Par DENIS D'AMOURS
100% TAXIDERMIE
Site internet : damoursnature.com
Sur le terrain…soins des trophées
Votre arc, arbalète ou arme à feu vient d’exécuter à la perfection le tir que vous avez si bien contrôlé. Bravo! La nature vous a fait un don qui est bien légitime et votre trophée vous a fait vivre de grandes et délicieuses émotions! Il est temps de remercier dignement votre capture pour le don de sa vie, maintenant ce sera à vous de bien l’honorer.
Évidemment une des bonnes façons sera la naturalisation par un ou une professionnelle mais avant tout vous devrez respecter certaines règles de base pour les soins immédiats du sujet.
Deux règles
- Être délicat et patient pour le déplacement du trophée,
- Votre meilleur ami le FROID.
Oiseaux, mammifères ou poissons sont tous biologiquement, et cela dès leur mort, «attaqués» par une multitude de bactéries et enzymes et ce, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du corps. Plus vite votre spécimen sera éviscéré et refroidi, meilleur sera le résultat et pas seulement pour sa chair mais aussi pour sa peau.
Je me réjouis de constater que de plus en plus de passionnés de plein air comme vous ont changé et surtout amélioré leur façon d’agir sur les techniques et méthodes de préparation des spécimens destinés à des fins de naturalisation. Bravo! Permettez-moi néanmoins d’apporter quelques notions de bases très simples sur les soins préliminaires à effectuer sur le terrain et de retour au domicile.
Rappelez-vous toujours que le meilleur taxidermiste ne fera pas de miracle avec un spécimen en très mauvais état. Le principe de base pour la bonne conservation d’un sujet, (mammifères, oiseaux ou poissons) est de refroidir toutes les parties de l’animal le plus rapidement possible. La prolifération des bactéries qui s’attaquent à la racine des poils est directement reliée à la température excessive et ambiante dès l’instant de la mort. Celle-ci doit donc être contrôlée le plus rapidement possible sinon, on dit alors que la bête a chauffé et c’est vraiment néfaste pour un futur travail de naturalisation.
Exemple d’une peau de chevreuil ayant chauffée en raison d’une exposition trop prolongée à la chaleur. Remarquez les zones sans poil qui causeront à coup sûr de gros problèmes au taxidermiste.
La manipulation du spécimen est aussi un facteur déterminant sur la bonne conservation. N’espérez pas une présentation finale de haute qualité, si l’orignal a été trainé à l’aide d’une débusqueuse ou d’un VTT à moins de l’avoir protégé en fonction d’une naturalisation. Heureusement aujourd’hui il existe les fameux traineaux ou la fourrure de l’animal est très bien protégée des obstacles. Soyez délicat et méthodique avec les cordages ou courroie. Les poils de cervidés sont très cassants et résistent mal aux frottements et sont encore moins résistants surtout lorsque l’animal est encore chaud. Bref, usez de délicatesse avec tous les spécimens destinés à être naturalisés.
Les traineaux à gibier comme celui-ci de la maison Zone T3 protège bien la fourrure lors de la sortie de l’animal de la forêt.
Les traineaux à gibier comme celui-ci de la maison Zone T3 protège bien la fourrure lors de la sortie de l’animal de la forêt.
Cervidés
(Naturalisation épaule, mural, piédestal)
Ne jamais « saigner » l’animal
Geste inutile et mythique car le cœur de l’animal ne bat plus et son corps est inerte. De plus, vous procédez à l’éviscération quelques minutes après la mort. En agissant ainsi, vous altérez inutilement la fourrure et la peau du cou du cervidé et ceux-ci possédant un poil creux, il devient laborieux et difficile de rendre inapparent les réparations.
Pour la découpe je joins un croquis (ci-dessous) mais lorsqu’un client me demande de l’information je ne lui dis plus derrière l’épaule mais plutôt au centre du corps. Je suis alors sûr d’obtenir une belle cape longue et qui sera nécessaire surtout pour une présentation sur piédestal.
Guide pour bien enlever la peau d’un cervidé en prévision d’une visite chez le taxidermiste.
Protéger la peau des oreilles
Toujours apposer le permis ou le coupon de transport à une patte ou sur les bois, jamais à l’oreille de l’animal. Ainsi vous éviterez les déchirures et coupures inutiles qui sont quelques fois difficiles à masquer.
Il ne faut jamais percer l’oreille d’un animal pour apposer le coupon de transport.
Conservation adéquate
Il est essentiel de refroidir le spécimen le plus rapidement possible et ce, non seulement pour la qualité de sa chair, mais aussi pour sa précieuse fourrure. Suspendre l’animal dans un endroit frais et ombragé.
Récupération de la viande
Laisser le plus de fourrure possible derrière la patte avant de l’animal (voir croquis cervidés) ou mieux, à partir du centre de l’animal rouler la peau jusqu’à la base du cou ou faire une incision sur le dos jusqu’à la base du crâne afin de récupérer plus facilement la viande du cou.
