DORÉ

Par PASCAL BLAIS
Présentation naturelle ou artificielle?
Le doré demeure une espèce de poisson mythique pour certains pêcheurs. Pourtant, si on analyse un peu plus en profondeur les différents paramètres qui peuvent l’affecter, on se rend compte que ce poisson ne fait que répondre à ses instincts de survie ou encore il cherche à combler des manques qui peuvent sévir à certains moments de l’année.

Présentation naturelle ou artificielle?
Le doré demeure une espèce de poisson mythique pour certains pêcheurs. Pourtant, si on analyse un peu plus en profondeur les différents paramètres qui peuvent l’affecter, on se rend compte que ce poisson ne fait que répondre à ses instincts de survie ou encore il cherche à combler des manques qui peuvent sévir à certains moments de l’année.

Présentation naturelle ou artificielle?
Le doré demeure une espèce de poisson mythique pour certains pêcheurs. Pourtant, si on analyse un peu plus en profondeur les différents paramètres qui peuvent l’affecter, on se rend compte que ce poisson ne fait que répondre à ses instincts de survie ou encore il cherche à combler des manques qui peuvent sévir à certains moments de l’année.

Il y a très longtemps que l’idée d’écrire un article sur le choix des offrandes afin de berner le doré me trotte dans la tête. Je discute souvent avec des pêcheurs d’expérience et je suis toujours aberré de voir combien il existe un fossé très important entre les leurres artificiels en forme de poisson et les appâts naturels. Pour être plus précis, certains pêcheurs ne jurent que par l’un ou l’autre. J’entends souvent : « Moi, à chaque année lors de mon voyage de pêche, je fais mes limites avec des jigs et une imitation de poisson de 3 pouces ». Le contraire est également vrai. Le ver de terre ou la sangsue pourrait être les seules armes des « antis-artificiels ». Est-ce que ces deux types de pêcheurs ont raison? Est-ce qu’il y a un type d’offrande meilleur que l’autre? Je vous fais ici part de mes observations, de mes analyses, bref, de ma théorie qui me rapporte du succès.
La fraie au printemps
Non, je ne vous ferai pas un cours de biologie dans cet article. De toute façon, vous savez probablement déjà que le doré est un poisson qui fraie au printemps. C’est le point que je veux faire ressortir ici. Généralement, ce rituel annuel se passe quelques semaines après la fonte des glaces chez ce percidé. Pour nous, les êtres humains qui lisent cet article, il n’y a pas vraiment de particularité à frayer au printemps. Après tout, d’autres espèces comme l’achigan, l’esturgeon ou le brochet le font. Or, il faut savoir que la reproduction et l’action de frayer est exigeante physiquement chez les poissons. Et, comme la pêche n’ouvre pas très longtemps après que les dorés aillent frayer, là on touche un point majeur.
En début de saison, lorsque que les dorés sortent de la période de reproduction, ils vont chercher à reprendre rapidement du poids. Qu’est-ce qui est riche en calorie et qui leur permet de reprendre rapidement de la masse corporelle : des petits poissons. En plus, les ménés ou les autres petits poissons que le doré peut ingérer possèdent un élément clé: les électrolytes qui sont en fait des sels minéraux. Ces sels sont très importants dans la diète des dorés tout au long de l’année puisque l’eau douce leur en fait perdre. Or, après la fraie, les dorés ont dépensé beaucoup d’énergie sans toutefois s’alimenter intensément comme à d’autres périodes de l’année. Il se trouve donc que les sels minéraux sont probablement à leur plus bas niveau dans leur métabolisme. Une fois de retour dans un mode de vie plus « normal » les dorés vont chercher à manger quoi vous pensez? Oui, des petits poissons!
En début de saison, les imitations de méné comme les poissons-nageurs ou les têtes de jig garnies d’un leurre souple, qui imitent une proie du plan d’eau, sont généralement très productives. Je ne vous dis pas que vous ne prendrez jamais de dorés au printemps avec un ver ou une sangsue et dans certaines situations ou certains plans d’eau, ils feront certainement le travail. Mais en général, les leurres ayant une silhouette de méné ou de poisson sont plus efficaces au printemps, surtout quand les conditions climatiques augmentent le niveau d’activité du poisson comme du vent modéré à élevé et un niveau de luminosité qui varie de moyen à faible.
