Textes et photosMICHEL LA HAYE
100% SAUVAGINE
La saison de chasse approche à grands pas ! Dès que je termine la pêche commerciale à l’esturgeon au début de juillet, je commence à y penser ! Préparatifs, booking, réservations des terres, etc., etc., On sent bien l’effervescence sauvaginière me gagner petit à petit. Je vous souhaite une bonne lecture dans cet état d’esprit.
Réponses aux lecteurs
On me demande souvent comment faire pour imiter le plumage en phase éclipse des barboteurs, en particulier les canards malards mâles, à l’ouverture et les deux semaines suivantes ? Au fur et à mesure que la saison de chasse avancera, ce plumage va être graduellement remplacé par une robe beaucoup plus chatoyante et éclatante, c’est le plumage nuptial ou d’apparat. Surtout si vous chassez en milieu ouvert, il est préférable de rectifier cette situation au début de la saison de chasse. Vous pouvez toujours utiliser que des femelles des espèces convoitées, leur plumage nuptial n’étant pas très différent de la phase éclipse, mais cela réduira le réalisme de votre plan. Vous pouvez aussi transformer temporairement les appelants imitant les mâles, mais vous ne voudrez certainement pas le faire de manière définitive, comment procéder alors ? Si vous avez de jeunes enfants, la réponse se trouve dans leur armoire d’artiste en herbe; il s’agit de la gouache, une peinture à l’eau commune utilisée partout dans les garderies, les écoles et sûrement chez vous avec vos enfants ou petits-enfants. Il en est question dans l’article sur les préparatifs de chasse que je présente dans ce numéro, je n’ai pas trop développé pour pouvoir répondre à la question plus en détail ici.
Comme illustré sur la photo 11 de l’article, vous devez simplement peindre les flancs et le dos des appelants mâles avec de la gouache brune foncée et les côtés de la tête en beige (comme les couleurs des femelles) en mélangeant du blanc, du jaune avec un peu de brun. Vous terminez avec le bec de vos appelants de malards mâles auquel vous ajoutez quelques taches brunes. Vous pouvez appliquer quelques couches si vous pensez faire plusieurs sorties avant le début du mois d’octobre. Lorsque vous commencez à voir arriver des oiseaux en plumage nuptial bien coloré, il suffira d’enlever la peinture avec un linge rugueux et vos appelants retrouveront leur apparence de départ.
Appelants-appels-caches
Trois éléments de contrôle:
La fin de l’été est la période idéale pour dérouiller votre chien rapporteur, si vous en possédez un, retaper vos équipements et appelants, etc., mais également vous remettre à vos appeaux ! Combien de fois ai-je entendu des appels qui sonnaient comme ceci à l’ouverture : « fouin fouin fouin fouinnnn » pitoyable ! Prenez un peu de temps pour vous pratiquer, entre amis ou avec une association de chasseurs. Visitez les dortoirs de soir, rien de mieux que les vrais oiseaux pour se refaire l’oreille. Dans un cas extrême, allez suivre un cours d’appel, j’en donne ainsi que plusieurs très bons autres calleurs un peu partout au Québec. Demandez à vos associations de sauvaginiers régionales, elles vous référeront aux bonnes personnes. Pour vous aider un peu, j’ai ajouté ici deux résumés des cours que je prodigue, un pour le canard et un autre pour la bernache, les principes de contrôle sont les mêmes pour les deux types d’appeaux. Bien entendu, je vais produire des articles très détaillés sur les techniques d’appel de ces sauvagines, mais pour le moment retenez les principes ci-dessous. Je vous suggère de copier ces parties et imprimez-les sur du papier résistant aux intempéries, elles seront de très bons aide-mémoires !
Trois éléments de contrôle:
Pression d’entrée de l’air forward pressure, (air poussé par le diaphragme et contrôlé par la langue)
Pression d’entrée
d’air :
de poussée =
tonalité et saut d’octave (et volume)
Pression de retour back pressure, (que l’on fait avec les doigts et les mains)
Pression de retour :
de restriction =
tonalité
Dimension de la cavité buccale cavity dimension, (selon la position de la langue dans la bouche voire schémas ci-dessous)
Dimension de la cavité buccale : caisse de résonance :
grande cavité =
tonalité
Biologie et aménagement
Canard eider mâle trouvé mort sur la grève dans la région de l’île Verte ce printemps (ci-contre). À droite, bernache cravant trouvée morte dans le même secteur ce printemps.
