Truite mouchetée

Par </br>MARTIN VAILLANT

Par
MARTIN VAILLANT

Un automne tout en couleur!

Un automne tout en couleur!

Pour la majorité des amateurs de plein-air, septembre signifie l’arrivée tant attendue de la chasse, pour d’autres c’est la frénésie automnale, du doré, de l’esturgeon ou encore du maskinongé qui se fait sentir. Vous aurez sûrement deviné avec le titre et la photo que je ne vous parlerai pas de doré mais bien de truite mouchetée!  Cette pêche n’est pas la plus populaire l’automne, il faut dire qu’il est interdit de la pêcher sur la majorité des plans d’eaux publiques du Québec.

Mais… plusieurs pourvoyeurs qui ensemencent de la truite dans leurs lacs demeurent ouverts une bonne partie de l’automne. La pêche est généralement excellente en septembre et octobre, car les truites se nourrissent beaucoup l’automne venu. Mais la raison première pour laquelle j’aime bien cibler la truite à cette période, c’est que les mâles arborent maintenant des couleurs flamboyantes, des couleurs qui font même rougir les plus beaux paysages d’automnes.

Plusieurs pourvoyeurs qui ensemencent de la truite offrent la pêche automnale de la mouchetée.

C’est par hasard que j’ai tout d’abord découvert la pêche automnale à la truite mouchetée. Il y a quelques années de ça, un de mes bons amis qui avait pris goût à la pêche depuis peu me contacte et me demande si je suis partant pour un petit 3 jours de pêche, question de décrocher un peu avant l’arrivée du temps froid. Quelque chose de relaxe du genre un petit séjour en chalet sur un petit lac tranquille, en pleine nature mais pas trop loin de Montréal et si possible attraper quelques poissons au passage.  Je propose donc à mon chum un petit week-end à la truite en pourvoirie. Je me dis que ça va faire changement et comme ce n’est pas très populaire à ces dates, je ne devrais pas avoir de difficulté à trouver de la place. 

Un lent début

Nous voici donc quelques jours plus tard en direction d’une de mes pourvoiries préférées pour la truite, l’Auberge La Barrière dans Lanaudière. Après une bonne nuit de sommeil, nous nous rendons très tôt sur un lac réputé pour ses énormes truites arc-en-ciel. Ça ne commence pas très bien et c’est au bout de 4 heures de pêche intensives que je commence à douter de mon choix de cibler la truite en automne. Nous sommes sur l’eau depuis quelques heures maintenant et bien que nous puissions apercevoir de nombreuses belles truites déambuler près de la surface, aucune d’elles ne veut de nos leurres. Elles semblent carrément amorphes et elles fuient toutes nos offrandes au lieu de suivre et d’attaquer. Je propose donc à mon chum Éric une petite pause dîner et d’aller voir si la mouchetée n’est pas plus active.

La naissance d’une passion

Donc après un bon repas chaud, nous recommençons à pêcher et après seulement quelques minutes de pêche, Éric est aux prises avec une truite mouchetée qui va finalement faire osciller la balance à plus de 4 livres! Mais le plus beau dans tout ça c’est que nous avons réussi à prendre 4 grosses truites mouchetée de 3 à 4 livres en très peu de temps. Et c’est par cette journée froide, venteuse et nuageuse de septembre qu’est née ma passion pour la truite mouchetée automnale. Un plaisir avec lequel j’essaie de renouer à chaque automne depuis. J’ai d’ailleurs eu la chance de capturer quelques truites frôlant la barre des 5 livres ces dernières années mais sans jamais réussir à la dépasser. C’est finalement l’automne dernier lors d’un voyage avec ma copine que j’ai pu fracasser la barre psychologique des 5 livres ! Ce magnifique omble de fontaine mâle aux couleurs d’automne que vous pouvez voir en ouverture est sans contredit le trophée d’une vie avec un poids faisant osciller la balance à 6,4 livres! Il a été capturé au premier lancer de la journée sur un petit Atomic Teaser blanc et orange de la compagnie Berkley.

L’ami de l’auteur, Éric Trépanier exhibe fièrement le bel omble de fontaine de plus de 4 lb qu’il a leurré à la pourvoirie l’Auberge la Barrière dans la région de Lanaudière lors d’une pêche automnale.

