Textes et photosMICHEL LA HAYE
100% SAUVAGINE
Tableau de chasse de présaison réalisé en septembre 2022 avec les aides de chasse de l’auteur à gauche Sébastien (debout) et Angie (à genoux), et Claude en canot à droite lors d’une sortie au début octobre.
An haut, tableau de chasse de présaison réalisé en septembre 2022 avec les aides de chasse de l’auteur à gauche Sébastien (debout) et Angie (à genoux), et ci-dessus, Claude en canot à droite lors d’une sortie au début octobre.
Chaque année je manque un peu de « gaz » vers la fin de la saison, le poids des automnes se faisant de plus en plus sentir! Mais chaque fin de saison également, je ne peux retenir mes larmes à la dernière sortie! Je sais que je serai le plus malheureux des hommes quand viendra le temps « d’accrocher mes patins » comme on dit, en tant que guide ou de sauvaginier . La fin de saison, l’approche des fêtes et un bon retour sur mes bons et moins bons coups, me font réaliser toute la chance que j’ai de pouvoir pratiquer un des plus beaux métiers du monde; celui de guide de chasse! C’est en tant que tel et de chroniqueur de cette belle revue virtuelle, que je tiens à vous souhaiter un très joyeux temps des fêtes, à vous, votre famille et vos proches, profitez bien de ces temps précieux avec ceux que vous aimez et appréciez. Comme nous le faisons tous à chaque minute que nous sommes au champ ou sur l’eau à chasser la sauvagine. Je tiens à remercier chaleureusement mes aides de chasses de la saison 2022, Angie, Sébastien et Claude pour leur soutien précieux et leur dévouement de chaque seconde passée à guider avec moi en 2022 .
Réponse
aux lecteurs
Réponse aux lecteurs
Est-ce que les bernaches et les canards sont capables de s’alimenter sous un couvert de neige? La réponse est oui! Je ne sais pas comment ils procèdent mais ils savent trouver les restants de maïs jusque sous trois pieds de neige dans le cas des bernaches et quelques pouces pour les canards. Mais à deux conditions. D’une part, il ne faut pas qu’elle soit croûtée ni en surface ni près du sol. J’ai déjà vu toute la sauvagine de l’est de l’Ontario quitter nos contrées par suite d’une pluie verglaçante ayant laissé qu’un demi pouce de glace au sol! Je maudis toujours le verglas de fin de saison! D’autre part, il ne faut pas qu’il s’agisse de neige fondante car sa densité, lorsque l’épaisseur dépasse environ 8 pouces, est trop élevée pour que les bernaches puissent trouver pitance sous ce type de couvert de neige. En ce qui concerne les canards, ils ont une capacité de fouissage très réduite comparativement aux bernaches, quelques pouces de neige et même une fine couche de verglas auront raison de leur volonté de s’alimenter! Lors de vos prospections de fin de saison, prenez le temps d’observer bernaches et canards au champ, vous verrez par vous-même.
Une petite croute de neige glacée n’est pas de nature à empêcher les bernaches de se nourrir au champ comme en fait foi ce tableau réussi sous de telles conditions, remarquez que celle-ci est disparue sous l’action du passage des chasseurs, pourtant, au petit matin, elle avait un bon ¾ de pouce d’épaisseur.
Appelant-appels-caches
La neige, au champ comme sur l’eau, ennemie numéro un du sauvaginier en fin de saison! En effet, prenez le temps d’observer la sauvagine au champ ou sur un cours d’eau durant une journée très neigeuse. Vous remarquerez que sauf entre les deux ailes au milieu du dos et au-dessus du croupion, la neige ne s’accumule pas, l’oiseau faisant régulièrement des mouvements qui empêche cette accumulation, vous verrez un exemple de « nettoyage impromptu » d’appelants de canards dans de telles conditions dans la section « Anecdote sauvaginière ». Il faut donc que vos appelants restent « propres » dénudés de neige autant que faire se peut. Si on annonce de bonnes chutes de neige, vaut mieux installer moins d’appelants et les entretenir fréquemment pour retirer la neige. Effectivement, les « fantômes » grisâtres d’appelants de bernache ou de canard recouverts de neige font vraiment peur à la sauvagine, en particulier la bernache. Des bons balais à neige font un bon travail. Si la neige est sèche et qu’il vente un peu, la fréquence de nettoyage sera moindre, disons une fois toutes les 15 ou 30 minutes, pas plus. Sous une neige intense et/ou collante, il faudra tout déneiger aux dix minutes! Un bon truc avec la neige collante est de ne pas la frotter pour l’enlever, non, soulevez l’appelant du sol, tournez-le et frappez-le doucement sur le dos pour faire chuter la neige au sol. Vous avez oublié vos balais à neige? Un bon fagot de verges d’or ou autre herbacée avec une tige solide effectuera le travail. N’hésitez pas, quitte à manquer quelques bandes, sinon les oiseaux s’approcheront et tourneront tout juste avant d’être à portée. Sur la photo ci-dessous, la neige venait de cesser, regardez attentivement, tous les appelants sont « propres » et bien nettoyés, c’est un essentiel pour réussir à tromper le gibier que vous convoitez.
