TRUITES LEURRES

Par </br>Richard Monfette

Par
Richard Monfette

L’efficacité
du plastique souple

Belle mouchetée leurrée par l’auteur avec un petit tube en plastique souple noir lors d’une pêche printanière.

À l’aide de quelques exemples de situations de pêche vécues l’auteur s’affaire à démontrer, autant aux nouveaux adeptes qu’aux pêcheurs aguerris, que les leurres de plastique souple sont parfois aussi, sinon plus efficaces que le bon vieux ver de terre.

La première fois

La première fois que j’ai utilisé des leurres de plastique souple pour pêcher l’omble de fontaine, notre truite mouchetée nationale, j’étais en voyage de pêche en pourvoirie sur la Côte-Nord au sud-ouest du barrage Manic-5. C’était il y a presque vingt ans… C’est le pourvoyeur de l’époque (fort avant-gardiste d’ailleurs) dont j’oublie malheureusement le nom qui m’avait fortement conseillé de mettre à l’essai un genre de mini écrevisse orange proposé par Berkley. Un leurre que la compagnie a cessé de produire, mais on peut maintenant trouver un leurre semblable chez Mister Twister appelé Micro Écrevisse. Selon le pourvoyeur, ce petit gugusse aux teintes très voyantes, était d’une efficacité redoutable pour déjouer les truites indigènes de sa pourvoirie. Simplement remplacer le ver de terre sur le traditionnel montage cuillère ondulante, bas de ligne et hameçon et le tour était joué selon lui.

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C’est avec une petite écrevisse artificielle comme celle-ci que l’auteur a fait ses premiers pas avec les leurres en plastique souple pour pêcher les truites.

Il est aussi possible d’utiliser de petites écrevisses du nom de Micro écrevisse vendues par la compagnie Mister Twister qui sont tout aussi efficaces.

Vous dire que j’étais sceptique serait vraiment un euphémisme… Toutefois curieux de nature, je décide d’accepter son offre et d’apporter avec moi quelques leurres souples qu’il m’offre avec enthousiasme. Et ce qui devait arriver, arriva. À ma grande surprise les truites attaquaient ma petite écrevisse avec agressivité et avec un rythme tellement soutenu que mon beau-père, qui m’accompagnait, n’eut d’autre choix que de changer son sempiternel ver de terre pour le genre de petit jujube orange fluorescent que j’utilisais.

Durant le même voyage, voyant l’efficacité indéniable des petits leurres de plastique souple pour la mouchetée, je me mis à mettre à l’essai d’autres petits leurres souples du genre minis queues ondulantes pour finalement me rendre compte que plusieurs formats et couleurs provoquaient les attaques de Dame mouchetée. Un voyage que je n’oublierai jamais et qui changea pour toujours ma façon d’aborder la pêche à la truite.

Une pêche estivale mémorable

Quelques années plus tard, je me retrouve cette fois dans une pourvoirie de la région de Lanaudière en pleine canicule du mois de juillet pour des vacances de pêche en compagnie de ma belle-famille. Maintenant fervent utilisateur de leurres de plastique souple pour la truite, mon coffre en est plutôt bien garni.

Mais comme chaleur accablante et pêche à la truite ne font généralement pas très bon ménage, le pourvoyeur m’avertit d’emblée que la pêche est très difficile et qu’on ne doit pas s’attendre à faire des miracles. Toutefois, ce dernier ignorait que j’apportais avec moi une arme secrète…

Pour faire une histoire courte, ce fut sans l’ombre d’un doute notre meilleure pêche de truite ensemencées à vie (incluant arc-en-ciel, mouchetée, brune et même omble chevalier) et ce, sans utiliser un seul ver de terre. Cuillère ondulante en guise d’attracteur, bas de ligne et hameçon Président numéro 4 appâté encore une fois de minis écrevisses tel que mentionnées dans le premier exemple. Malgré la chaleur, il fallait simplement laisser descendre le montage suffisamment en profondeur pour rejoindre une température confortable pour les truites (6 m, une vingtaine de pieds) et bingo! Les petites pinces du leurre, qui s’agitaient sans cesse au rythme du dandinement de la cuillère, semblaient vraiment provoquer l’attaque des truites. Pour un autre petit truc de pêche d’été, voir la vidéo 1 ci-dessous. En nous voyant revenir avec nos glacières bien remplies le pourvoyeur n’en revenait tout simplement pas d’autant plus que la plupart des autres clients, faute de succès, passaient beaucoup plus de temps sur la plage qu’à la pêche… 

Une des belles truites arc-en-ciel leurrées dans l’exemple de la pêche estivale mémorable réalisée par l’auteur et sa belle-famille. Encore une fois, ce sont de petites écrevisses en plastique souple qui furent les leurres vedettes.

