ORIGNAL
Par MARCO CHABOT
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5
meilleurs moments pour garder le silence
PREMIÈRE PARTIE
MARK RAYCROFT
MARK RAYCROFT
5
meilleurs moments pour garder le silence
PREMIÈRE PARTIE
L’un des plus grands plaisirs de chasser l’orignal est sans contredit la possibilité d’utiliser l’appel pour le faire venir à portée de tir et cette technique est bien sûr pratiquée par la grande majorité des chasseurs. Toutefois, dans ce premier article et le suivant dans l’édition de septembre, notre chroniqueur explique les vertus, croyez-le ou non, du silence.
Mise en contexte
Il n’y a rien de plus stimulant que de voir apparaître, par un beau matin de givre, un majestueux mâle qui vient dans notre direction en répondant à nos appels et en se « lichant » le museau plein de bave. C’est donc tout à fait logique que de nombreux chasseurs utilisent l’appel de l’orignal et les appeaux électroniques pour espérer vivre cette expérience mémorable. Sans compter que le fait de maîtriser le langage amoureux des orignaux constitue un leurre redoutable dans le coffre d’outil du chasseur.
Toutefois, depuis quelques années, il semble y avoir un consensus dans le domaine sur le fait que les orignaux sont tellement stimulés par les appels des chasseurs qu’ils sont certainement en mesure de reconnaître davantage les imitations langoureuses du chasseur. J’irais même jusqu’à blaguer que l’orignal est capable d’identifier un chasseur par son nom dès que ce dernier débute ses appels. Orignal : « Tiens. Tiens. Joe le chasseur est de retour dans le coin ce matin. » Trêve de plaisanterie, le but est plutôt de souligner le fait que parfois, trop c’est comme pas assez.
De plus, certains inventaires aériens dénotent une réduction des orignaux sur le terrain dans quelques régions du Québec. Plusieurs inventaires révèlent aussi un déséquilibre significatif dans le ratio mâle/femelle dans plusieurs régions. D’ailleurs, depuis 3-4 ans, il n’est pas rare que je voie un mâle de 30 pouces de panache accompagné de 4, 5, 6 femelles. Alors, qu’à une certaine époque, les harems étaient entretenus par des gros mâles. Donc, pendant que le nombre de chasseurs augmentent graduellement au Québec, le nombre d’orignaux et surtout le nombre de mâles diminue dans certaines régions giboyeuses. Il est donc logique de croire que le même orignal a plus d’interactions avec les chasseurs qu’auparavant et que la compétition est moins féroce entre les mâles pour avoir accès aux femelles.
Aussi, je dénote que les automnes sont plus chauds qu’il y a 20 ou 30 ans. Les changements climatiques contribuent à l’augmentation des températures moyennes journalières. Il n’est pas rare de voir des températures osciller autour de 25 degrés Celsius plusieurs jours durant le mois de septembre et parfois même en octobre. Or, l’orignal ne tolère pas beaucoup les températures au-delà de 17 degrés Celsius. Au-delà de ce seuil, l’animal adopte une routine diurne durant laquelle il cherche les endroits climatisés et les sources d’eau tout en se déplaçant le moins possible. Alors qu’il concentre ses activités plus exigeantes pendant la fraîcheur et la tranquillité de la nuit.
ALEXANDRE VOYER
Désormais les automnes sont plus chauds qu’il y a 20 ou 30 ans et comme l’orignal ne tolère pas beaucoup les températures au-delà de 17 °C il adopte une routine diurne durant laquelle il cherche les endroits climatisés près des sources d’eau tout en se déplaçant le moins possible.
Selon mon opinion, tous les facteurs énumérés précédemment expliquent l’apparition d’une nouvelle réalité à laquelle les chasseurs sont confrontés : les orignaux sont moins réceptifs et ont développé une méfiance aux appels. En effet, les chasseurs avec qui je discute et moi-même, nous réalisons que les orignaux répondent moins souvent et que les mâles, surtout ceux qui sont éloignés, semblent ignorer plus fréquemment nos appels depuis quelques années. Bref, l’orignal s’approche moins souvent et il répond moins car il s’adapte. Il s’adapte énormément à l’augmentation de la pression de chasse jumelée à une sous représentation du nombre de mâles par rapport aux femelles et à des journées plus chaudes l’automne venu.
