2, 3 et 4 sont des saisons qui permettent la chasse au cerf mulet à l’arme à feu. Personnellement, j’ai toujours privilégié la saison 2 mais plusieurs chasseurs qui préfèrent chasser le pied des montagnes vers lesquelles se fait la migration saisonnière optent pour les saisons 3 et 4 alors que la neige abonde généralement en altitude. Notez qu’il est également possible de chasser le cerf mulet à l’arc et avec une arme à chargement par la bouche lors de saisons spécifiques réservées à ces armes plus tôt en saison.
3- Appliquer pour un permis
Après avoir choisi votre zone et votre saison, il vous sera possible d’appliquer au tirage au sort général. Il est important de prendre en considération les dates, notamment la date limite d’application. Les applications sont acceptées dès la première semaine de mars et la date limite se situe normalement dans la 1ère semaine d’avril.
Le deuxième élément et possiblement le moins intéressant de toute l’expérience est le fait que depuis quelques années, vous devez acquérir un permis valide (qualifiant) pour pouvoir postuler. Un permis de chasse au petit gibier est suffisant. Le tout incluant les frais d’application pour le permis de cerf mulet coûtait tout de même près de 150 $ canadien. À prendre en considération dans le budget si vous devez appliquer quelques années avant de sortir au tirage au sort. Il est donc important, tel que mentionné précédemment, de bien évaluer les probabilités.
Je vous invite également à prendre en considération les différentes phases de tirage au sort ou d’opportunités afin d’acquérir un permis. En effet, après le premier tirage au sort, il y a un deuxième tirage pour les permis restants (date limite début juillet) et finalement une dernière phase de vente libre de permis non réclamés (over-the-counter leftover limited licenses) qui se déroule dès le début du mois d’aout sur la base du premier arrivé, premier servi. Notez que toutes ces étapes peuvent être réalisées directement en ligne sur le site du CPW.
4- L’autorisation de transport d’une arme aux États-Unis
Une autre étape cruciale est celle d’obtenir l’autorisation de transporter son arme aux État-Unis. Pour ce faire vous devez compléter le formulaire : Formulaire de Demande/permis d’importation temporaire d’armes à feu et de munitions par des étrangers non immigrants. Vous pouvez télécharger ce formulaire sur le site Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives : https://www.atf.gov/. Il sera important de procéder rapidement dès que vous recevrez votre permis. Il vous faudra sans tarder imprimer une copie du formulaire, le compléter, le signer et y joindre une copie de votre permis. Ne tardez pas à le faire, bien que les délais se soient améliorés depuis que vous pouvez retourner votre formulaire par courriel, il reste que cela peut parfois être assez juste dans le temps.
Stéphane Boucher
Stéphane Boucher l’un des partenaires de chasse de l’auteur avec un beau mâle récolté à l’aide de son permis spécifique aux terres privées (Private-land-only license), acquis lors du deuxième tirage au sort. Après quelques contacts ce dernier a pu obtenir la permission de chasser un champ agricole où ce mâle s’en donnait à cœur joie à la poursuite de quelques centaines de femelles.
Combien ça coute
Selon les options de transport et d’hébergement, le taux de change et le prix de l’essence un voyage peut coûter entre 2000$ et 4000$ canadien. Si vous utilisez comme moi vos points Aéroplan, que vous êtes 3 à 4 pour partager les frais de véhicule et que vous campez en pleine forêt vous pouvez vous en tirer assez bien. Lors de notre première expérience, nous nous y sommes rendus en camion depuis Québec, cette option est beaucoup plus simple pour le transport du matériel et du gibier. Toutefois, nous préférons maintenant voyager en avion et louer un camion sur place pour des raisons d’économie de temps!
Le ROAD TRIP restera un moment qui a été marquant pour l’auteur et qui vaut certainement la peine d’être essayé ne serait-ce qu’une seule fois.
J’allais oublier, depuis quelques années, le permis de pêche est inclus avec les permis de chasse au gros gibier non-résident, souhaitons que cela reste ainsi! Vous pourrez donc conjuguer ces deux passions lors d’un voyage de chasse.
Et oui, comme si cela n’était pas suffisant, le permis de chasse pour non-résident inclus aussi le permis de pêche qui pourra vous permettre de bénéficier des rivières poissonneuses où abondent notamment la truite brune et de beaux spécimens de truites arc-en-ciel!
Le paradis est entre ciel et terre
L’objectif premier de cet article était de vous partager une nouvelle destination et vous fournir les informations minimales pour savoir où et comment débuter vos recherches si jamais ce type d’aventure vous intéresse! Par ce photoreportage, je souhaitais également vous transmettre mon intérêt et ma passion pour cet animal, sa chasse, son habitat et le Colorado, espérant ainsi vous ouvrir la voie d’un nouveau sentier.
Le Colorado a une faune en pleine santé, il est arrivé à l’auteur d’observer plus d’une cinquantaine de gros gibiers en situation de chasse lors de journées exceptionnelles. Sur cette photo un rare mouflon prend la pause pour l’auteur!
La vie est bonne avec moi et elle m’a permis de chasser dans quelques pays et de nombreuses provinces en très bonne compagnie. Mais pour tout vous dire, le Colorado est un endroit d’exception, un endroit vraiment unique! Entre le ciel et terre, plus près du firmament, juché à près de 2500 m (8000 pi) d’altitude, sur les flancs escarpés des magnifiques montagnes Rocheuses du Colorado, dans les forêts infinies de trembles, au crépitement du feu, sous la tente prospecteur… une transformation s’opère.
Différentes options de logis s’offrent à vous, de la petite tente moderne en passant par les hôtels ou de petits chalets, toutes les options peuvent convenir, mais rien ne peut égaler la bonne vieille tente prospecteur dans son habitat naturel!
Plusieurs d’entre nous qui y sommes allés trouvons les moyens pour y retourner le plus souvent possible! Ces contrées sauvages infinies offrent non seulement l’opportunité de les découvrir mais de s’y retrouver! Pouvoir, en plus, y poursuivre cet animal énigmatique et emblématique de l’Ouest est une expérience hors du commun capable de vous transporter bien au-delà de ce que vous pouvez espérer! Je vous souhaite à tous d’avoir l’opportunité de fouler de vos pas ces montagnes afin de vivre cette aventure formidable et inoubliable qu’est celle de la chasse du cerf mulet au Colorado!
*** ATTENTION, TOUTES LES INFORMATIONS CONTENUES DANS CET ARTICLE ÉTAIENT VALIDES POUR LA SAISON 2022 ET SONT SUJETTES À CHANGEMENTS ANNUELLEMENT, SVP VOUS RÉFÉRER AU CPW POUR UNE MISE À JOUR ANNUELLE.