L’auteur avec un beau mâle récolté dans une transition entre une bande de résineux et une zone d’alimentation non loin d’une de ses salines.

ORIGNAL

Bien localiser ses salines

Par </br>PIER-ALEXANDRE </br>TREMBLAY

Par
PIER-ALEXANDRE
TREMBLAY

ORIGNAL
Bien localiser
ses salines

L’auteur avec un beau mâle récolté dans une transition entre une bande de résineux et une zone d’alimentation non loin d’une de ses salines.

Avec l’arrivée imminente de la période des salines chez l’orignal, j’estime intéressant d’aborder ce sujet pour mon premier article. Nous avons régulièrement de l’information sur les produits que l’on peut utiliser et comment bien garnir notre saline pour piquer leur curiosité. Toutefois, nous oublions souvent la première étape pour que notre saline soit à son plein potentiel. C’est nul autre que son emplacement. Toutes mes salines sont installées dans la zone 28, plus précisément au nord du Lac-Saint-Jean. Dans cette région nous chassons sur les terres de la Couronne avec un cheptel de moyenne densité incluant une forte pression de chasse. Il s’agit de zones de villégiature offrant un accès facile aux chasseurs. Avec le temps et l’expérience sur le terrain, j’ai réussi à rassembler des éléments que je considère importants pour le succès d’une saline­. Évidemment je ne possède pas la science infuse. Par contre, en me basant sur les besoins essentiels de l’orignal, je suis en mesure d’avoir une idée claire du succès d’une saline.

Critères importants de la localisation

La notion la plus importante, c’est de déterminer quels sont les objectifs de votre saline. Un chasseur immobile (cache) ou un chasseur mobile (marche) doit évaluer ce critère. Personnellement, je chasse en me déplaçant et je ne fais pratiquement jamais de cache. Je priorise toujours une saline qui permettra de me donner une idée la plus réelle possible de la quantité d’orignaux sur mon territoire, même s’il est impossible d’avoir une idée intégrale du cheptel. De plus, même si je chasse rarement près des salines, j’essaie toujours de les placer dans des secteurs automnaux, pas trop près des nids d’amour, mais dans des endroits où les orignaux se déplacent régulièrement à l’automne. Je crois que c’est la solution gagnante pour une majorité de chasseurs. Que ce soit en cache ou en déplacement, par bon ou mauvais temps, nous sommes toujours en mesure d’y faire des séances d’appels.

À partir de l’objectif visé, il est important de localiser un endroit où l’activité humaine est réduite. Vous n’avez pas nécessairement besoin d’être très loin des chemins et une saline à 400 mètres d’un chemin, utilisé de temps à autre, peut très bien fonctionner. Je vais vous partager en image satellite la localisation d’une saline que j’ai installée en 2018. Avec l’installation d’une caméra, nous étions en mesure d’observer en moyenne une dizaine de bêtes régulières durant l’été et l’automne. La période de fréquentation durant l’automne est moins prononcée, mais c’est normal puisque les orignaux sont en pleine période de reproduction. Sur la photo ci-dessous, la saline est située sur le point rouge dans le dénudé humide, alors que sur la photo en vignette on peut voir ladite saline. Notez que le chemin le plus près est exactement à 464 mètres.

01B-Orignal localisation salines

Image satellite de la localisation d’une saline (point rouge) installée par l’auteur en 2018 dans un dénudé humide en bordure d’une zone résineuse de forêt mature créant un entonnoir et deux zones de coupe forestière riches en nourriture. En vignette : emplacement de la saline de l’exemple 1. Remarquez comment le sol est piétiné, preuve que le site est très fréquenté.

Une autre étape cruciale qui va directement impacter les fréquentations, tant en été qu’en automne, c’est l’habitat autour de la station de minéraux. D’ailleurs, les éléments à analyser sont les entrées d’eau à proximité, les aires nourricières ainsi que les aires de repos. Il est également très important de considérer la topographie du secteur et dans mon cas, j’aime bien utiliser les plateaux. En se basant sur ces critères, la saline située sur l’image satellite ci-dessus est selon moi la meilleure localisation possible. Si vous portez attention, vous pouvez constater qu’il y a un entonnoir qui se forme dans la transition vers le dénudé humide. Les bûchés de 2015 étaient dans leurs meilleures années lors de la mise en place de la saline en 2018, ce qui fournissait une source de nourriture de qualité pour les orignaux. Il est facile d’anticiper par cette image que les orignaux vont utiliser la savane dans leurs déplacements entre les différentes coupes forestières pour se nourrir. Sur la vidéo plus bas, vous serez en mesure de vous faire une tête sur la qualité nourricière près de la transition. À la fin de la vidéo, vous pourrez voir rapidement le dénudé où ma saline est située. Par ailleurs, on peut également constater, par la teinte foncée de la forêt dans la transition, que celle-ci est couverte de résineux, plus précisément d’épinettes noires ainsi qu’une sous-dominante de sapins baumiers avec une densité de 60-79 % et avec une hauteur de 12 à 17 mètres (ENSB sur les cartes écoforestières).