Notez la « propreté » des appelants malgré la chute de neige matinale lors de cette sortie de chasse.
Biologie et aménagement – le chien rapporteur, un bon outil de conservation
Le travail d’un bon chien rapporteur est essentiel pour tout chasseur consciencieux de récupérer le gibier, dont la sauvagine, avec efficacité tout en ayant un impact minimal sur les milieux naturels. Il est d’ailleurs interdit de chasser la sauvagine sans avoir un moyen pour récupérer les prises abattues de manière efficace. Dans le même ordre d’idée, en tout lieu, des petites mares à la pleine eau, au champ, au marais, dans les battures et les divers cours d’eau, un chien rapporteur bien dressé demeure une méthode efficace, reconnue et éprouvée pour récupérer les volatiles qu’ils soient morts au sol, dans l’eau dans les feuillages denses etc., ou juste blessés, car les rapporteurs ont un excellent nez! Ma chienne actuelle, Pearl, peut pister une bernache blessée deux champs de long et vent de dos! Elle l’a fait, pas plus tard que samedi dernier 10 décembre, lors de notre dernière sortie de chasse guidée. Vous verrez un bon exemple d’un long rapport dans cet extrait vidéo (voir plus bas) dans lequel elle parcourt plusieurs centaines de mètres pour récupérer une bernache. Le rapporteur trouve aussi sa place pour le petit gibier, il rapportera faisans et perdrix sans rechigner et certaines lignées comportent des individus qui sont aussi leveur de gibier.
Pearl, la chienne de l’auteur, en action pour récupérer des bernaches lors d’une chasse récente.
En ce qui me concerne, il existe deux races de chien; les labradors et toutes les autres races! Rempli d’un irrésistible et grand désir de rapporter, il est aussi capable de mémoriser jusqu’à 6 points de chute et, comme je l’ai mentionné, il possède un nez fin et une belle intelligence pour la traque du gibier blessé autant au sol que sur l’eau. Le labrador en particulier, est courageux, dévoué et aimable, persévérant et doté d’une endurance surprenante. Très affectueux, il est un coureur de câlins invétéré, comme sur la photo ci-dessous! Pearl peut rapporter 25 bernaches et plus lors d’une seule sortie et en redemander à la fin de la chasse en sautant avec entrain tout autour de nous lors du ramassage des appelants !
Outre toutes ses qualités, dont la principale est le désir de rapporter, ces chiens doivent et sont normalement très obéissants lorsque bien dressés. Très souvent, le problème est, comme à mon poste de travail informatique, devant l’écran et non derrière ! Je vais sûrement produire au moins un article dédié aux rapporteurs en 2023 en insistant sur les techniques d’entrainement de base et avancés. Je vous suggère les lectures suivantes si le sujet vous intéresse. https://fedecp.com/chiendechasse/types-de-chiens-de-chasse/chiens-rapporteurs/ http://www.ccrq.org/le-ccrq
Pearl, du Chenil Retriever Richelieu, en compagnie de Sébastien, essayant encore une fois de lui soutirer un autre câlin!
Anecdote sauvaginière
Lors d’une chasse qui remonte à bientôt dix ans dans la haut Saint-Laurent près de Cardinal, nous chassions, une bande d’amis guides et moi, le canard plongeur et barboteur à partir de la rive. L’embarcation était cachée derrière une digue de l’ancienne voie maritime du Saint-Laurent et, à chaque passe fructueuse, il fallait sortir de la cache, descendre de l’autre côté de la digue, sauter dans le bateau, le détacher, évidemment comme tout était gelé avec les -17 °C et le gros vent du nord qu’il faisait, chaque tâche était ardue, longue et pénible. Il fallait démarrer le moteur après avoir enlevé la glace qui entourait le pied (qui est toujours laissé dans l’eau pour éviter le gel dans les conduits de refroidissement) et enfin partir pour récupérer les canards abattus. Il vantait fort durant cette journée de chasse mémorable et la neige s’accumulait sur les appelants avec beaucoup de rapidité, une visite à toutes les 15 minutes devait être effectuée au moyen de l’embarcation! Un vrai calvaire! Puis j’ai eu une bonne idée, en lançant une pierre auprès d’un appelant, l’eau faisait fondre la neige et le « nettoyait », mais nous en avions au moins une soixantaine d’installés! Nous avons décidé de déneiger que ceux près de la rive , en majorité des appelants de barbotteurs, les plongeurs étant moins capricieux concernant leur « propreté » . En fin de compte, nous avons éprouvé autant de plaisir à trouver les rares cailloux non glacés disponibles et à les lancer pour déneiger les appelants que de faire la chasse elle-même, que de beaux souvenirs!
Une bande de joyeux lurons à – 17 °C, en fin de journée après le gros vent et la neige, des vrais de vrais maniaques de chasse à la sauvagine.