ACHIGAN

Par </br>PASCAL BLAIS

Par
PASCAL BLAIS

Des recherches éloquentes
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Des recherches éloquentes
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Des recherches éloquentes
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Ici au Québec, l’achigan est un poisson sportif qui commence à être connu à sa juste valeur. Chez nos amis du sud, c’est une autre histoire. L’achigan est le poisson numéro 1 que les pêcheurs visent. Et que dire des tournois. Dans les volets professionnels, il n’est pas rare que les cagnottes atteignent plusieurs centaines de milliers de dollars. Vous comprenez donc l’engouement envers ce poisson? Vous comprenez qu’avec tous ces gros montants en jeu pour gagner un tournoi, dénicher des informations uniques sur cette espèce peut valoir beaucoup!

Un vieil adage dit que pour vaincre son adversaire, il faut bien le connaitre. Cela vaut pour les sports, mais aussi à la chasse et à la pêche. Si on ne connait pas l’espèce à qui on veut se frotter, on peut mordre la poussière.  Les pêcheurs professionnels le savent. Ils veulent comprendre ce poisson dans les moindres détails et ce, coûte que coûte. De leur côté, les scientifiques l’ont compris assez rapidement eux aussi. Si bien que les sommités du milieu ont découvert au fil des dernières années des informations intéressantes qui aident les pêcheurs de tournoi ou ceux qui pratiquent pour le plaisir. Voilà que dans cet article, je vais synthétiser certaines des meilleures informations qui vont nous aider dans notre quête de ce poisson tellement plaisant à avoir au bout de la ligne. Allons-y!

L’odeur

Quand je pêche avec des gens qui me connaissent moins, j’entends souvent l’interrogation suivante : « est-ce que les poissons sentent? » C’est sans équivoque que je leur réponds : « Oui, vraiment! ». L’odorat de ce poisson est d’ailleurs puissant. Cela n’a rien de comparable avec le nôtre. Certains spécialistes le comparent même à celui d’un chien. C’est peu dire! Et pour en ajouter encore sur l’odorat, saviez-vous que c’est le seul sens chez le poisson dont le message sensoriel est directement relié au cerveau? Contrairement à la vue, à l’ouïe, au goût ou encore à la détection des vibrations, les récepteurs nasaux sont composés de nerfs qui envoient des signaux sensoriels directement au cerveau, sans aucun intermédiaire. Les informations des autres sens sont parfois métamorphosées par diverses étapes et stades de conversion avant d’atteindre la boite crânienne. Dans le cas de l’odorat, le message sensoriel de l’achigan est clair, pur et des plus direct.

Toutefois, on est en droit de se demander quelle odeur attire le plus l’achigan? Selon ce que la littérature scientifique dicte, l’achigan est en mesure de sentir le sel, le sucre et le surette. Il faut comprendre que les récepteurs nasaux de l’achigan ne détectent que les particules qui se dissolvent dans l’eau. Il en serait de même pour toutes les autres espèces de poissons d’eau douce. De fait, ils ne peuvent sentir un liquide à base de graisse. Les grosses molécules de graisse ne peuvent être assimilées par l’odorat de l’achigan. De grâce, ne vous faites pas prendre par des produits qui sont uniquement fabriqués de gras. Ils doivent être conçu à base d’eau pour performer. Or, il y a une différence entre sentir une odeur et sentir une odeur pour ensuite en être attiré au point de manger le repas potentiel. Pour être plus précis, l’achigan n’est pas intéressé comme certains êtres humains par le sucre. Pour ce centrarchidé, c’est l’odeur de ver de terre qui l’intéresse le plus lorsqu’il est question d’odeur qui l’incite à manger (presque 100% des spécimens testés ont réagi positivement à cet odeur). En seconde position selon les tests d’un chercheur américain, on retrouve l’odeur de méné d’où des sels minéraux ont été ajoutés (environ 60% des achigans ont réagi positivement à cet odeur). Plus loin derrière, ce sont les odeurs de sel, d’ail, de sucre et d’anis entre (1 et 3 %) qui ont intéressé l’achigan, mais à des proportions nettement moindres.