Le lac ferme
ta gueule

À chaque printemps, avec plusieurs de mes amis chasseurs et pêcheurs, nous visitons un petit lac à omble de fontaine sauvage en territoire libre où nous avons l’habitude d’y faire de vraies belles pêches. Le lac est habituellement productif essentiellement dans les quelques semaines qui suivent l’ouverture, surtout lorsqu’on espère prendre de beaux spécimens. Bien que les truites y soient souvent difficiles à déjouer, même en utilisant des vers de terre, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’y tirer mon épingle du jeu en utilisant des leurres de plastique souple. Je me souviens entre autre d’une occasion où la pêche était difficile et que je m’étais rendu compte, en observant le contenu de l’estomac d’une truite, que ce dernier était rempli de  petites sangsues complètement noires. En fouillant dans mes leurres pour tenter d’imiter ma découverte, je tombe sur de petits tubes noirs foncés en plastique souple. N’ayant rien à perdre j’enfile ce dernier à mon petit hameçon à la place du ver et je lance le tout en m’assurant de bien laisser la cuillère descendre jusqu’au fond. Après à peine quelques tours de manivelle, je ressens une légère tension et je ferre aussitôt. Un combat endiablé suit et je suis fou de joie en voyant une belle truite de près d’un kilo (2 lb) gigoter au fond de l’épuisette. Une découverte qui me permit de faire plusieurs autres captures à mon grand plaisir malgré des conditions peu favorables.

C’est en vérifiant les contenus de l’estomac de ses prises, constitués de petites sangsues noires, que l’auteur a décidé d’attacher un petit tube en plastique souple noir au bout de son fil. Les résultats ne se sont pas fait attendre comme le démontre la photo d’ouverture de cet article.

Le lac ferme ta gueule

C’est en vérifiant les contenus de l’estomac de ses prises, constitué de petites sangsues noires, que l’auteur a décidé d’attacher un petit tube en plastique souple noir au bout de son fil. Les résultats ne se sont pas fait attendre comme le démontre la photo d’ouverture.

À chaque printemps, avec plusieurs de mes amis chasseurs et pêcheurs, nous visitons un petit lac à omble de fontaine sauvage en territoire libre où nous avons l’habitude d’y faire de vraies belles pêches. Le lac est habituellement productif essentiellement dans les quelques semaines qui suivent l’ouverture, surtout lorsqu’on espère prendre de beaux spécimens. Bien que les truites y soient souvent difficiles à déjouer, même en utilisant des vers de terre, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’y tirer mon épingle du jeu en utilisant des leurres de plastique souple. Je me souviens entre autre d’une occasion où la pêche était difficile et que je m’étais rendu compte, en observant le contenu de l’estomac d’une truite, que ce dernier était rempli de  petites sangsues complètement noires. En fouillant dans mes leurres pour tenter d’imiter ma découverte, je tombe sur de petits tubes noirs foncés en plastique souple. N’ayant rien à perdre j’enfile ce dernier à mon petit hameçon à la place du ver et je lance le tout en m’assurant de bien laisser la cuillère descendre jusqu’au fond. Après à peine quelques tours de manivelle, je ressens une légère tension et je ferre aussitôt. Un combat endiablé suit et je suis fou de joie en voyant une belle truite de près d’un kilo (2 lb) gigoter au fond de l’épuisette. Une découverte qui me permit de faire plusieurs autres captures à mon grand plaisir malgré des conditions peu favorables.

