
Textes et photosMICHEL LA HAYE
100% SAUVAGINE

Preuve de l’efficacité de la cache, un beau tableau de chasse et des beaux sourires.
Nous y sommes, enfin, ce matin premier nord-est, frais et vif, précurseur d’une belle saison de chasse qui se pointe à l’horizon 😊. Dans mon cas, le booking est toujours lent, en effet, en ce début de septembre, il me reste beaucoup de place, mais je sais que le temps frais va réveiller les sauvaginiers encore engourdis par les canicules accablantes de cet été comme il le fait avec la sauvagine elle-même! Qui vivra verra ! Bonne lecture.
Réponse
aux lecteurs
Réponse aux lecteurs
Lors d’un tout nouvel événement de chasse et de pêche organisé par la base de plein air de Sainte-Foy vers la fin d’août, je donnais des cliniques d’appel à la sauvagine. Un des participants, ayant parcouru 4 heures de route pour y assister, m’a posé la question suivante : « comment organiser les appels de la bernache en groupe ? ». Pour les vraies bernaches, les cris sont lancés à la « va comme je te pousse » mais pour un groupe de chasseur, quelques règles doivent être respectées pour obtenir un bon tôt de succès. J’ai déjà expliqué à plusieurs reprises l’importance d’accorder vos appels avec le comportement et la réponse des oiseaux convoités, dès que vous avez trouvé le cri de la journée, car chaque jour ils préféreront un appel en particulier, vous vous concentrez que sur celui-ci en lui apportant toutes sortes de modulations. Par exemple, dans le cas des bernaches, vous les verrez se compromettre en sortant les pattes, tournant leurs ailes et en se gonflant pour compenser la perte de vitesse et de portance dès que vous émettez le bon cri, il s’agit ensuite de continuer de les appeler jusqu’à ce qu’elles soient à une portée de tir raisonnable. Cet art se peaufine avec le temps et l’accumulation de sorties sous diverses conditions, on appelle ça avoir de l’expérience, une chose que plusieurs personnes croient pouvoir obtenir par le web ! Mais non, c’est sur le terrain que ça s’apprend accompagné d’un bon mentor ouvert et généreux ! Revenons à la question du sauvaginier, j’ai choisi comme analogie un orchestre avec plusieurs musiciens et UN chef qui coordonne l’ensemble. Pour les appels de groupe, c’est exactement le même principe, il faut que le chasseur le plus expérimenté dirige les appels. Par exemple, il accélère et débute des cris de rappel, vous faites de même, il ralentit, idem et ainsi de suite. Si vous êtes plus que cinq à appeler, vous pouvez ajouter une variante à ce principe. Un ou deux chasseurs émettront des cris de base, des petits gloussements, des plaintes pour les bernaches et des « couacs » cris territoriaux pour les canards, tandis que les autres suivent le chef d’orchestre. Des pratiques de groupe que vous enregistrez et visionnez ensuite ensemble vous aideront grandement à vous améliorer. Voir exemple d’appels en duo ci-dessous.
Exemple d’appels de la bernache en duo. Un chef d’orchestre qui mène la danse et l’autre «calleur» qui suit la cadence.
Appelants-appels-caches
J’aimerais vous expliquer la différence entre la visibilité et la perceptibilité d’une cache, ce sont des concepts très différents. Par exemple, sur la photo 1 à droite, la cache camouflée de branches de conifère est très visible pour les humains, mais peu par dans ce cas-ci, les bernaches comme en fait foi le tableau de la photo d’ouverture en début de chronique. Elle s’intègre parfaitement au paysage environnant et ne brise pas la ligne d’horizon ou de l’arrière-plan, deux principes à toujours respecter quand vient le temps de cacher sa cache comme je dis souvent en riant !