Joey Proulx
Je ne pouvais pas passer sous silence la grave crise de grippe aviaire survenue ce printemps dans l’est du Canada; des eiders morts par centaine sur les deux côtes, du fleuve, des goélands et plusieurs autres espèces d’oiseaux vivant en colonie ou se déplaçant en grands groupes. La sauvagine n’y a pas échappé, on m’a rapporté des mortalités massives de bernaches résidentes et d’autres migrateurs un peu partout dans la vallée du Saint-Laurent et le long de ses principaux tributaires.
En haut, canard eider mâle trouvé mort sur la grève dans la région de l’île Verte ce printemps. Ci-dessus, bernache cravant trouvée morte dans le même secteur ce printemps.
Joey Proulx
Il est généralement reconnu que les risques de transmission de la grippe aviaire à l’humain par les oiseaux sauvages sont très faibles. La situation est quand même inquiétante, d’une part, on mentionne que rien n’indique que le virus puisse être transmis aux humains par la consommation de volaille, d’œufs ou de gibier préparés et cuits correctement. D’autre part, l’agence de santé publique Canada mentionne que certains mammifères sauvages (renards, mouffettes et visons) étaient infectés par la grippe aviaire A(H5N1). Au moment d’écrire cette chronique, j’apprends que des phoques auraient contracté la maladie dans le Saint-Laurent!!! Ce service recommande donc, avec raison, que les chasseurs et les piégeurs demeurent prudents lorsqu’ils manipulent ces animaux. Je vous recommande fortement de suivre les informations et les nouvelles au sujet de cette infection auprès du site du MFFP https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/sante-animale/maladies-animales/grippe-aviaire et de l’agence de la santé publique Canada https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/grippe-influenza/fiche-renseignements-conseils-generaux-precautions-a-prendre-lorsqu-on-manipule-oiseaux-sauvages.html.
Anecdote sauvaginière
Illustration d’une disposition d’appelants de bernaches forçant celles-ci à passer au-dessus de la cache avant de se poser. Ce que l’on appelle chasser à l’envers.
Un jour, il était une fois cinq chasseurs français chevronnés et rompus à une discipline de fer pour participer à des sorties de chasse à la sauvagine. Canards de marais le matin en compagnie d’un ami guide, chasse à la bécasse toute la journée, 3 heures de voiture, couchés à 2- 3 heures du mat (comme ils disent) ayant festoyé à des endroits peu recommandables en ville. Les voilà au petit matin, à peine deux heures de sommeil plus tard, en train d’installer les appelants d’outarde avec nous ! Je m’assure que tout le monde est apte à participer à la chasse, on ne sait jamais et nous nous installons dans la cache. Il est début novembre et une bonne gelée recouvre le sol, le soleil se lève et, pour la première fois de la saison, les bernaches décident de ne sortir qu’une fois cette journée-là. Disciplinés, mais très amochés, mes clients décident de veiller au grain (encore une fois selon leur langage !). Vers 10 h 00 un petit groupe de bernaches approche et entre directement au plan, « pif paf pouf », seulement trois restent au sol. Il parait que j’avais donné le go trop loin, à pas plus de 30 verges, pour des chasseurs de bécasses habitués à faire feu de près.
D’accord, durant l’attente de mi-journée, je change le plan de côté et le place en haut du vent de sorte que les chasseurs devront faire feu au passage des bernaches qui devront survoler la cache pour se rendre à l’ouverture laissée parmi les petites familles de bernaches en amont du vent. On appelle ça chasser à l’envers. Comme sur le schéma ci-dessous (le X représente le point d’atterrissage des outardes).
On casse la croûte (une autre de leur expression) vers l’heure du midi et ensuite tout le monde, sauf les deux plus sages du groupe qui ont moins fêté que les autres la veille, se met à roupiller (j’ai adopté cette expression depuis). Le temps passe, puis, vers 16 h 40, un premier groupe de bernache se pointe. Je dis aux deux Européens de garde : « Réveillez les autres ». Un d’eux me répond : « mais non, faut pas, on va bien se marrer ! ». Les bernaches approchent, approchent et encore je donne le go à 25 verges, mais les deux lascars attendent qu’elles soient à quelques pas pour faire feu, deux doublés, comme je me tourne pour les féliciter j’aperçois les trois autres, réveillés en sursaut, rendre leur lunch de manière violente au fond de la cache!!! Nous nous sommes effectivement bien marrés.
P.S. J’ai guidé le même groupe à plusieurs reprises les années suivantes, c’est bizarre, tous étaient très sages la veille de la sortie !
Cache
Vent de face
Zone de pose des oiseaux
Illustration d’une disposition d’appelants de bernaches forçant celles-ci à passer au-dessus de la cache avant de se poser. Ce que l’on appelle chasser à l’envers.