Par</br>LOUIS GAGNON

Par
LOUIS GAGNON

CHEVREUIL

Quatre travaux dès la fin de votre saison de chasse

Une autre saison vient à peine de se terminer. La passion d’une récolte de rêve coule encore au travers nos veines, nos pensées passent encore facilement du bureau à la forêt et plusieurs fois par jour, on se surprend encore à élaborer la prochaine saison pour espérer épingler ce super buck qui nous a nargué tout l’automne sur nos caméras de surveillance. 

Pourquoi remettre encore à demain ce qui vous mènera vers le succès; arrêtez de rêver et commencez maintenant à planifier votre prochaine saison pendant que votre mémoire est encore fraîche. Voici donc quatre travaux de décembre qui ne pourront que porter fruit lors de la prochaine saison.

Travail 1

Le premier exercice qui me paraît primordial est de changer les batteries de vos caméras et retourner en forêt faire travailler cet outil de premier plan. Vous voulez en savoir plus sur trois ou quatre petites choses. La première est simple, vous voulez avoir une indication précise du nombre de bucks ayant survécu à la dernière saison de chasse. C’est un exercice assez simple en soi et souvent assez juste. À la fin de la saison de chasse vous continuez à appâter un secteur central de votre terre (vous pouvez appâter jusqu’au 30 novembre) et vous y mettez une caméra de surveillance quelques semaines sans venir déranger le tout. Vous prenez une deuxième caméra de surveillance et allez la positionner sur un vieux grattage que vous avez repéré durant la saison et que vous aurez aspergé de vos vieilles bouteilles d’urine. Faute de vrai grattage, faites-en un car comme la plupart de nos  territoires sont débalancés en faveur des femelles et quelques jeunes femelles tomberont de nouveau en chaleur vers la mi-décembre. Votre appât et une stimulation sexuelle devraient suffire à ramener les quelques bucks vivants dans le secteur assez longtemps pour vous laisser un portrait. Si vous êtes du genre à avoir plusieurs caméras, une ou deux sur les sentiers subtiles en forêt dense vous apprendront beaucoup plus sur l’utilisation du territoire que 10 caméras dans le fond d’une garde-robe…

Il est toujours très intéressant de laisser « travailler » les caméras de surveillance après la saison de chasse pour avoir une idée des bucks ayant survécu.

Travail 2

Deuxième exercice encore plus simple, après chaque neige fraîche, retournez sur votre terrain suivre des traces de chevreuils à l’envers. Vous n’êtes pas en train de chasser mais bien en stage d’apprentissage intensif donc vous voulez apprendre sur le comportement de chevreuils calmes qui ne sont pas poussés par un prédateur ou un autre chasseur. Que cherchez-vous au juste? Vous voulez simplement comprendre l’utilisation du territoire par vos chevreuils. Vous voulez trouver des couches, des zones de nourriture naturelle et des sentiers subtiles qui servent souvent de sentiers d’échappatoire lors de dérangements inopinés. À la découverte de tels sentiers, vous pourrez en tirer profit la saison suivante à l’ouverture ou en faisant une petite battue douce et subtile. S’il n’y a pas trop de neige même en décembre, les secteurs de couche seront possiblement les mêmes et le chevreuil mange pratiquement les mêmes essences forestières en décembre que durant la dernière saison de chasse en novembre. N’oubliez pas que les nombreux appâts de chasseurs en novembre ne sont qu’une partie du régime alimentaire des chevreuils, ces derniers puisent plus de la moitié de leur subsistance de la forêt ou des champs.

MARK RAYCROFT

En suivant les traces d’un grand mâle dans la neige après la saison de chasse on pourra parfois découvrir sa cachette favorite.

Travail 3

Troisième exercice, toujours sur le terrain. Je ne connais pas beaucoup de chasseurs qui pleurnichent sur le prix du permis, sur le budget alloué pour leurs pommes et le maïs. J’ai rarement vu un chasseur se plaindre d’être obligé d’aller chasser. En contrepartie, je n’ai jamais bien compris l’exode des chasseurs après la saison de chasse aux chevreuils. Pour un petit week-end de cours, vous pourrez apprendre les bases du trappage et commencer à vous exercer à trapper les canidés plus précisément les coyotes ou les loups plus au nord.

