CHEVREUIL à l'APPÂtAGE

Texte et photos </br>CHRISTIAN DE BEAUMONT

Texte et photos
CHRISTIAN DE BEAUMONT

DANIEL HATIN

DANIEL HATIN

Les facteurs du succès

PARTIE 1

Questions de réussite

La probabilité de récolter un mâle mature sur un site d’appâtage peut dépendre de plusieurs facteurs. Certains d’entre eux semblent peser beaucoup plus lourd que d’autres dans la balance du succès! Pour accroître ses chances, il importe non seulement de bien les identifier, mais également de bien les comprendre afin de les faire jouer en notre faveur ! 

Plusieurs auteurs et experts de l’appâtage ont soulevé de nombreuses astuces et stratégies permettant d’accroître le succès lorsque nous chassons directement sur les appâts. Prises sous l’angle de conditions gagnantes, elles peuvent devenir de véritables variables permettant de prédire les chances de récolter un mâle mature sur un site appâté. D’autres experts proposent plutôt de chasser en périphérie de ces sites d’appâts. Quoi qu’il en soit, une majorité de chasseurs chassent tout de même directement sur le site des appâts. Si c’est votre cas, cet article a pour but de vous permettre d’y voir plus clair afin de maximiser vos chances de succès.

De nombreux articles visent à fournir les bonnes réponses!  En misant sur l’identification de bonnes questions (facteurs) et sur l’utilisation de la topographie, cette série de deux articles pourra vous permettre d’apporter certaines améliorations ou de mieux choisir votre prochain site! Pour y arriver, je vous proposerai donc deux tests !

Les questions préalables

Qui dit nombreux facteurs, dit autant de questions ! Voici donc le premier test : celui des questions préalables. Bien que ce soit essentiellement un inventaire de questions que nous connaissons déjà et dont plusieurs relèvent d’une certaine évidence, je vous invite à y répondre en toute honnêteté. Prenez une feuille de papier et répondez simplement aux questions par vrai ou par faux.

  • J’ai la confirmation qu’il y a bien des mâles matures sur mon territoire ou les environs pendant la période où je chasse (photo ou observations)?
  • J’ai la possibilité de chasser près de la période entourant le plein rut (deux dernières semaines de novembre)?
  • Si je chasse le plein rut, est-ce que j’ai des femelles qui occupent mon territoire pendant cette période?
  • Je porte une grande attention à l’odeur de mes vêtements ou à mon odeur corporelle?
  • Je chasse avec une arme à moyenne ou longue portée (fusil, arme à chargement par la bouche ou carabine)?
  • Je ne serai pas dérangé par des présences humaines indésirables (répondre en fonction de l’expérience des dernières années ou de ce que vous anticipez)?
  • Je dispose de plus d’un site appâté ?
  • Je dispose de plus de 7 jours de chasse durant la période du rut?
  • Je connais bien mon arme et j’ai pratiqué suffisamment?
  • J’ai un bon appui pour mon arme depuis mon mirador ou ma cache?
  • J’évite de mettre de l’odeur ou déranger le secteur en m’y rendant tout au plus, une fois par quinze jours (inclus éviter d’aller chercher fréquemment ses caméras, appâtage fréquent ou quotidien etc.)?
  • J’ai accès à une ou des caméras cellulaires qui fonctionnent sur mon site d’appâtage?
  • Je contrôle avec rigueur les bruits indésirables lorsque je chasse (mirador et vêtement)?
  • Je suis assidu dans mes présences à mon mirador (je me lève tous les jours, je suis en mesure de chasser les premières minutes le matin, je me rends tôt dans mon mirador en PM)?
  • Je ne dérange jamais les chevreuils lorsque je me rends à mon mirador ou à ma cache?
  • Je garde confiance et j’ai une attitude positive tout au long de la saison?
  • Mon site ne manque jamais d’appâts?
  • Je connais mon territoire depuis plus de 3 ans ?

Calculez maintenant le nombre de vrais que vous avez obtenus et conservez votre réponse.

Mais pourquoi ces questions?

Les questions retenues ne sont pas le fruit du hasard, elles m’ont été inspirées par l’expérience acquise depuis plus de 30 années d’essais, de succès, mais surtout d’erreurs, les miennes principalement mais également à bénéficier de l’expérience de chasseurs passionnés de ce type de chasse. Chacune de ces questions concerne un élément critique susceptible d’influencer grandement le résultat de votre chasse. Une combinaison favorable de ces éléments multipliera de façon très importante vos chances de succès. Voyez maintenant pourquoi!