J’aimerais vous expliquer la différence entre la visibilité et la perceptibilité d’une cache, ce sont des concepts très différents. Par exemple, sur la photo 1 ci-dessous, la cache camouflée de branches de conifère est très visible pour les humains, mais peu par dans ce cas-ci, les bernaches comme en fait foi le tableau de la photo d’ouverture en début de chronique. Elle s’intègre parfaitement au paysage environnant et ne brise pas la ligne d’horizon ou de l’arrière-plan, deux principes à toujours respecter quand vient le temps de cacher sa cache comme je dis souvent en riant !
Photo 1Une belle cache visible pour les humains mais imperceptibles pour les bernaches.

Photo 1 Une belle cache visible pour les humains mais imperceptibles pour les bernaches.
Vous connaissez l’expression trop c’est comme pas assez, je me souviens de trois caches couchées disposées au centre d’un champ de maïs frais récolté, on pouvait facilement distinguer les trois grosses bosses formées par l’accumulation de restes de plants déposés sur les caches alors que ces débris étaient très épars et ne recouvraient pas toute la surface du sol. Dans ce cas, les caches étaient peu visibles, se fondant avec le type de couvert autour mais très facilement perceptibles par les bernaches qui les évitaient systématiquement. Regardez sur la photo 2A ci-dessous, le même type de caches disposées en plein champ de luzerne. Nous avions barbouillé les caches avec de la boue provenant du champ et disposé quelques poignées de luzerne à tous les 30 cm environ pour imiter le fond de champ qui contenait peu de restes de végétation et dont certaines parties étaient complètement dénudées. Les bernaches n’y ont vu que du feu, celui qui sortait du bout de nos canons (photo 2B ci-dessous)! Le meilleur truc que je puisse vous donner, est de vous éloigner de la cache vers la direction d’où proviendra la sauvagine ciblée et d’évaluer ces deux critères de camouflage de votre cache, la visibilité et la perceptibilité, et, le cas échéant, apporter les correctifs nécessaires pour rectifier le tir comme on dit !

Photo 2A
Cache couchée disposée en plein centre d’un champ de luzerne récolté deux semaines auparavant complètement invisibles aux yeux des oiseaux (ci-dessus). Notez la proximité des bernaches, la photo ayant été prise à partir de la cache la plus éloignée. Les outardes n’y ont vu que du feu (ci-dessous)!

Photo 2B
Cache couchée disposée en plein centre d’un champ de luzerne récolté deux semaines auparavant complètement invisibles aux yeux des oiseaux (gauche). Notez la proximité des bernaches, la photo ayant été prise à partir de la cache la plus éloignée. Les outardes n’y ont vu que du feu (droite)!
Biologie et aménagement
Biologie et aménagement
Au sujet de la grippe aviaire, je vous propose une excellente source d’informations à large éventail provenant d’une revue effectuée par l’Université de Montréal sur le site suivant : https://droit.umontreal.ca/en/faculty/communications/publications/news-details/news/detail/News/situation-de-linfluenza-aviaire-en-cours-au-quebec/. Pour le moment, les dernières mises à jour remontent au mois de juin, dossier important à suivre.
Cette année encore, la limite quotidienne pour la bernache est de deux/jour au Québec et de 3/jour en Ontario de l’ouverture de la chasse au début du mois de novembre. Cette mesure a été adoptée à la suite d’un constat de stagnation du succès de nidification et de baisse d’abondance chez les bernaches migratrices du Québec et de l’est de l’Ontario depuis les cinq dernières années. Ces constats sont basés sur des relevés systématiques effectués annuellement par des survols des aires de nidification des troupeaux de la Baie-James et de la baie d’Ungava et par des analyses statistiques robustes montrant une baisse significative de l’abondance durant cette période. Il y a toujours des sceptiques qui croient que les gouvernements n’en font pas assez pour la sauvagine, je les invite à parcourir une section du site du gouvernement fédéral sur l’environnement et les ressources naturelles : https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/releves-oiseaux/sauvagine/liste.html.
