FAUNE ET FORÊT
Par Jean-Pascal Trudeau
Aménager les habitats fauniques via les travaux forestiers
La journée est magnifique, le ciel est d’un bleu azur et il fait un froid sibérien. Je suis déjà depuis plusieurs heures au travail en forêt et je tergiverse et ne cesse de réfléchir sur différents travaux sylvicoles qui bonifieront l’habitat faunique du cerf de Virginie dans le ravage où je me trouve. Je me promène d’un peuplement forestier à l’autre dans le but de bien visualiser les composantes du site et d’arriver aux meilleurs traitements possibles, qui répondront ultérieurement aux besoins du chevreuil, en période hivernale.
Je suis très privilégié de pouvoir, depuis deux décennies, avoir le mandat de réaliser ce travail. La foresterie, et tous les types de travaux d’aménagement disponibles commerciaux et non commerciaux, donnent un coffre à outil bien garni aux aménagistes d’habitats fauniques pour diverses espèces.
Pour la grande faune, les aménagements sont souvent beaucoup plus profitables que ce que le commun des mortels peut imaginer, mais les résultats se font voir sur plusieurs années, voire des décennies après l’exécution du travail de bonification ou de remise en état du site traité. Pour cette raison, il faut avoir la capacité d’extrapoler ce que sera le résultat final, sans quoi le travail peut sembler factif.
Pour la petite faune, les résultats sont perceptibles plus rapidement, mais souvent fait avec beaucoup moins d’ampleur, sur des parcelles de dimension limitée.
Je vais donc tenter de décortiquer le tout, en vous informant des possibilités qui s’offrent d’effectuer des travaux de bonification d’habitat sur des propriétés privés. Le tout sera fait par espèce. Comme en forêt publique, c’est l’état qui réalise ce travail, j’en ferai mention aussi en incluant uniquement des références, donc plus à titre informatif, étant donné l’impossibilité pour un chasseur, piégeur ou autre d’avoir un impact possible sur ces travaux. Il y a dans la littérature une multitude de documents informatifs, je vous ferai à la fin de l’article, une liste de plusieurs écrits traitant du sujet.
Pour débuter, je vous suggère une lecture d’anciens documents qui sont encore d’actualité et qui ont été produits par la Fondation de la faune du Québec, et qui vulgarisent très bien, les notions d’habitats et les travaux potentiels, pour diverses espèces. Les fascicules de la Fondation ont été regroupés sous un recueil qui se nomme Aménagement des boisés et Terre privé pour la faune (document ci-contre). Un document très complet de 97 pages, qui explique les notions de domaines vitaux, et des besoins pour divers espèces d’animaux vedettes chassés, ou autres. Bien sûr les travaux forestiers sont toujours la manière d’arriver à nos fins.
Je vais donc tenter de décortiquer le tout, en vous informant des possibilités qui s’offrent d’effectuer des travaux de bonification d’habitat sur des propriétés privés. Le tout sera fait par espèce. Comme en forêt publique, c’est l’état qui réalise ce travail, j’en ferai mention aussi en incluant uniquement des références, donc plus à titre informatif, étant donné l’impossibilité pour un chasseur, piégeur ou autre d’avoir un impact possible sur ces travaux. Il y a dans la littérature une multitude de documents informatifs, je vous ferai à la fin de l’article, une liste de plusieurs écrits traitant du sujet.
Pour débuter, je vous suggère une lecture d’anciens documents qui sont encore d’actualité et qui ont été produits par la Fondation de la faune du Québec, et qui vulgarisent très bien, les notions d’habitats et les travaux potentiels, pour diverses espèces. Les fascicules de la Fondation ont été regroupés sous un recueil qui se nomme Aménagement des boisés et Terre privé pour la faune (document ci-dessous). Un document très complet de 97 pages, qui explique les notions de domaines vitaux, et des besoins pour divers espèces d’animaux vedettes chassés, ou autres. Bien sûr les travaux forestiers sont toujours la manière d’arriver à nos fins.
Les gens ont souvent une vision erronée, et des préjugés en lien avec la récolte de matière ligneuse, mais lorsque c’est bien fait et que les traitements choisis sont bien réfléchis et en respect avec les besoins de la faune, le tout est conciliable, voire même très bénéfique à certaines espèces. C’est de ces effets positifs que je vais parler.