Narine

PASCAL BLAIS

La plupart des poissons utilisent leur odorat pour trouver leur nourriture et c’est le cas de l’achigan qui en possède un excellent. Certains spécialistes le comparent même à celui d’un chien.

La couleur du leurre

PASCAL BLAIS

Selon plusieurs tests effectués en laboratoire, les couleurs foncées comme le noir, le vert et le mauve seraient plus efficaces pour tromper les achigans que le jaune et beaucoup plus efficace que l’orange. Toutefois, il faut bien sûr noter que la clarté de l’eau peu grandement influencer ces résultats.

On entre ici dans une section de l’article qui se veut beaucoup plus « personnelle ». Chaque pêcheur a ses préférences pour la couleur du leurre à utiliser. Il suffit d’avoir attrapé quelques belles « palettes » d’achigan avec une couleur et hop, elle grimpe dans nos préférées. Cette réaction est tout à fait normale. Or, je vous partage ici les résultats de tests en laboratoire faits par un chercheur américain. Lors de ces tests, il a utilisé plusieurs poissons nageurs de formes et de longueurs identiques. Toutefois, ces leurres étaient peints d’une seule couleur et ce, de la tête à la queue. Par la suite, il les a fait évoluer en avant de plusieurs achigans pour regarder quelle couleur provoquait le plus d’attaques. 

La couleur qui a été la moins performante fut le rouge. Elle a été suivie de près par l’orange. Alors en eau claire, il serait plus profitable de choisir d’autres teintes de leurre, pour l’achigan à tout le moins. Un peu plus haut dans l’échelle de productivité, on retrouve le bleu et le jaune (+ 10 et +15% plus productif que l’orange). Toujours en augmentant de productivité, les couleurs blanc et noir suivent (3 et 5% plus productif que le jaune). Enfin, le vert et le mauve viennent faire réagir davantage les achigans avec encore quelques pourcentages de plus (4 et 6 % plus productif que le noir). Qu’à cela ne tienne, le mauve est la couleur qui je le rappelle suscite le plus d’attrait pour les achigans si le leurre est peint uniformément sur toute sa longueur.

Or, est-ce que ces résultats auraient été différents avec un leurre à deux couleurs? C’est ce que le chercheur a fait avec le même leurre mais cette fois-ci peinturé en noir sur le dos et en argent sur les côtés et le ventre. Les résultats ont été fracassants, car cette dernière combinaison de teinte de leurre a subi 40% plus d’attaque que le mauve (meilleur couleur du test). En bref, les leurres de couleurs « shad » ou méné semblent avoir la cote de nos achigans.

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Le Ph

Le Ph ou le « potentiel d’hydrogène » est la mesure de la basicité ou de l’acidité d’un liquide. Évidemment, pour le liquide qui nous intéresse le plus (l’eau), le Ph devrait tourner autour du 7 ce qui se trouve à être le point médian entre l’acidité extrême (1) et l’alcalinité suprême (14). Mais ce n’est pas toujours le cas de nos plans d’eau. Hélas, ils se retrouvent souvent dans le seuil de l’acidité. Et, ce degré d’acidité peut varier d’un endroit à l’autre dans le même plan d’eau. La température de l’eau est aussi un facteur qui fait osciller le Ph. Plus l’eau est chaude et plus l’eau tend à s’acidifier. Or, qu’est-ce nos achigans préfèrent dans tout ça?  