Anecdote sauvaginière
Anecdote sauvaginière
Lorsque j’étais pas mal plus jeune, à la fin du secondaire et au cégep, j’avais l’habitude de chasser la sauvagine en compagnie de mon vieux chum Claude dans le coin de Saint-Paul-de-l’île aux Noix, plus précisément dans le fond de la baie du ruisseau Bleury. Un vrai paradis de chasse aux canards, mon dieu que nous en avons récoltés à cet endroit, probablement assez pour remplir toute ma grande et vieille maison bicentenaire! Fusil dans son étui attaché à la barre de nos « dix vitesses », waders pliées sur le support arrière et appelants dans un grand pack sac de chasse sur notre dos, nous partions en pleine nuit pour parcourir, beau temps mauvais temps, les 18 km qui nous séparaient de la demeure de Claude au fameux trou de la Bleury comme on le nommait ! Chasse terminée, on enfourchait nos vélos que nous cachions dans un boisé près du collège avec tout le kit de chasse et les prises pour ne pas arriver « trop » en retard au premier cours ! Tsé, quand tu es un vrai maniaque de chasse ! Ne vous demandez pas pourquoi à bientôt 60 ans j’ai toujours le feu sacré et des nuits blanches les veilles de l’ouverture .
Bref, un bon matin, il me prend l’envie d’y aller seul, Claude, (beau garçon à l’époque qui poignait comme un diable béni!), ayant fait une nouvelle conquête avec laquelle il avait fait connaissance pas mal toute la nuit ! L’eau était basse, très basse, j’ai donc eu la « brillante idée » de m’enfoncer plus loin dans le marais en arrière de la baie à la limite de la végétation, une très mauvaise idée que j’allais ensuite regretter amèrement ! Que se trouve-t-il habituellement au fond des marais à la limite de la prise de végétation ? De la BOUE MOLLE, mais vraiment molle, aucun réseau racinaire n’étant présent pour solidifier le fond ! Les particules fines apportées par les pluies provenant de l’égouttement des terres agricoles avoisinantes sédimentaient en grandes quantités exactement à cet endroit, et le fond n’avait aucune structure solide, que de la boue !
Un vieux guide du coin, ti-Guy Mayer, nous avait pourtant bien avertis que le fin fond de la baie contenait du vrai sable mouvant, et que même un tracteur s’y serait enlisé par-dessus la cabine voici quelques années… Nous ne l’avions pas pris au sérieux, comme de raison ! Alors, en allant porter le premier appelant, je commence à m’enfoncer, encore et encore, rendu presque en dessous des bras et toujours incapable de m’extirper de ce piège, la succion retenant mes pieds en dessous de plus de 80 cm de boue, je réalise que je suis vraiment bien pris dans du….. sable mouvant !!! On ne peut pas flotter dans ce liquide, les ponts hydrogène de l’eau étant brisés, on coule comme une roche ! Je le savais très bien lisant sur tout continuellement, et même si je portais mon bon vieux manteau Mustang camouflage, je savais que je coulerais. Ne faisant ni une ni deux, je décide de sortir de mes waders, que j’ai laissées en place (elles y sont toujours d’ailleurs), et de ramper vers la touffe de végétation la plus proche. Le hic est que j’étais parti vite ce matin et ne portait qu’une paire de combines sous les waders ! Imaginez-moi, nu pied, début novembre, en combine complètement recouvert de boue ! Je suis et j’ai toujours été très résistant aux intempéries, mais là je sentais un engourdissement général m’envahir! Je pars donc d’un bon pas vers la maison la plus proche, celle d’un producteur laitier, vous auriez dû y voir la face quand il a ouvert la porte ! Généreux, mais riant de bon cœur de mon histoire, il m’a prêté des vêtements de rechange et préparé un bon déjeuner, il y a de ces moments que même un café instant qui goûte l’eau de vaisselle prend des saveurs d’expresso de luxe ! Je suis arrivé en retard au cours, habillé en travailleur, salopette bleue et chemise à carreaux, sous les moqueries de mes amis, mais le cœur rempli d’un beau souvenir et c’est avec plaisir que je vous le livre aujourd’hui .