Pour soutenir mon point sur les capacités d’adaptation de l’orignal à la pression de chasse j’aimerais comparer mon expérience vécue auprès des orignaux du Parc de la Gaspésie par rapport à ceux situés en périphérie. J’aime aller dans ce magnifique espace protégé pour observer le roi de nos forêts québécoises. C’est comme faire une visite dans un zoo sauvage mais sans enclos. Ce que je veux dire, c’est que les orignaux sont tellement habitués aux nombreux randonneurs qui fréquentent le parc de la Gaspésie qu’ils ne sont nullement effrayés par la présence humaine. Il n’est pas rare de pouvoir observer ce mammifère, à de très courte distance, vaquer à ses occupations quotidiennes comme si l’humain était un autre animal familier habitant la même parcelle de forêt. Alors que, si vous embarquez dans votre voiture pour vous rendre 15 kilomètres plus loin, soit à la limite du Parc de la Gaspésie, dès que vous commencerez à croiser les innombrables miradors des chasseurs, vous verrez que les orignaux sont aussi farouches que ceux que vous chassez partout ailleurs au Québec. Pourtant il n’y a que quelques kilomètres entre les orignaux non chassés et ceux pourchassés par les humains.
L’animal apprend de la pression de chasse. Il s’adapte aussi aux autres variables telles que la population d’orignaux, le ratio mâle/femelle et les journées plus chaudes. Son comportement change et l’animal est par conséquent moins réceptif aux appels. Le chasseur doit s’adapter à cette réalité pour sortir son épingle du jeu afin de continuer à avoir du succès. L’appel de l’orignal demeure une arme redoutable mais si le chasseur souhaite se démarquer dans cette facette, il a tout intérêt à apprendre à reconnaître les moments opportuns pour garder le silence.
L’approche et l’écoute silencieuse avant d’effectuer les appels
Depuis une vingtaine d’années, un grand nombre de chasseurs se déplacent en forêt sur de longues distances tout en effectuant des appels. Je crois que ce phénomène est directement relié au fait que plusieurs guides ont réalisé des vidéos, des émissions et des articles de chasse démontrant comment utiliser cette technique et à quel point, elle peut être efficace. Moi-même, j’ai popularisé la technique de la chasse à l’approche, dans un DVD, qui consiste à contourner un orignal qu’on a repéré, tout en imitant un mâle et une femelle, de sorte que ce dernier vienne voir qui le contourne.
Comment le chasseur, qui aime parcourir le plus de terrain possible tout en lançant des appels, doit-il maintenant composer avec le fait que l’orignal est moins réceptif ? Ce que je suggère dorénavant, au lieu de sillonner la forêt à l’aveuglette en réalisant des appels tout au long du parcours, est de choisir uniquement des endroits propices pour le faire. Vous pourrez identifier ce lieu prometteur soit à l’aide de cartes ou grâce à une exploration du terrain afin de repérer des indices tels que des traces, du broutage, du crottin frais, des sons, des bruits, etc.
Puis, une fois le lieu ciblé, c’est au moment de s’y rendre (ou d’y retourner) que je suggère de faire ce déplacement en silence, sans bruit et sans appel. D’ailleurs, s’il y a un sentier ou un chemin pour se rendre dans ce lieu à pas feutrés et sans faire d’appels, c’est encore mieux car vous n’alerterez pas les orignaux lors de votre approche. Une fois arrivée sur les lieux, le silence est encore de mise. En effet, avant de sillonner le boisé et de lancer vos appels durant votre déplacement, je préconise de garder le silence pendant au moins 30 minutes. Cette période d’attente a deux buts. Le premier objectif est de laisser le temps aux bêtes qui ont perçu votre arrivée de reprendre leurs activités. Le deuxième est pour que vous profitiez de cette période pour écouter attentivement le moindre bruit de la forêt.