J’ai la confirmation qu’il y a bien des mâles matures sur mon territoire ou les environs pendant la période où je chasse (photo ou observations)

Pour réussir à déjouer régulièrement des mâles matures, vous devez chasser là où il y a des mâles matures. Année après année, certains sites semblent être de véritables aimants à mâles matures. Assurez-vous de la présence de mâles mâtures dans les jours précédents votre chasse. Miser seulement sur l’apparition soudaine de mâles errants (outsiders) diminue grandement vos chances de récolte, bien que cela vaut toujours mieux que de rester au camp !

RICHARD MONFETTE

J’ai la possibilité de chasser près de la période entourant le plein rut (deux dernières semaines de novembre ?)

Si je chasse le plein rut, est-ce que j’ai des femelles qui occupent mon territoire pendant cette période? 

L’imprudence occasionnée par la période d’accouplement, les déplacements accrus des mâles durant cette période ou la simple présence d’une femelle en chaleur dans votre secteur comptent certainement parmi les facteurs qui auront le plus d’impact sur le succès de votre chasse. Attention, si les femelles désertent votre secteur pendant la période du rut, il est fort probable que les mâles en fassent tout autant.

Je chasse avec une arme à moyenne ou longue portée (fusil, arme à chargement par la bouche ou carabine)?

La chasse à l’arc est une chasse beaucoup plus sportive qui laisse nettement plus de chance au gibier. Toutefois, pris sous l’angle des probabilités, j’ai bien l’impression que le vieux dicton de mon ami Denis qui dit que la chasse à l’arc amène bien souvent plus d’anecdotes que de gibier sur la pôle soit bien vrai. Chasser avec une arme à moyenne ou longue portée est susceptible d’accroître fortement vos probabilités de récolter un mâle mâture. À chacun ses choix et ses objectifs!

Je ne serai pas dérangé par des présences humaines indésirables (répondre en fonction de l’expérience des dernières années ou de ce que vous anticipez)?

Des voisins trop curieux ou encore malhonnêtes peuvent avoir vite fait de ruiner tous vos efforts. Il est déjà assez difficile de rivaliser avec les mâles matures que, si vous devez en plus lutter contre des malfaisants, cela risque très fortement de diminuer vos chances de succès sans compter tout l’argent (vol de caméra), les dépenses et l’énergie investie pour rien.

MARK RAYCROFT

Je dispose de plus de 7 jours de de chasse durant la période du rut?

Les aléas de la météo et autres facteurs hors de notre contrôle sont susceptibles de grandement influencer nos chances de succès.  Les fenêtres d’opportunités pour récolter ces mâles matures sont rares, il faut donc s’assurer d’être en mesure d’en profiter au maximum lorsque le moment est venu. Disposer de plus de 7 jours durant la période où les grands mâles sont les plus vulnérables n’est vraiment pas un luxe.

Je connais bien mon arme et j’ai pratiqué suffisamment?

J’ai un bon appui pour mon arme depuis mon mirador ou ma cache?

On a beau avoir tout mis en œuvre pour voir apparaitre ce grand mâle tant convoité, il reste que le résultat final dépendra ultimement de ces quelques secondes qui feront le lien entre vous, votre arme, son projectile et le gibier convoité.  Ce sont malheureusement et trop souvent les secondes pour lesquelles nous investissons le moins.  Prendre un tir confiant avec une arme bien ajustée et un bon appui risque fort bien de faire la différence dans le dénouement de votre chasse.  Il ne faut pas oublier qu’il suffit d’un seul élément mal planifié pour ruiner un grand projet!

CHRISTIAN DE BEAUMONT

J’ai accès à une ou des caméras cellulaires qui fonctionnent sur mon site d’appâtage?

Non seulement les caméras cellulaires vous donnent en continu de l’information sur la présence des mâles matures et du moment propice pour les chasser, mais elles vous permettent également de vérifier la quantité d’appâts en présence sur votre site, vous évitant ainsi de vous y rendre inutilement, de risquer de déranger le gibier et d’y mettre une tonne d’odeur indésirable.

