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Trapper le castor,
par où commencer ?*
* Pour trapper il faut suivre la formation requise. Pour s’informer : https://ftgq.qc.ca/formations
Bien avant que je m’établisse en campagne, j’étais certaine que des castors, il n’y en avait que dans le nord ou dans les grandes forêts. Je n’aurais jamais pensé qu’il y en avait dans le ruisseau derrière chez moi! Pourtant, c’est un animal qui s’adapte facilement aux milieux agroforestiers. De grandes terres, plusieurs cours d’eau et bien souvent des forêts au travers de tout ça, il y a là les combinaisons parfaites pour qu’un castor décide de s’installer.

Connaître ce gros rongeur
Tout d’abord, le castor est un rongeur. Il fait partie de la famille des Castoridés. Il est le plus gros rongeur d’Amérique du Nord. Il pèse entre 10 et 25 kg et peut mesurer jusqu’à 120 cm avec sa queue. Celle-ci lui est d’ailleurs bien utile, elle lui sert de gouvernail, elle joue un rôle dans son équilibre et lui sert d’appui. Le castor est muni d’incisives longues et solides, qui grandissent continuellement. Il a des pattes palmées ce qui aide à ses déplacements dans l’eau, il a aussi de longues griffes pour l’aider à s’agripper et se déplacer au fond de l’eau. Il construit lui-même son abri soit en faisant une hutte ou bien une tanière qu’il creuse à même la berge.
Dans le passé, la traite des fourrures faisait partie intégrante de l’économie du Canada et particulièrement le castor car il était relativement facile à piéger et il y avait une très forte demande en Europe. Aujourd’hui, sa valeur est moindre, en revanche il y a plusieurs moyens de rentabiliser chaque prise. La fourrure peut être vendue ou utilisée pour faire des confections. Les glandes que l’on appelle les huileux et les tondreux peuvent être vendues pour la fabrication de plusieurs produits passant des leurres pour le trappage jusqu’aux produits de beauté. Certains utilisent les carcasses pour appâter pour la chasse et le trappage de l’ours noir. La viande peut aussi être consommée et elle est vraiment excellente. Le castor est un animal territorial et il a une excellente acuité auditive et olfactive. C’est pour cette raison qu’il est autant réactif aux leurres qu’on utilise pour le trapper.
Il est important de contrôler les populations de castors car certains deviendront nuisibles un jour mais d’autres plus éloignés ne dérangeront pas le moins du monde. Leurs barrages ont contribué à créer de nombreux milieux humides qui servent de refuges à d’autres animaux (canards, amphibiens, vison, rat musqué, etc.).
De plus en plus, les gens déménagent en forêt ou en campagne, nous sommes donc plus souvent confrontés à une situation problématique (barrage de ponceaux, inondation de routes, bris sur des plantations, etc.) C’est alors que ces personnes vont faire affaire avec un trappeur pour régler ladite situation.
Équipement et techniques
Pour trapper le castor efficacement, il vous faudra un peu d’équipement. Premièrement, il vous faudra des pièges. Je parle ici du piège en X plus particulièrement mais il y a aussi des techniques qui utilisent des pièges à rétention avec système de noyade. Vous aurez besoin d’outils sécuritaire pour manipuler vos pièges (pinces et barrure de sécurité, corde, etc.).
Pour les pièges en X, il existe plusieurs compagnies qui en fabriquent et nous sommes chanceux d’en avoir de très bons qui sont faits ici au Québec. Il n’est pas autorisé d’utiliser un piège plus petit qu’un 280. Moi personnellement, j’utilise des 330. Le chiffre représente la grosseur du piège, allant de différentes grosseurs. Dans ce cas-ci, un 330 est le plus gros piège disponible et il mesure 33 cm. Même chose pour le 280 qui est utilisé dans mon cas pour le castor, cependant, je l’utilise seulement lorsqu’il y a possiblement présence de loutre. J’utilise moins les pièges à rétention (piège à patte), mais c’est une technique très efficace lorsqu’un castor devient « éduqué » à la suite d’une mauvaise capture ou de celle d’un de ses congénères. En tout temps, il ne faut pas oublier que ce sont des pièges qui peuvent être dangereux donc manipulez les adéquatement!
Il y a plusieurs techniques qui existent et qu’il est possible d’appliquer selon la situation. On peut y aller à la passe ce qui veut dire de tendre un piège dans un de ses couloirs de circulation (photo ci-dessous), on peut tendre à la sortie de la hutte (sous l’eau), on peut installer un piège près d’un leurre pour qu’il s’y dirige directement car comme je l’ai dit plutôt le castor est très territorial. Cette technique est hautement efficace. Sinon on peut aussi tendre des pièges au barrage directement, mais c’est parfois moins efficace car les castors ont tendance à boucher le piège au lieu de se prendre à l’intérieur. Au barrage, un piège à rétention est très efficace.