Savoir s’adapter

Pour arriver à déjouer ces truites trophées en septembre et octobre j’ai dû adapter mes techniques à l’humeur des truites. Il faut premièrement prendre en compte les variations de température de l’eau. Au printemps l’eau des lacs est glaciale du fond à la surface, le soleil qui réchauffe l’eau durant le jour fait augmenter la température de la couche d’eau qui se trouve en surface. Comme l’eau en profondeur est plus froide que la température préférentielle des truites, elles montent se réchauffer en surface l’après-midi et se cache de nouveau en profondeur le soir venu et ce jusqu’au lendemain matin. Pour résumer, les truites sont en profondeur la nuit jusqu’à ce que le soleil ne réchauffe suffisamment la première couche d’eau en fin de matinée.

L’automne c’est tout l’inverse, la température de l’eau en surface est encore chaude durant le jour mais les nuits froides refroidissent la première couche d’eau à une température très proche de la température favorite des ombles, si bien que les truites profitent de la matinée pour chasser en faible profondeur et retourne se cacher sous la thermocline en milieu de journée. Bien que les truites chassent aussi lorsqu’elles sont en profondeur, elles sont beaucoup plus actives et faciles à capturer en surface, ce n’est donc pas la bonne saison pour faire la grasse matinée. Un autre point important est que la truite est légèrement plus au ralenti qu’au printemps, il est donc préférable de présenter nos leurres près de la surface mais à des vitesses plus lentes qu’au printemps pour un maximum de succès.

Mes leurres préférés

Parlons justement de leurre, pour débuter je vous recommande d’éviter les cuillères car bien qu’elles soient productives au printemps et en été, elles n’ont pas réellement leur place à la pêche d’automne. Pour réussir à garder une cuillère près de la surface vous devrez malheureusement aller trop rapidement et si vous diminuez la vitesse vous serez bien souvent trop profond.

Les micros leurres et les mouches sont mieux adaptés à ce type de pêche. Mes meilleures pêches ont été réalisées au lancer avec de petites jigs de 1/16 oz. Rendu fin septembre, début octobre il n’y a plus énormément de mouche ni de nymphe et c’est pourquoi je préconise alors les imitations de petits poissons appâts, d’écrevisses et de sangsues qui m’ont apporté plus de succès. Un petit leurre souple imitant un poisson appât de 1.5” à 2.5” monté sur une tête de 1/16 oz, au lancer ou à la traîne ou encore une mouche comme la Woolly Bugger imitant une sangsue ou un petit poisson à la traîne sont d’excellentes options. Avec ces dernières vous pourrez réduire votre vitesse au maximum tout en restant peu profond.

Comme il n’y a plus de mouches à la surface des plans d’eaux, il ne faut pas non plus que votre leurre flotte à la surface, une profondeur de 1 à 6 pieds est à mon avis une valeur sûre. Un petit plomb pincé de 1/16 oz placer 36 ou 48 pouces devant votre mouche devrait suffire pour la faire descendre à la bonne profondeur. Les poissons nageurs comme le petit Pin’s Minnow plongeant ou le Snap Been, tous deux de la compagnie Yo-Zuri m’ont aussi rapporté quelques beaux spécimens.

C’est avec un leurre Atomic Teaser de la compagnie Berkley (semblable à celui présenté sur la photo) que l’auteur a leurré sa plus grosse truite à vie lors d’une sortie de pêche à l’automne 2021.

Soyez prêt à
combattre le froid

Les matins de septembre et octobre peuvent être frisquets parfois et encore plus lorsque l’on est sur l’eau au grand vent. Apportez-vous des vêtements chauds et comme Dame Nature est souvent capricieuse l’automne, n’oubliez pas votre imperméable! J’ai toujours aussi avec moi une ou deux paires de petits gants, une tuque et un cache-cou. Certains matins je peux vous assurer que j’étais bien content de les avoir mis dans mes bagages. Un bon petit thermos de café ou de chocolat chaud aussi est bien apprécié dans la chaloupe.

Derniers conseils

Si le soleil réchauffe trop la surface du lac l’après-midi venu, n’hésitez pas à pêcher un peu plus en profondeur pour plus de succès. Toutefois attention, car s’il fait moins de 5°C avec un petit vent, l’eau de surface ne se réchauffera peut-être pas assez pour faire redescendre les truites plus en profondeur. Enfin, pour bien profiter de votre séjour, lever la tête de votre canne à pêche de temps à autre pour profiter du magnifique paysage qui s’offre à vous. Et surtout bonne pêche!

L’auteur avec un autre trophée automnal. Il a d’ailleurs développé une véritable passion pour la pêche de la truite mouchetée à cette période. Et le plus beau de l’histoire c’est que les pourvoyeurs ont généralement beaucoup de disponibilités à ce moment de l’année.

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