Parlons un peu du roi de nos forêts
Il y a plusieurs années, la phrase commune dans le jargon était…si tu veux de l’orignal « ouvre », en lien avec les superficies de coupe totale qui augmentent énormément la nourriture disponible et deviennent de vrais aimants à orignaux. Comme cette espèce ingère en moyenne 25 à 30 kg en été de matières fraiches, et 15 à 20 kg en hiver il est simple de comprendre que ça prend beaucoup de forêt en régénération pour soutenir de bonnes populations de cet ongulé géant. Les coupes totales de dimensions diverses sont donc la recette idéale pour combler leurs besoins en nourriture. Ces sites de récolte, associés à des peuplements mixtes ou résineux de bonne qualité et non récoltés, ou traités de façon partielle permettront à l’orignal de combler, nourriture et abris sur des unités de surface retreinte. Il y a aussi des coupes partielles récoltant autour de 40% des arbres d’un secteur donné, qui donnent d’excellents résultats pour l’orignal, car elles combinent, nourriture et abris, au même endroit. Il n’y a pas une recette unique, mais de bien comprendre l’objectif poursuivi qui vise le maintien des attributs importants, tout en essayant de le bonifier, afin de pouvoir combler les besoins vitaux de cet ongulé sur des unités de surface assez restreinte. Nous savons tous que l’orignal n’est pas affecté par la couverture de neige au même titre que le cerf de Virginie. Celui-ci est donc beaucoup plus adapté à l’hiver. Des coupes bien planifiées dans divers peuplements, seront généralement un plus pour les populations du secteur.
Je vous invite à consulter le guide ci-contre qui se trouve également sur le web :
Je vous invite à consulter le guide ci-dessous qui se trouve également sur le web :
Passons à notre gracieux cerf de Virginie
L’aménagement de l’habitat hivernal de ce frêle cervidé est, dans les régions au nord de son aire de distribution, un intrant très important à leur survie. Les ravages de cerf de Virginie sont bien connus, et la littérature concernant ces endroits est fort abondante. Les ravages de plus de 5 km carré, ont des plans d’intervention associés produits par l’état, parfois réalisé en partenariat avec des firmes externes. Bien sûr une fois de plus, la récolte de matière ligneuse, et la sylviculture des jeunes strates est la méthode la plus efficace pour maximiser la qualité de ces lieux de vie hivernaux.
Différentes coupes forestières permettront d’ouvrir la canopée, afin de faire entrer la lumière, pour permettre une régénération naturelle, ou une croissance adéquate des reboisements qui sont parfois faits pour enrichir les peuplements, afin de leurs donner un attrait supplémentaire. Pour bien comprendre les différents types d’intervention forestière permettant l’atteinte des objectifs, je vous soumets une référence bien étoffée, qui saura vous éclairer.
Les composantes d’un ravage sont divisées en 4 types de potentiels d’utilisation, qui seront travaillés selon les particularités de chacun. Il y a tout d’abord les abris, qui sont composés à plus de 75% d’essences résineuses. Les nourritures abris qui sont des peuplements mixtes de plus de 30 ans, les nourritures qui sont des peuplements divers de moins de 30 ans, très souvent des strates en régénération. Pour finir il y a ce que l’on appelle des peu utilisés, et qui se composent de feuillus divers. Je n’ai bien sûr pas été dans les détails très précis, car ce n’est pas nécessaire pour bien comprendre et je voulais éviter que ça devienne trop technique. Le document provincial se nommant Guide d’aménagement des ravages de cerf de virginie, sert de balise de base pour faire des travaux adéquats ne détériorant pas le site choisi (document ci-contre).
Voici un extrait très intéressant du guide ci haut mentionné et qui balise les travaux forestiers dans les aires de confinement du cerf, afin de les rendre plus efficaces et qui aident à maintenir un habitat hivernal de bonne qualité.
«Puisque le déficit d’un type de peuplement peut être atténué par une bonne représentativité dans l’autre type de peuplement, l’atteinte des cibles est complémentaire. Cependant, l’atteinte d’une cible ne doit pas se faire au détriment de l’autre et la cible de peuplement d’abri demeure toujours prioritaire. Par exemple, la récolte de peuplements de nourriture-abri pourrait être restreinte tant que la cible d’abri n’est pas atteinte. On doit alors répertorier les peuplements de nourriture-abri les plus intéressants à faire évoluer en abri, en tenant compte du potentiel du site et de leur répartition spatiale. Aussi, il ne devrait pas être possible de créer de nouveaux peuplements de nourriture-abri à partir de peuplements d’abri si ces derniers sont en deçà de la cible. Dans de tels cas, on doit considérer les cibles d’abri et de nourriture-abri dans leur ensemble. Une règle simple d’application est de viser le maintien de la somme des deux cibles déterminées pour le domaine écologique.».