Le défi qu’offre le trappage de ces animaux vous rendra encore meilleur comme chasseur car vous apprendrez les rudiments des odeurs à proscrire, les leurres olfactifs et leurs effets et la manière de travailler avec le vent lorsque vient le temps de chasser ou piéger avec le vent. Quoique devenir trappeur vous forcera à retourner sur le terrain donc comprendre mieux l’utilisation de ce dernier par la faune et vous aidera à garder la ligne avant la période des fêtes, le but est assurément de contrôler l’effet néfaste d’un surplus de canidés sur votre population locale de chevreuils. Croyez-le ou non, j’ai lu plus d’une vingtaine d’études scientifiques sur l’effet des canidés sur le chevreuil ou l’orignal et jamais les chercheurs arrivaient à des conclusions du genre « la population de coyotes a contribué à faire augmenter ou maintenir la densité de population de chevreuils » .

L’auteur avec quelques loups qu’il a trappés. Dans la portion nord de l’aire de distribution du chevreuil, les prédateurs (loups et coyotes) ont une grande influence sur les populations de chevreuil et selon l’auteur les chasseurs auraient intérêt à suivre leur cours de piégeage pour capturer quelques-uns de ces canidés sur leur territoire.

Quoique tous s’entendent pour dire qu’une population de chevreuils en santé est capable de subvenir au besoin des coyotes ou des loups d’un territoire donné, sans exception, ils s’entendent aussi pour dire que les prédateurs efficaces comme les canidés peuvent avoir un effet catastrophique particulièrement à la limite nord de l’aire de distribution du chevreuil ou encore sur une population de chevreuil en décroissance. Un hiver particulièrement rigoureux jumelé à une population de canidés en santé cause des torts considérables qui peuvent prendre plusieurs années à renverser.

Ce que je suggère à ceux qui sont au prise avec une population locale de coyotes qui semble beaucoup trop élevée, c’est de faire affaire avec un trappeur local en entrant en contact avec la Fédération des Trappeurs Gestionnaires du Québec (www.ftgq.com) . L’accès à une terre giboyeuse en fourrure et un petit budget pour couvrir les frais de déplacement du trappeur, c’est souvent suffisant pour venir à bout d’une famille de coyotes. Vous sauverez assurément un ou deux vieux chevreuils exténués par le rut ou plusieurs faons le printemps venu.

Travail 4

Quatrième exercice, plus fatigant mais combien important; les nouveaux sentiers et les lignes de tir. Décembre se prête à merveille à ces travaux. Les chevreuils auront eu amplement le temps de s’habituer à tout nouveau changement avant la nouvelle saison de chasse. La fraîcheur du début d’hiver rend l’exercice moins exténuant. Les rebuts de coupe seront grandement appréciés par les chevreuils en début de période de diète intensive. En termes d’aménagement directement relié à l’exercice de la chasse aux chevreuils, je ne connais pas d’autres travaux de terrain plus efficaces qu’une ligne de tir bien orientée. Elles peuvent être évidentes  du style  tranché au couteau comme par exemple une ligne électrique. Vous pouvez y aller plus avec un style subtil avec quelques arbres çà et là pour rendre le tout moins ouvert. Règle générale, l’arme utilisée dictera la tendance à adopter. À l’arc et l’arbalète, je resterais dans le plus délicat en favorisant une ouverture au niveau des sentiers de chevreuils en fonction de mon mirador. Tandis que pour une ligne de tir pour les chasses à la carabine, je serais moins timide et opterais pour une réplique miniature de la ligne électrique. Comme les feuilles sont tombées, vous avez la chance de travailler avec des conditions qui ressemblent en tout point avec la prochaine saison de chasse.

La période d’après chasse est un excellent moment pour aller nettoyer ses lignes de tirs à nos sites de chasse.

Il  ne reste qu’à faire un peu de finition en août  pour recouper les quelques repousses de l’été qui ne figurent pas sur la liste des essences recherchées par le chevreuil. La nouvelle pénétration lumineuse créée en décembre stimulera rapidement une repousse alimentaire dense l’été suivant et contribuera à augmenter l’utilisation de la ligne de tir par les chevreuils.

Bon travaux.

Complément vidéo : 4 travaux d’après saison de chasse

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