ÉDITORIAL

Par </br>LOUIS TURBIDE

Par
LOUIS TURBIDE

L’effet néfaste des réseaux sociaux

J’ai hésité longtemps avant de décider sur quel sujet allait porter mon éditorial de ce mois-ci. Pourtant les possibilités ne manquaient pas. J’aurais pu parler du RTLB pour le cerf de Virginie mais puisque les conclusions du projet pilote de la zone 6 sortiront dans quelques semaines, ce sujet pourra être traité en profondeur dans un prochain éditorial avec toutes les données sur la table. À la veille des élections provinciales, j’aurais pu aussi dresser quelques dossiers chauds pour lesquels j’aurais aimé que les différents partis politiques prennent position mais sincèrement ça ne m’allumait pas plus.

Pourquoi? Parce qu’il y a quelque chose qui m’irrite au plus haut point depuis un bon moment! Je vais être franc avec vous, je n’aime pas du tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux au niveau de la chasse et de la pêche au Québec! Malheureusement autant les réseaux sociaux peuvent représenter quelque chose d’extraordinaire, autant cela peut nuire énormément au domaine et c’est ce que je constate. Étant abonné à plus d’une cinquantaine de pages dédiées à la chasse et la pêche et ayant majoritairement des amis chasseurs et pêcheurs sur les réseaux sociaux, j’en vois passer des vertes et des pas mûres très fréquemment. Dans cette jungle qui est souvent sans pitié, je me rends compte que la relève, les gens peu expérimentés pratiquant la chasse ou la pêche et les femmes sont malmenés trop souvent à mon goût! Encore, pas plus tard que la semaine dernière, une chasseuse et pêcheuse dynamique qui partage sa passion sur les réseaux sociaux a dû faire une mise au point étant victime de propos désobligeants et dégradants! C’est inacceptable! La présence de plus en plus importante des femmes dans le domaine de la chasse et la pêche représente un véritable vent de fraîcheur et ce ne sont pas quelques imbéciles frustrés ou machos qui vont y changer quelque chose! Bravo à toutes les femmes qui font rayonner nos activités, vous avez tout mon respect et de grâce ne vous mettez pas sur la voie d’évitement suite à des propos désobligeants et dénoncez plutôt!

Maintenant, mettons-nous un instant dans la peau d’un nouvel adepte de chasse de 14 ans que je vais nommer Maxime pour l’exercice et qui veut partager ses expériences, poser des questions sur les réseaux sociaux ou écouter ce qu’ont à dire les influenceurs du domaine actifs. À son âge, l’opinion que les gens ont de lui est très importante et il cherche beaucoup de valorisation dans les loisirs qu’il pratique ce qui est tout à fait normal! Pour cela, Maxime veut apprendre à vitesse grand V et il n’hésite pas à plonger avec la belle naïveté qui vient avec son jeune âge. Il pose donc quelques questions importantes à ses yeux qui sont vite ridiculisées étant jugées trop de base par quelques individus pour qui écraser les autres derrière leur clavier est une discipline en soi. Bien que Maxime ait pu avoir des brides de réponses intelligentes de quelques internautes bienveillants, le fait de s’être fait ridiculiser le rend inconfortable avec la situation mais il ne se décourage pas et poursuit sa quête de connaissances sur les réseaux sociaux car pour sa génération, toutes les réponses se trouvent au bout du clavier!

 

Zec-gélinotte

Le même scénario se répète malheureusement à quelques reprises au point où Maxime est de plus en plus affecté! Dans son for intérieur, il se dit que si la saison de chasse peut commencer, il pourra leur prouver qu’il est un bon chasseur lui aussi!  Rendu à la mi-septembre, Maxime part à la chasse au petit gibier avec son père. Lorsqu’il récolte son premier lièvre, il est tellement près du gibier que la gerbe de plombs amoche sérieusement la tête de l’animal qui succombe instantanément. Le moment est bien entendu immortalisé et on décèle dans le regard de Maxime toute la fierté qui entoure ce moment si important pour lui! Selon lui, il fait partie enfin de la gang et cette photo, bien qu’imparfaite, a beaucoup de valeur à ses yeux! Revenu en ville, Maxime s’empresse de publier sur les réseaux sociaux sa première prise à vie et au lieu de recevoir les félicitations qu’il attendait tant, il se fait traiter de tous les noms à cause des blessures apparentes infligées au lièvre. Maxime est atterré! Il ne veut pas pratiquer une activité pour laquelle il est jugé ou ridiculisé constamment! Il ne sait plus quoi penser car il aime tout de même la chasse!

Les semaines passent et arrive la chasse au chevreuil! Entre temps, il a écouté certains influenceurs du domaine de la chasse et il ne comprend pas qu’il ne puisse pas suivre le même parcours que son père et récolter son premier cerf quelle que soit sa grosseur tant qu’il est légal sans risquer de se faire tirer des tomates! Maxime est très perplexe et c’est dans cet état d’esprit qu’il part chasser en Beauce avec son père! Le premier matin est magique et un jeune mâle vient directement manger les carottes déposées au sol. Maxime hésite car selon bien des experts du domaine qu’il a écoutés, il est quasi immoral de tuer un spike! Du haut de ses 14 ans, il ne comprend pas! Maxime est confus et ce moment qui devrait être un instant poussé par une hausse d’adrénaline incroyable attribuable à la piqûre définitive de la chasse fait place à un questionnement et un sentiment de culpabilité de vouloir tirer ce gibier qui lui apportera assurément des jugements défavorables! Est-ce que Maxime a finalement fait feu? Ce n’est pas important! Ce petit récit n’est qu’un exemple que je voulais soulever pour conscientiser les gens à porter une grande attention à notre relève tant pour la chasse que pour la pêche! Via les réseaux sociaux, on peut décourager la relève de tout âge de bien des façons soit en émettant des commentaires désobligeants directement à un nouvel adepte suite à la publication d’une de ses prises ou après avoir ridiculisé une question importante à ses yeux! Ne sous-estimez jamais à quel point vous pouvez avoir une influence négative sur des nouveaux adeptes (chasseurs ou pêcheurs).

Il en va tout autant avec la vision de la gestion de la chasse qu’ont certains individus même si les revendications sont justifiées. Il est tout à fait normal et même souhaitable que des gens proposent des changements dans le domaine faunique mais selon moi une approche constructive devrait être privilégiée au lieu d’y aller négativement! Une personne quelle que soit son âge qui démontre par exemple de l’intérêt pour la chasse et qui entend des influenceurs dire qu’il n’y a plus de chevreuil au Québec, qu’il est très mal vu de tirer sur un jeune mâle chevreuil, que la situation de l’orignal est catastrophique et pousse même la réflexion à dire que pour eux, ils songent à ne plus chasser au Québec…. Pensez-vous sincèrement que cela aide à convaincre quelqu’un de commencer à chasser? Pensez-vous qu’avec un tel discours, cela aide à la promotion de la chasse? Pensez-vous que cela aide économiquement nos commerçants qui vivent de la chasse! Absolument pas! Les mots demeurent la pire arme pour éteindre une passion naissante! De grâce, utilisez-les avec doigté car il y a plus d’une façon de décourager des nouveaux adeptes et dans certains cas, ce n’est même pas de mauvaise foi comme dans le cas des prises de position relative à la gestion faunique! Bonne saison de chasse à tous et ce, dans le respect de chacun de nous!  

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