Vidéo illustrant la qualité nourricière près de la saline dont il est question dans l’exemple 1.

La transition suivante peut très bien constituer une aire de repos pour l’orignal. En fait, la hauteur ainsi que la densité de la forêt sont des éléments importants à considérer pour la fraîcheur d’un site de repos. Le plus bel exemple est de nous mettre dans la peau de l’orignal durant les périodes où la température est chaude; les déplacements sont alors grandement diminués. Plus les bons habitats sont condensés dans une petite superficie, plus vous avez de chances que votre saline fonctionne. On peut ainsi faire un parallèle pour la période automnale. Sachant que les automnes sont souvent plus chauds, avec des aires nourricières propices et une bonne transition aux sites d’alimentation, il y a de très bonnes probabilités que des orignaux voyagent de temps à autre par cet endroit. Vous allez donc maximiser les chances de vous faire entendre par vos appels.

Résultats de l’exemple 1

Je tiens à vous partager le résultat de cette saline avec la photo d’un mâle mais également du résultat de ma chasse dans ce secteur. En marchant la transition près du dénudé humide la même année où j’ai fait cette saline, j’ai été en mesure d’y récolter un mâle de 42 pouces d’envergure de panache (voir la photo d’ouverture de l’article). Voici sur la photo ci-dessous, où il était situé. J’ai entendu sa réponse lorsque j’étais au point bleu et j’ai été en mesure de le tirer au point turquoise en bordure de la transition. D’ailleurs, cette station a fonctionné l’automne au complet, à l’exception de quelques jours vers la fin septembre. Un chasseur de cache aurait facilement vu plusieurs bêtes lors de son séjour de chasse.

Résultats de l’exemple 1

Je tiens à vous partager le résultat de cette saline avec la photo d’un mâle (ci-dessous) mais également du résultat de ma chasse dans ce secteur. En marchant la transition près du dénudé humide la même année où j’ai fait cette saline, j’ai été en mesure d’y récolter un mâle de 42 pouces d’envergure de panache (voir la photo d’ouverture de l’article). Voici sur la photo ci-dessous, où il était situé. J’ai entendu sa réponse lorsque j’étais au point bleu et j’ai été en mesure de le tirer au point turquoise en bordure de la transition. D’ailleurs, cette station a fonctionné l’automne au complet, à l’exception de quelques jours vers la fin septembre. Un chasseur de cache aurait facilement vu plusieurs bêtes lors de son séjour de chasse.

Mâle aperçu à la saline et récolté plus tard par l’auteur dans un secteur à proximité.

Image satellite illustrant l’endroit de la saline (point rouge), l’endroit où l’auteur se situait lorsqu’il a entendu une première réponse (point bleu) et enfin l’endroit où il a récolté le buck (point turquoise) dans la transition entre la zone nourricière et la forêt mature.

Mâle aperçu à la saline et récolté plus tard par l’auteur dans un secteur à proximité.

Image satellite illustrant l’endroit de la saline (point rouge), l’endroit où l’auteur se situait lorsqu’il a entendu une première réponse (point bleu) et enfin l’endroit où il a récolté le buck (point turquoise) dans la transition entre la zone nourricière et la forêt mature.

Aucune coupe forestière?
Voici un autre exemple...

Que ce soit en forêt mature ou en forêt en régénération, les besoins chez les orignaux demeurent les mêmes. Je me suis basé sur les mêmes critères que le premier exemple de saline, donc une distance respectable des chemins courants, des entrées d’eau, une bonne transition (aire nourricière/aire de repos) ainsi qu’une topographie du secteur. L’exemple suivant, illustre un plateau en transition. À ce sujet il est important d’analyser les aires nourricières et le meilleur moyen pour y arriver est de regarder les entrées de lumières. Par exemple, les endroits où il y a eu des perturbations naturelles (chablis, tordeuse) ou même les flancs de montagnes, sont des endroits susceptibles d’avoir de bonnes entrées de lumière, ce qui permet donc d’avoir une grande quantité de repousses en sous-étage. Pour que vous soyez en mesure de mieux comprendre je vous joins ci-contre une photo qui illustre un endroit où il y a une bonne exposition au soleil. Dans ce secteur, il y avait une importante quantité de jeunes bouleaux, d’érables rouges ainsi que d’érables à épis.