Jusqu’à quand et où?
Dans ma philosophie de pêche au doré, les leurres en forme de petits poissons sont à un excellent niveau de productivité durant environ 6 à 8 semaines selon ce que la température nous réserve. Concrètement, de la mi-mai au début juillet, ces leurres sont selon moi à mettre en tête de liste lorsque vient le temps de choisir une offrande. Dès que les premières grandes chaleurs font leur apparition, on dirait que le doré change d’habitude alimentaire. C’est comme si l’eau plus chaude, l’abondance de nourriture et aussi la réalité que ses besoins biologiques changent, le font progressivement changer de diète. Je ne vous dis pas que le doré arrête de manger des ménés. Loin de là. Mais, un ver ou une sangsue bien présenté fait alors des ravages.
Je me souviens d’une certaine après-midi de pêche à la fin juillet sur le lac Frotet dans le Nord du Québec. Nous prenions des dorés à toutes les passes de traîne sur un haut-fond de roches entre deux îles. La pêche était fantastique. Comme nous étions en plein cœur d’été, notre groupe de trois pêcheurs était armé de marcheurs de fond, de sangsues et de vers de terre. Soudain, mon compagnon me lance tout bonnement : « pourquoi on ne pêche pas au poisson-nageur au lieu de mettre des vers de terre et des sangsues? » et moi je lui réponds : « parce qu’à ce temps de l’année, le naturel est généralement plus productif ! ». La discussion a continué comme ça quelques instants jusqu’à ce que je décide de lui prouver ce que j’avançais.
C’est alors que nous avons changé les appâts naturels pour des poissons-nageurs. Si je me souviens bien, nous avons fait au total, quatre passes sur la même structure. Vous savez ce qui s’est passé? Rien! Même en changeant de couleur, de type d’action, de vitesse ou de profondeur avec nos imitations de méné, les dorés gardaient la gueule bien fermée. Mon compagnon qui était un peu sous le choc en ajoute : « Moi je pense que les dorés qui sont sur cette structure en avaient pas mal déjà vu. Pourquoi on ne va pas essayer une autre structure? ». C’est ce que nous avons fait…. Et refait…. Est-ce que notre résultat a changé? Oui en 1h30 de pêche, on a cumulé : 1 doré avec les poissons-nageurs. Or, une heure normale de pêche avec des appâts naturels nous rapportait en moyenne 10 dorés par heure. Et vous savez quoi? J’ai même poussé l’audace de repêcher les mêmes structures que nous avions travaillées avec les poissons-nageurs, mais avec des appâts naturels. Oh, là vous auriez dû voir le visage de mon compagnon quand les dorés se sont succédés les uns après les autres sur ces mêmes structures que nous venions de pêcher. Et ce genre de succès avec des appâts naturels n’est pas « isolé ». Combien de fois lors de mes voyages de pêche estivale, j’ai vu des pêcheurs s’entêter à dire qu’un poisson-nageur « X » est le meilleur leurre même en été. Pourtant, ils y perdaient parfois trois jours de pêche pendant que d’autres n’arrêtaient pas de faire travailler leur épuisette…
Comment?
L’été contrairement au printemps et à l’automne où les poissons sont en général plus agressifs, j’ai souvent eu beaucoup de succès avec des présentations lentes. Pour chiffrer le mot « lent » disons que je fais évoluer mon leurre à moins de 2,4 km/h (1,5 mi/h). Ici, j’aime bien le montage du marcheur de fond suivi d’un bas de ligne de 120 cm (48 po) en fluorocarbone auquel j’accroche un hameçon Slow Death et évidemment un ver de terre ou une sangsue (pour en savoir plus concernant la résistance à l’abrasion du fluorocarbone, consultez la vidéo ci-dessous). J’aimerais ici porter votre attention sur le choix de l’hameçon Slow Death. Sur le marché, il existe plusieurs compagnies qui fabriquent ce type d’hameçon courbé bizarrement. Pour ma part, je choisis toujours les Death Roll de Matzuo. Ces hameçons ont une courbure encore plus prononcée ce qui permet à mon appât de danser langoureusement même à des vitesses très basses en dessous du 1,6 km/h (1 mi/h) (voir photo ci-dessous). De plus, je peux y accrocher un ver ou une sangsue complète et mon hameçon garde la même action dans l’eau. Ceux qui pêchent beaucoup avec cette technique savent que ce n’est pas le cas pour tous les fabricants des hameçons Slow Death. Il faut souvent utiliser un appât coupé sinon l’hameçon ne tourne pas sur lui-même et l’efficacité s’en trouve réduite de beaucoup.