Les composantes d’un ravage sont divisées en 4 types de potentiels d’utilisation, qui seront travaillés selon les particularités de chacun. Il y a tout d’abord les abris, qui sont composés à plus de 75% d’essences résineuses. Les nourritures abris qui sont des peuplements mixtes de plus de 30 ans, les nourritures qui sont des peuplements divers de moins de 30 ans, très souvent des strates en régénération. Pour finir il y a ce que l’on appelle des peu utilisés, et qui se composent de feuillus divers. Je n’ai bien sûr pas été dans les détails très précis, car ce n’est pas nécessaire pour bien comprendre et je voulais éviter que ça devienne trop technique. Le document provincial se nommant Guide d’aménagement des ravages de cerf de virginie, sert de balise de base pour faire des travaux adéquats ne détériorant pas le site choisi (document ci-dessous).
Voici un extrait très intéressant du guide ci haut mentionné et qui balise les travaux forestiers dans les aires de confinement du cerf, afin de les rendre plus efficaces et qui aident à maintenir un habitat hivernal de bonne qualité.
«Puisque le déficit d’un type de peuplement peut être atténué par une bonne représentativité dans l’autre type de peuplement, l’atteinte des cibles est complémentaire. Cependant, l’atteinte d’une cible ne doit pas se faire au détriment de l’autre et la cible de peuplement d’abri demeure toujours prioritaire. Par exemple, la récolte de peuplements de nourriture-abri pourrait être restreinte tant que la cible d’abri n’est pas atteinte. On doit alors répertorier les peuplements de nourriture-abri les plus intéressants à faire évoluer en abri, en tenant compte du potentiel du site et de leur répartition spatiale. Aussi, il ne devrait pas être possible de créer de nouveaux peuplements de nourriture-abri à partir de peuplements d’abri si ces derniers sont en deçà de la cible. Dans de tels cas, on doit considérer les cibles d’abri et de nourriture-abri dans leur ensemble. Une règle simple d’application est de viser le maintien de la somme des deux cibles déterminées pour le domaine écologique.».
Petit gibier et faune diverses
Je vous invite à aller consulter les différents fascicules que j’ai sélectionnés. Ils sont très bien produits par la Fondation de la faune du Québec et ils pourront vous aiguiller parfaitement dans le choix des interventions à réaliser.
En conclusion
Pour les propriétaires de boisés privés, si l’aménagement faunique et de vos milieux de vie de la faune de votre petit coin de paradis vous intéresse, je vous invite fortement à contacter l’agence de mise en valeur des forêts privées de votre région administrative. Ils pourront vous donner la liste des conseillers forestiers réalisant des plans d’aménagement forêt faune (PAFF). Il est très avantageux de faire affaire avec ces conseillers qui eux disposent de budgets vous permettant de réaliser les aménagements voulus pour accroitre la densité et la qualité de la faune fréquentant votre propriété. Il y a d’énormes avantages monétaires à procéder de cette façon, et vous serez guidé par des professionnels du domaine. La Fondation de la faune a aussi un programme forêt faune, qui bonifie les subventions versées pour différents types de traitement ainsi que la Fondation Héritage Faune de la FédéCP. Si l’aventure vous intéresse, débutez dès que possible vos démarches… et le monde de l’aménagement faunique s’ouvrira à vous, et la passion n’en sera que croissante.
Exemples d’aménagements sylvicoles ayant été réalisés dans des ravages de chevreuil, mais profitant aussi à la petite faune et aux animaux à fourrure.
Reboisement et enrichissement en épinette rouge en forêt feuillu.
Reboisement et enrichissement.
Reboisement et bonification d’habitat avec régénération naturelle suite à des travaux de scarifiage.
Reboisement dans des ouvertures suite à la récolte commerciale.
Peuplement traité ayant une future grande valeur faunique.
Peuplement traité pour faire ressortir le résineux (enlèvement de tiges feuillues).
Traitement sylvicole intégré forêt faune.