Zone de nourriture (jeunes bouleaux, érables rouges et érables à épis) en forêt mature dans un puit de lumière causé par une perturbation naturelle.

Aucune coupe forestière?
Voici un autre exemple...

Que ce soit en forêt mature ou en forêt en régénération, les besoins chez les orignaux demeurent les mêmes. Je me suis basé sur les mêmes critères que le premier exemple de saline, donc une distance respectable des chemins courants, des entrées d’eau, une bonne transition (aire nourricière/aire de repos) ainsi qu’une topographie du secteur. L’exemple suivant, illustre un plateau en transition. À ce sujet il est important d’analyser les aires nourricières et le meilleur moyen pour y arriver est de regarder les entrées de lumières. Par exemple, les endroits où il y a eu des perturbations naturelles (chablis, tordeuse) ou même les flancs de montagnes, sont des endroits susceptibles d’avoir de bonnes entrées de lumière, ce qui permet donc d’avoir une grande quantité de repousses en sous-étage. Pour que vous soyez en mesure de mieux comprendre je vous joins ci-dessous une photo qui illustre un endroit où il y a une bonne exposition au soleil. Dans ce secteur, il y avait une importante quantité de jeunes bouleaux, d’érables rouges ainsi que d’érables à épis.

Zone de nourriture (jeunes bouleaux, érables rouges et érables à épis) en forêt mature dans un puit de lumière causé par une perturbation naturelle.

J’aime beaucoup utiliser les milieux humides pour y faire mes salines, ce sont des endroits frais et ce sont des sites qui sont régulièrement utilisés dans les déplacements d’orignaux. Note importante : les savanes (forêt de conifères) sont toujours sur des plateaux. Sur la photo ci-dessous, dans la zone encerclée en rouge, on retrouve un peuplement d’épinettes noires avec un dénudé humide alors que les zones entourées d’une ligne bleue sont les secteurs nourriciers (feuillus). Nous avons encore un exemple parfait d’une transition pour les orignaux. Ce serait un excellent endroit pour y installer une station de minéraux. D’ailleurs, sur le point rouge, j’ai trouvé plusieurs sentiers ainsi qu’une vasière naturelle utilisée par les orignaux. Il y avait de la présence tant en été, qu’en automne. Comme vous pouvez voir sur la photo en vignette, c’est un endroit très achalandé par les orignaux et l’installation d’une saline aurait fonctionné à coup sûr! La première année que j’ai découvert ce secteur, vu la distance importante à parcourir, j’avais préféré y installer seulement une caméra. Elle m’a permis de prendre plusieurs photos comme l’illustre la photo plus bas…

Image satellite illustrant l’endroit de la saline dans l’exemple 2 (point rouge), situé dans un dénudé humide entouré d’une zone d’épinette noire (savane). Les zones bleues représentent les secteurs nourriciers (feuillus). Un autre exemple parfait d’une transition utilisée par les orignaux. En vignette, comme vous pouvez voir sur la photo, c’est un endroit très achalandé par les orignaux, l’installation d’une saline aurait fonctionné à coup sûr!

Une des photos d’orignaux croquées par une caméra de détection en bordure de la vasière naturelle dont il est question dans l’exemple 2.

Au final, ce qu'il faut retenir

En suivant ces étapes, vous avez beaucoup plus d’outils pour identifier des secteurs potentiels pour une saline où les orignaux seront réellement dans les périodes de chasse. Malheureusement, nous avons souvent tendance à nous installer où nous voulons les voir, mais non pas aux endroits où ils sont réellement.

Finalement, vous pouvez utiliser les produits de votre choix après la localisation minutieuse de votre station de minéraux. De cette façon, vous aurez des résultats maximaux. Par contre, il faut éviter de faire l’inverse, soit d’espérer avoir plus d’orignaux via l’utilisation de produits en omettant de bien localiser votre saline.

Je tiens à en profiter pour vous souhaiter une belle saison de saline, du succès et des beaux orignaux sur vos caméras.

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