Technique de trappage du castor à la passe dans un couloir de déplacement. À droite le résultat.
Une autre technique que j’affectionne particulièrement est d’accrocher mon piège en X sous un tronc d’arbre avec un système à trois clous (photo ci-dessous). Il y a peu de matériel requis et c’est très efficace. J’apprécie cette technique aussi lorsque qu’il y a beaucoup de mouvements sur la berge. Il est toujours important d’immerger complètement ou presque totalement nos pièges pour éviter le risque de capture accidentelle.

Technique du 3 clous sous un tronc d’arbre.
Quand et comment
Le meilleur moment pour trapper le castor c’est l’hiver, sous la glace. C’est à ce moment que la fourrure est vraiment à son plein potentiel. Pour ma part, je trappe souvent seule et je ne suis pas très à l’aise de jouer sur des étangs gelés. J’essaie donc de les attraper le plus tard possible en automne, juste avant que la glace prenne. Près d’une hutte, la glace est souvent plus mince du au passage fréquent des castors, il faut alors redoubler de prudence.
Un sentier de castor est habituellement assez facile à repérer et il peut y en avoir plusieurs. C’est par là qu’ils circulent pour aller chercher leur nourriture ou pour circuler près des barrages et de la hutte. Il est excellent d’installer un piège immergé dans l’un de ces sentiers! À force de circuler, la terre devient tapée et lisse et on voit très bien où ils se laissent glisser pour retourner à l’eau. Lorsqu’il y a des herbes hautes, on repère aisément les couloirs qu’ils se créent, excellents endroits pour installer un piège en X (photo ci-dessous). Lorsqu’on y va au leurre, l’endroit a beaucoup moins d’importance. Lorsque le castor sentira l’odeur du leurre que vous aurez déposé, il va presque immédiatement réagir. Il ne tolère aucun autre individu que les membres de sa colonie. Chaque technique fonctionne bien, mais il faut en connaitre plusieurs pour être capable d’agir dans toutes les situations.

Technique de piégeage du castor à la passe dans un sentier utilisé pour aller chercher la nourriture.
La période autorisée pour trapper le castor est différente d’une UGAF (territoires) à l’autre mais habituellement c’est de la mi-octobre à la mi-mars. En dehors de cette période il faut faire affaire avec les municipalités, ce sont elles qui ont la responsabilité d’entretenir les cours d’eau de leur secteur.
En terminant
Lorsque vous irez trapper chez quelqu’un qui en connait peu sur les castors, n’hésitez pas à leur expliquer les moyens alternatifs pour éviter que ça se reproduise. Lorsqu’un secteur est bon pour l’établissement d’un castor, même si on enlève le castor l’environnement demeurera un bon secteur et un autre viendra prendre sa place (photo ci-dessous). Un bon exemple est déjà de protéger les entrées et sorties de tuyaux d’écoulements, sorties de drains, etc. Là aussi, on pourrait parler longtemps de toutes les solutions possibles.
J’ai appris ce que je sais au fil du temps et je suis tout autant fière quelques années plus tard de chaque capture de castor que je fais. Au fur et à mesure, chaque personne développe sa propre technique ou a ses techniques préférées, c’est pourquoi j’adore échanger avec d’autres trappeurs sur le sujet. L’important c’est d’avoir du plaisir et d’être respectueux de la nature! Vite! Je crois qu’un castor vous attend déjà !!

Lorsqu’un habitat est propice pour le castor, même si on enlève ce dernier un autre finira par venir prendre sa place.