Le Dr. Rodney Oglesby de l’Université Southwest Baptist a observé un fait intéressant. En situation contrôlée où les achigans avaient la possibilité de choisir le Ph qui leur convenait le plus grâce à des chambres distinctes dans un méga aquarium, il a remarqué que cette espèce préfère un Ph qui tourne entre 7,4 et 8,1. En somme, l’achigan préfère les eaux légèrement basiques. Lors de ces tests, le Dr. Rodney a été surpris de constater que les achigans évitaient comme la peste les eaux plus acides. Avec une eau d’un Ph de 6,5 à 6,8, les poissons n’hésitaient pas une seconde à se déplacer vers des eaux plus basiques qui tendent vers le Ph de 7,4. Intéressant, n’est-ce pas? Vous savez donc où les chercher lors de votre prochaine pêche. Orienter les recherches vers des eaux légèrement basiques semble être une astuce gagnante.

Plastique dur, bois ou caoutchouc? ​

Plusieurs types de leurres sont offerts sur le marché. En gros, nous pourrions les classer en trois grandes catégories. Certains sont conçus de plastique dur, d’autres en bois. Ces deux catégories de leurres sont très résistantes et offrent des actions de nage incomparables. De plus, il existe une gamme incroyable de leurres conçu en caoutchouc et d’autres matériaux dérivés plus mou au toucher. Les formes, les couleurs et les compagnies qui fabriquent ces leurres plus souples ont explosé ces dernières années. Mais est-ce que le matériel de ces trois types de leurre (bois, plastique dur et caoutchouc) a une incidence sur le taux de succès des pêcheurs lorsqu’il est question de pêche à l’achigan?  Concrètement, la littérature scientifique est encore peu bavarde à ce sujet. Toutefois, on sait par des études sur de véritables achigans en laboratoire que le temps de rétention dans la gueule des trois différents leurres énumérés précédemment peut grandement varier. En d’autres mots, certains types de leurres laissent moins de temps au pêcheur pour effectuer un ferrage que d’autres.

Lors des tests des scientifiques, le résultat a été des plus concluants. Il est clair que les achigans ont un sens du toucher développé, surtout au niveau de la gueule. Pourquoi? Parce que les leurres conçus de bois ou de plastique dur ont été gardés en gueule pendant seulement 0,25 seconde (en moyenne selon tous les tests effectués) par ces poissons. Ouf, il faut être rapide sur la canne pour effectuer un ferrage convenable avec un temps aussi court de ce type de leurre dans la gueule. La bonne nouvelle dans ce test est que les leurres en caoutchouc ou autres substances plus molles au toucher ont beaucoup mieux performés. En effet, les leurres plus souples et se rapprochant beaucoup plus de la texture d’une proie véritable ont resté six fois plus longtemps dans la gueule des achigans avant d’être recrachés. Cela veut donc signifier qu’avec un leurre « mou », le pêcheur a 1,5 seconde en moyenne pour ferrer un achigan qui met en gueule son offrande. Point important à mentionner ici, les leurres souples qui ont été testés ne contenaient pas d’odeur. Il est fort probable que les temps de rétention des leurres souples auraient été encore plus longs avec une odeur ajoutée.

PASCAL BLAIS

Selon les tests effectués par les scientifiques, en condition d’eau normale, la meilleure combinaison de couleurs pour déjouer l’achigan se compose d’un dos noir avec des flancs argentés. Les tests ont aussi démontré que les leurres en plastique souple sont gardés beaucoup plus longtemps en gueule que ceux de plastique dur ou de bois et laissent davantage de temps aux pêcheurs d’effectuer de bons ferrages.

Conclusion

La science et les recherches doivent être prises au sérieux par le pêcheur sportif qui veut sans cesse s’améliorer. Par des tests souvent réalisés en laboratoire avec des paramètres contrôlés à la perfection, les scientifiques sont en mesure de faire « parler les poissons ».  On en apprend ainsi beaucoup à propos des espèces de poisson que nous convoitons. Une fois sur l’eau, on peut ainsi faire des choix judicieux de leurre ou encore choisir des environnements plus propices à accueillir des poissons. Bonne pêche!

L’auteur avec deux belles prises leurrées avec des leurres aux teintes naturelles de noir et d’argent.

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