Si jamais, vous n’entendez rien de particulier après 30 minutes, vous pouvez débuter votre déplacement en faisant des appels dans cet endroit prometteur. Si, pendant ce moment de silence, vous entendez un indice de la présence d’un orignal, identifier le plus approximativement possible la source du bruit sur votre GPS. Ensuite, je vous encourage à vous diriger vers cet endroit sans faire d’appels jusqu’à environ 90-120 m (300-400 pieds). Si vous êtes en pleine forêt, il peut être difficile de vous approcher à cette distance de votre objectif sans susciter la crainte de l’orignal. C’est pourquoi vous mettrez toutes les chances de votre côté en vous déplaçant vers votre point GPS tout en imitant un orignal qui mange. Nous verrons plus attentivement cet aspect dans un prochain article. Une fois que vous serez à 90-120 m (300-400 pi) de l’animal, c’est le moment idéal pour briser le silence et pour signaler votre présence avec vos appels. J’ai remarqué qu’une fois rendu à cette distance, l’orignal réagit habituellement davantage. Alors que celui qui est à 450 m (1500 pi) réagit de moins en moins. C’est ce que j’appelle : entrer dans la « bulle » de la bête.
MARCO CHABOT
Lorsqu’il entend un bruit d’orignal, l’auteur se sert du GPS pour localiser la source de celui-ci à l’aide d’un point de repère « Waypoint »
La logique est simple. Quel serait l’intérêt d’un orignal de signaler sa présence alors que vous êtes loin, qu’il y a suffisamment de femelles pour tous les mâles et que celui-ci a appris à se méfier des appels des humains? Pourquoi ferait-il des efforts de parcourir une longue distance pour venir vous voir alors qu’il est bien confortable dans son endroit climatisé? De nos jours, c’est lorsque vous êtes rendus dans la « bulle » de l’orignal et spécialement du mâle, qu’il est plus susceptible de réagir par simple curiosité, par désir de séduire, pour dominer, pour socialiser, pour se battre. Il s’agit donc d’utiliser une approche silencieuse pour vous rapprocher d’un orignal sans qu’il se méfie et pour « l’obliger » à être réceptif à vos appels. L’autre avantage c’est que cela contribue à ne pas brûler les orignaux de tout votre territoire et réduit donc leur « éducation » face aux dangers que représentent les humains.
Je me souviendrai toujours du premier matin de chasse à vie d’un jeune chasseur de 21 ans. Il est assis dans un mirador et scrute soigneusement un immense bûcher à flanc de montagne. Je suis en dessous de lui, au pied de l’échelle et je lance des appels. Après une vingtaine de minutes un mâle me répond dans la forêt, située dans notre dos. Il se retrouve à environ 180-215 m (600-700 pi). J’ai beau tout essayer pendant les 30 minutes qui suivent mais le cervidé ne répond que 3 fois et il semble clairement ne pas être intéressé à s’approcher. Puis j’entends des « psssitt, psssitt» en provenance du mirador. Je regarde mon jeune chasseur qui me fait signe qu’un orignal apparaît dans le haut du bûcher en face de nous. Avec mes jumelles je confirme que c’est une femelle qui broute les ramilles de trembles. Au même moment, j’entends des palettes frotter un arbre, provenant de la même direction que la femelle. Elle est située à environ 450 m (1500 pi). J’ai beau regarder dans mes lunettes d’approche mais je ne vois pas le belligérant qui l’accompagne. Je fais rapidement signe à mon chasseur de descendre me rejoindre. Je lui explique qu’il y a un chemin qui contourne ce grand bûcher et que celui-ci nous permettra d’approcher la femelle et le mâle fantôme. Puisque, nous sommes à découvert, nous marchons accroupi et silencieusement sur environ 300 m (1000 pi) pour quitter les lieux sans se faire repérer. Une fois bien éloignés et camouflés par le couvert forestier, je nous lance dans une séance de jogging sur environ 1 km. Je veux contourner le bûcher par le chemin, gravir la pente et me rapprocher le plus rapidement possible de l’action. Une fois au sommet de la côte, j’explique au jeune homme que nous devons dorénavant marcher sans faire aucun bruit. J’explique que le mâle est sans aucun doute un peu plus loin, et qu’en aucun cas il ne doit savoir que nous sommes ici. Je me mets à marcher très lentement pour faire cette approche silencieuse et aussi, je l’avoue, pour que nous puissions reprendre notre souffle. Mais les bottes du chasseur « couinent » à chacun de ses pas. À deux reprises, je chuchote à mon équipier que s’il n’arrive pas à faire taire ses bottes je vais les lui faire enlever et qu’il va devoir marcher en pied de bas. De peine et de misère il réussit à rendre ses bottes « muettes ». Tout à coup j’aperçois la femelle qui mange dans le bûcher à environ 180 m (600 pi). Je la regarde avec mes binoculaires. La position de ses oreilles m’indique qu’elle n’a pas encore eu connaissance de notre présence. On continue notre marche silencieuse et rendu à environ 90 m (300 pi), on arrête. Je sors ma palette et je la passe très faiblement sur les branches d’un arbrisseau. Instantanément, le beau mâle se présente franc de côté à environ 75 m (250 pi) de nous. Mon jeune chasseur fait mouche et récolte son premier orignal à vie à son premier matin de chasse.