Traitement de la peau
Ne jamais laisser traîner la peau de l’animal. Il est primordial d’apporter la même attention à la peau qu’à la viande. Effectuer la livraison chez le taxidermiste dans les plus brefs délais possible, sinon la refroidir rapidement, rouler cuir sur cuir et congeler dans deux sacs de plastique fermé hermétiquement.
Frigidaire de boucherie?
La règlementation d’hygiène pour les grands gibiers oblige de plus en plus les boucheries à accepter seulement les carcasses dont la peau a été enlevée au préalable, par contre si ce n’est le cas, il sera judicieux de ne pas attendre trop longtemps car même à une température basse de frigidaire les bactéries après quelques jours feront leurs apparition, plus lentement bien sûr mais, à tous les endroits ou il y à écoulement de sang, entrée et sortie du projectile, sécrétion aux coins des yeux, tour des narines et de la gueule. Il ne faut pas penser ou croire que le froid éliminera tout risque d’altération de la peau…Le frigo c’est bien même très bien mais pour un certain laps de temps. À vous de juger! Mais sachez que à chaque saison, je reçois des peaux de cervidés trop longtemps à la boucherie et par le fait même très altérées et même avec une odeur de début de putréfaction au niveau de la tête, ce qui annule la possibilité d’une belle naturalisation, Bref! Récupérer la peau avec tête rapidement et apportez le tout à votre taxidermiste car lui saura quoi faire.
Mammifère
(grandeur nature)
D’autres techniques s’appliquent à d’autres mammifères tels qu’ours, loups, couguars, etc.
Deux procédés peuvent être utilisés : l’incision ventrale ou l’incision dorsale (voir croquis ci-dessous). Cette dernière est utilisée surtout lorsque les spécimens sont destinés à être naturalisés en entier, ou grandeur nature, (ours, loups, etc.). Elle ne s’applique pas aux cervidés. L’incision débute à l’arrière de la tête et finit sa trajectoire vers la base de la queue. À noter que si le mammifère a été écorché par le ventre, il peut quand même être naturalisé grandeur nature, à condition évidemment, de conserver précieusement ses coussinets plantaires ou selon le cas, ses sabots ainsi que ses organes génitaux.
Guide pour bien enlever la peau d’un gros mammifère destiné à un montage grandeur nature.
Tous les mammifères dont la dimension ne dépasse pas celle d’un coyote devraient parvenir en entier chez le taxidermiste. Il est important de refroidir le gibier avant de procéder à son emballage. Réduire le volume du mammifère en le recroquevillant sur lui-même avant de l’insérer dans deux ou trois sacs de matière plastique. Chasser le plus d’air possible et congeler.
Soyez très méticuleux sur les soins apportés à la tête, aux yeux, à la lèvre, au nez etc. D’ailleurs un bon et judicieux conseil est de ne pas prélever la peau sur la tête,…laisser ce travail méticuleux au taxidermiste. Une mauvaise coupure à ce niveau (surtout les yeux) est difficile à réparer et occasionne des coûts supplémentaires. Ne congelez surtout pas une grande peau fraîchement écorchée sans au préalable, l’avoir bien refroidie dans son ensemble, car le centre du paquet va demeurer chaud très longtemps et peut occasionner un début de putréfaction. Pliez chair contre chair, roulez et emballez soigneusement la peau et congelez par la suite.
Lors de la manipulation de votre gibier en vue du retour au camp, portez une attention particulière à la manière que vous utilisez les cordages qui peuvent endommager la fourrure. Attention aussi aux yeux, aux lèvres et au nez qui sont fragiles.
Quant aux « grands aventuriers » qui se retrouvent loin de toute forme de refroidissement dans les plus brefs délais, le sel fin demeure l’ingrédient par excellence pour la conservation des gros mammifères. Toutefois, souvenez-vous que pour être efficace au maximum, la peau de l’animal devra être bien dégraissée le plus soigneusement possible sur le terrain. Les oreilles, les paupières, les lèvres, les parties intérieures du museau ainsi que la base des griffes ou sabots devront être bien retournés et débarrassés des chairs et tous corps gras qui y adhèrent. Ces opérations terminées, la peau sera étendue à plat dans un endroit ombragé et bien aéré. Couvrez d’une généreuse couche de sel fin et frottez jusque dans les moindres recoins de celle-ci. Environ douze heures plus tard, vous devrez la secouer, l’égoutter et la saler de nouveau. Enfin, roulez la peau avec le sel de tous les cotés à la fois vers le centre. Une peau méticuleusement apprêtée de cette façon se conservera très longtemps (voire des mois) sans congélation.
Pour conclure, si vous avez des doutes sur certains points posez quelques questions à votre taxidermiste avant votre excursion de chasse. Septembre est bien entamé et cela signifie le début des chasses automnales…..alors bons succès à vous tous et surtout amusez-vous intensément mais prudemment. Lors d’une prochaine chronique, j’approfondirai les soins pour les oiseaux et poissons.
Deux montages de grande qualité de l’auteur reflétant une excellente manipulation préalable du chasseur sur le terrain.
DENIS D’AMOURS