Mais, comme quoi les occasions se suivent sans nécessairement se ressembler, l’année suivante (souvenir encore frais en tête) je suis de retour sur le même lac et cette fois les truites ne veulent absolument rien savoir de mon petit tube noir. Elles sont plutôt d’humeur boudeuse et rien se semble les faires réagir. Comme les teintes naturelles ne fonctionnent pas du tout, j’installe un leurre de plastique souple qui m’a souvent permis de réaliser de belles pêches sur plusieurs plans d’eau. Il s’agit du réputé Atomic Teaser de Berkley de couleur rose ou blanc, un genre de petit tube affublé d’une queue de couleur semblable ou contrastée. Mon compagnon me regarde d’un air peu convaincu lancer le leurre près de la berge tout en le récupérant par petites saccades en m’assurant qu’il redescende près du fond après chaque tirade. À mon deuxième lancer, ma canne ultra légère s’arc-bouque sous le poids d’une belle prise qui vend chèrement sa peau avant de pénétrer dans le filet que mon collègue lui présente. Le début d’une série de plusieurs captures qui démontre une fois de plus l’attrait du plastique souple pour les truites.

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Une belle truite déjouée avec un Atomic Teaser de la compagnie Berkley. Les modèles tube blanc/queue jaune et tube rose/queue rose (en mortaise) ont souvent été très profitables pour l’auteur.

Plus récemment

Il y a quelques années à peine je me retrouve cette fois  au printemps sur le territoire d’une pourvoirie du Centre-du-Québec accessible uniquement par voie des airs. Tellement convaincu de l’efficacité de « mes » leurres de plastique souple, je décide de ne même pas apporter de vers de terre. Avant de prendre place dans l’avion je parle de ma technique de pêche au pourvoyeur mais, sans surprise, il n’est pas convaincu du tout. Il m’assure même que dans le besoin je pourrai obtenir des vers sur place. Je le regarde avec un grand sourire et lui affirme que nous n’en aurons pas besoin…

Et comme prévu ce fut un voyage incroyable où nous avons capturé de belles mouchetées de toutes les tailles sans jamais nous salir les mains. Lors de ce voyage deux leurres de plastique souple se sont particulièrement distingués. Il s’agit des réputés Power Nymph de la maison Berkley en teinte verdâtre (Pearl Olive Shad) et des Nymph orange et brune de Mister Twister. Le tout présenté à la traîne en montage conventionnel incluant une cuillère ondulante Lake Clear argent et cuivre en guise d’attracteur, un bas de ligne en fluorocarbone de 60 cm (24 po) le tout terminé d’un hameçon Président numéro 6. Pour le bas de ligne, le monofilament en nylon aurait pu faire l’affaire car il demeure peu visible dans l’eau, toutefois pour une discrétion maximale il faut garder à l’esprit que le fluorocarbone est pratiquement invisible en raison de son indice de réfraction presque identique à celui de l’eau. Pour un truc supplémentaire concernant l’utilisation des nymphes en plastique souple  visionnez la petite vidéo 2 ci-dessous.

Pour résumer

J’espère que j’ai réussi à vous convaincre de l’efficacité du plastique souple pour taquiner la truite. Sincèrement lorsque les mouchetées, arc-en-ciel et autres ombles et truites sont le moindrement actifs je peux vous affirmer que l’utilisation de vers de terre n’est absolument pas une obligation. Et à l’instar des célèbres Dupond et Dupont, je dirais même plus : bien souvent les imitations en plastique sont carrément supérieures au ver de terre. Et ce pour la simple et bonne raison qu’elles ont un réel pouvoir attractif sur les truites et qu’on peut fréquemment faire de nombreuses prises avec un seul et même leurre contrairement au ver de terre.

Par contre, pour être complètement transparent, je dois avouer qu’il y a des occasions et des endroits où ces leurres sont parfois moins efficaces. Si par exemple la pêche est vraiment très difficile, le ver sortira bien souvent bon premier au concours du plus grand nombre de prises. Dans ces conditions il faut se rappeler que les truites ont la mauvaise habitude de mordre du bout des lèvres et ce genre de morsure ou plutôt de mordillage nous fera, plus souvent qu’autrement, manquer nos ferrages. Et contrairement au ver de terre, une truite revient rarement attaquer un leurre de plastique souple après une première attaque manquée.

Bref, pour une sortie à la truite l’idéal c’est d’apporter vers de terre et leurres artificiels et de vous adapter à l’humeur des truites. Et je vous garantis que si vous donnez une vraie chance aux leurres de plastique souple vous serez surpris du nombre de fois que vous n’aurez pas à vous salir les mains…

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Les nymphes en plastique souple Berkley (dans la gueule du poisson) ou Mister Twister (en vignette) font maintenant partie des leurres préférés de l’auteur pour déjouer les truites.

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