MARCO CHABOT
L’auteur et Christopher Vachon, le jeune chasseur de 21 ans qui a tué son premier orignal à son premier matin de chasse à vie.
Dans cette situation réelle, notre approche silencieuse vers un endroit propice a fait la différence. Dans les années passées, j’aurais essayé de faire venir ce mâle au mirador (situé à 450 m (1500 pi)) ou j’aurais fait une approche par le chemin et j’aurais débuté mes appels à environ 300 m (1000 pi) avant d’arriver à la femelle. Pourquoi? Parce qu’à la belle époque, ces deux stratégies auraient fonctionné. Maintenant, j’ai plus de succès lorsque je m’approche silencieusement de l’espace vital du gibier que je convoite avant de débuter ma manœuvre d’appels ou de provocation.
Le silence entre les meilleures heures pour effectuer les appels
Combien de chasseurs ont vécu la déception de faire venir un orignal mais d’être obligés de quitter les lieux car ce dernier n’a pas voulu se mettre à découvert avant que la noirceur gâche ce moment magique? Combien de chasseurs ont entendu des lamentations ou mêmes des « chorales » d’orignaux aux premières lueurs du jour? Combien de chasseurs ont vu maints orignaux dans les bûchers tôt le matin et très tard en fin de journée comparativement à l’heure du midi? Ces événements relatent la même constante : ça bouge dans le bois surtout le matin et le soir. Durant la période du rut, l’appel de l’orignal peut donner des résultats à toute heure du jour. Cependant, les automnes sont de plus en plus chauds et je réalise que les orignaux sont de moins en moins réceptifs en plein jour. Sans compter que les mâles ont davantage de femelles à leur portée. Donc, il n’est plus nécessaire pour eux de signaler leur présence aux autres mâles ou aux prétendantes à toute heure du jour. Bien que ce ne soit pas une règle absolue, je suis persuadé que plus que jamais l’obscurité, la fraîcheur et la tranquillité de la nuit activent les orignaux dans leurs déplacements et dans leurs ébats amoureux.
À mon avis, les meilleures heures pour effectuer les appels sont donc dans la première heure et demie le matin et dans la dernière heure le soir. J’ai même des amis guides qui attendent les vingt dernières minutes de chasse de la journée, dans des endroits précis, pour lancer leurs appels et ça marche. En dehors de cette période, je vous suggère de conserver le silence car il pourrait devenir votre allié.
Si vous avez ciblé un endroit prometteur pour faire des appels, je préconise deux méthodes pour augmenter l’efficacité de vos séances. Si vous souhaitez vous attaquer à ce coin le matin, je vous suggère de vous y rendre silencieusement à la noirceur. Arrivez au moins 30 minutes avant l’heure légale de chasse pour écouter et repérer votre cible. Cette période de silence vous permettra peut-être de vivre un moment de frisson lorsque qu’une plainte d’une femelle ou le « rôt » d’un mâle surgira dans la noirceur. Ce qui vous permettra ainsi de profiter de la tranquillité de la nuit pour être témoin des derniers échanges vocaux entre les orignaux avant qu’ils ne deviennent des fantômes. Vous serez ainsi prêt à attaquer l’endroit exact où se terre le gibier au lever du soleil. Si vous n’avez rien entendu, vous serez déjà sur place et donc en mesure de réaliser vos séances d’appels dès les premières lueurs du jour. Ainsi, vous pourrez profiter des premiers 90 minutes de la journée dans un endroit qui vous apparait prometteur. Pour ce qui est du soir, je suggère d’approcher silencieusement le coin ciblé au moins 120 minutes avant la fin de la journée. Une fois sur place, le silence le plus complet doit être respecté. C’est le moment idéal pour être attentif à tous les sons et bruits créés par la forêt et ses habitants. Ensuite, c’est lorsqu’il reste une heure à votre journée de chasse que je vous suggère de débuter votre séance d’appels tranquillement et d’accentuer l’intensité de vos appels dans les 45 dernières minutes.