Je suis assidu dans mes présences à mon mirador (je me lève tous les jours, je suis en mesure de chasser les premières minutes le matin, je me rends tôt dans mon mirador en PM)?

Je garde confiance et j’ai une attitude positive tout au long de la saison?

Il est plutôt rare de récolter un mâle mature assis dans le camp. Combien de fois avez-vous vu un beau mâle errant (outsiders) arriver de plein jour sur votre site alors que vous n’y étiez pas! Combien de fois êtes-vous arrivé à votre site trop tard en PM et avez-vous dérangé les chevreuils dans les appâts. À quelle heure quittez-vous après votre chasse du matin ? Votre niveau de préparation est grandement susceptible de renforcer votre confiance! Restez positif est non seulement susceptible d’assurer votre succès mais celui de l’ensemble de votre groupe.

Je contrôle avec rigueur les bruits indésirables lorsque je chasse (mirador et vêtements)?

Pssssssst, Crac, Ding, il est parti ! Mon échelle craquait tellement ce matin avec le froid, mon mirador a fait un gros CRAC quand je me suis levé debout, mon manteau a fait PSSSSIT en frottant après l’arbre et finalement DING mon canon a cogné après le mirador, alors que le grand mâle était juste sous ma cache!

Mon site ne manque jamais d’appâts?

Dans un territoire à forte pression avec abondance de sites appâtés dans les environs, s’assurer de ne pas manquer d’appâts peut éviter un mouvement indésirable du cheptel de chevreuils. Miser sur la propension des chevreuils à revenir sur le site plus fréquemment en créant volontairement une rareté d’appâts semble un pari très risqué dans ce contexte.

CHRISTIAN DE BEAUMONT

Je connais mon territoire depuis plus de 3 ans ?

Deux des meilleurs chasseurs de chevreuils que je connais considèrent la connaissance du territoire et des comportements des chevreuils sur celui-ci comme le facteur le plus important du succès. Ceux-ci arrivent régulièrement à prédire avec une justesse déconcertante le moment et le déroulement de la récolte de leur grand mâle. Sécuriser l’accès à un territoire de premier plan et s’y investir pendant quelques années contribueront certainement à accroître votre succès. Cela rappelle également l’importance de s’investir année après années dans la prospection afin de garder des plans de rechange.

Conclusion

Le succès dans la récolte d’un mâle mature sur un site d’appâtage relève de plusieurs facteurs. Se questionner concrètement et de façon structurée sur lesquels de ces facteurs nous pouvons agir le plus facilement et lesquels sont les plus susceptibles d’influencer notre succès avec le moins d’efforts contribuera à accroitre grandement la probabilité de récolter un mâle mature. En somme demandez-vous simplement quels facteurs vous devriez améliorer en premier!

Il faut considérer ces facteurs comme un ensemble, un système inter relié, un peu comme une chaîne. En identifiant et améliorant son maillon le plus faible, vous améliorerez grandement le résultat d’ensemble. À ce sujet, soyez assuré que les meilleurs chasseurs que je côtoie, ceux qui récoltent des mâles matures sur leurs sites appâtés pratiquement tous les ans respectent pratiquement tous ces critères. Après avoir complété ce test, ces chasseurs répondent positivement à pratiquement toutes ces questions. Et vous ?   

L’expérience, les succès autant que les échecs me laissent avec une certitude, c’est que les  réponses se trouvent bien souvent dans les questions elles-mêmes!  Nous savons assez bien ce qu’il faut faire, à nous de jouer maintenant.  Espérant cela utile, je vous souhaite une excellente saison de chasse et vous invite à lire la deuxième partie de cet article dans notre prochain numéro qui vous présentera la chasse du chevreuil avec appâts sous une autre perspective.

Le fils de l’auteur Alexandre admirant fièrement le beau buck qu’il a récolté durant la période du rut en compagnie de son père. Preuve qu’avec une bonne préparation et en respectant certaines règles il est tout à fait possible de déjouer des mâles adultes aux appâts.

CHRISTIAN DE BEAUMONT

Le fils de l’auteur Alexandre admirant fièrement le beau buck qu’il a récolté durant la période du rut en compagnie de son père. Preuve qu’avec une bonne préparation et en respectant certaines règles il est tout à fait possible de déjouer des mâles adultes aux appâts.

Retour en haut