MARCO CHABOT
L’auteur qui effectue une séance d’appels dans la dernière heure et dans un endroit propice. Il a pris soin d’arriver sur les lieux deux heures d’avance et de conserver le silence jusqu’à ce qu’il débute sa séance d’appels dans le meilleur moment de la journée.
En dehors de ces heures, je suggère de plus en plus de garder le silence. Premièrement, vous éviterez de brûler votre territoire de chasse et surtout les endroits les plus prometteurs. De plus, en réduisant le nombre de séances d’appels en dehors des meilleures heures, vous réduirez votre participation à l’éducation des orignaux qui sont de plus en plus familiers aux appels et aux appeaux électroniques. D’un autre côté, si vous estimez qu’il serait plus avantageux de profiter de toutes les heures de la journée pour faire des appels, je vous suggère de le faire dans des endroits moins prometteurs ou que vous n’avez pas encore explorés et de conserver le silence dans vos meilleurs endroits (ceux où il y a le plus d’indices) de jour pour s’y attaquer le matin et le soir.
L’automne dernier, par une belle matinée, un chasseur avait entrevu le gros mâle que ma caméra espion avait capté à quelques reprises. En après-midi, j’ai déposé le chasseur au même endroit dans l’espoir qu’il puisse revoir ce trophée. Il s’est assis dans le même mirador surplombant un petit lac situé entre deux montagnes. Avec son accord, j’ai pris son partenaire de chasse et je l’ai amené avec moi sur le flanc de la montagne en face du mirador, c’est-à-dire à l’endroit où je figurais que le gros mâle pouvait se vautrer. Pour s’y rendre, le second chasseur et moi, nous avons emprunté un sentier que j’avais confectionné afin de sillonner silencieusement ce coin prometteur. À tous les 300 m (1000 pi), nous prenions une pause de 20 minutes pour écouter et pour tenter de déceler un son qui dénoncerait l’endroit précis où le roi se situait. Le mâle n’a fait aucun son. Environ 45 minutes avant la fin de la journée, j’ai commencé à craquer des branches, puis à faire des petits appels de femelle accompagnés d’un mâle qui fait des « rôts » et du « rattling ». Aucune réponse. Dix minutes avant la fin de la chasse, le chasseur assis dans le mirador, entend le mâle se lever, à environ 75 m (250 pi) de lui. Le mâle est à la pointe du lac, et il se dirige dans ma direction. Le mâle était alors à environ 200 m (650 pi) de moi. Ça lui a pris environ 13 minutes pour se rendre à moi, à une distance de 7,5 m (25 pi). Il avait commencé à me répondre à environ 30 m (100 pi). Trop tard, la pénombre avait fait son œuvre.
Ceci dit, cela signifie que ce mâle m’a écouté pendant 35 minutes avant de décider de se lever et de s’en venir. Son état de réceptivité a coïncidé, comme c’est de plus en plus courant, avec les toutes dernières minutes de la journée. Mes expériences des dernières années me dictent que si j’avais fait ma séquence d’appels, à cet endroit, deux heures avant la fin de la journée, que je n’aurais probablement pas obtenu aucune réaction. Parce que pour ce majestueux mâle, il est de moins en moins commun d’entendre des ébats amoureux dans le jour. Au contraire, le fin renard s’est adapté au fait que c’est l’humain qui fait des appels dans le jour et aussi que les journées sont de plus en plus chaudes.
Le mot de la fin
Dans cette première partie, je vous ai suggéré deux moments opportuns pour conserver le silence en situation de chasse afin d’augmenter vos chances de récolter un orignal. Dans la seconde partie de cet article, qui sera publiée le mois prochain, je vous présenterai les avantages de conserver le silence dans trois autres situations avec quelques histoires de chasse croustillantes en bonus. Restez à l’affût !