Hameçon Death Roll de Matzuo
Présentation de type Slow Death avec hameçon Death Roll de Matzuo.
Dans les cas où la pression de pêche est grande et que le doré ne veut rien savoir durant l’été, je vais même carrément cesser tout mouvement de mon appât. Dans ce cas-là, c’est le drop-shot qui devient mon arme de prédilection. On descend un appât frais sous l’eau et on attend. Bon je l’avoue, ce n’est pas la pêche la plus palpitante, mais quand rien ne va, c’est très souvent la seule façon de s’en sortir et de faire des pêches correctes voire même plus que respectables en certaines occasions. Évidemment, il est important d’avoir trouvé une concentration de dorés avec notre sonar avant d’essayer cette technique car elle ne couvre que très peu de terrain. Si les dorés sont présents, l’action ne devrait pas prendre plus de 10 minutes avant de se produire. Si ce n’est pas le cas, quelque chose cloche dans le montage ou encore les poissons aperçus au sonar ne sont peut-être pas des dorés. Parlant de montage, j’aime bien employer les hameçons Spin Shot de VMC (voir photo à droite). Comme l’hameçon peut tourner sur lui-même (puisqu’il est monté sur une tige), l’appât peut garder un air un peu plus naturel sous l’eau et bouger un peu. Cette caractéristique titille selon moi grandement les dorés plus amorphes qui voient sans cesse un appât facile à capturer tout près d’eux.

Hameçon Spin Shot de VMC
Présentation de type Drop Shot avec hameçon Spin Shot de VMC.
NOTE DE L’AUTEUR – J’ai remarqué que l’été en période de grands vents et/ou très tôt le matin et tard le soir, les dorés vont souvent avoir davantage d’intérêts pour les imitations de ménés et seront alors plus enclins à les attaquer.

HameçonDeath Rollde Matzuo
Présentation de type Slow Death avec hameçon Death Roll de Matzuo.
Dans les cas où la pression de pêche est grande et que le doré ne veut rien savoir durant l’été, je vais même carrément cesser tout mouvement de mon appât. Dans ce cas-là, c’est le drop-shot qui devient mon arme de prédilection. On descend un appât frais sous l’eau et on attend. Bon je l’avoue, ce n’est pas la pêche la plus palpitante, mais quand rien ne va, c’est très souvent la seule façon de s’en sortir et de faire des pêches correctes voire même plus que respectables en certaines occasions. Évidemment, il est important d’avoir trouvé une concentration de dorés avec notre sonar avant d’essayer cette technique car elle ne couvre que très peu de terrain. Si les dorés sont présents, l’action ne devrait pas prendre plus de 10 minutes avant de se produire. Si ce n’est pas le cas, quelque chose cloche dans le montage ou encore les poissons aperçus au sonar ne sont peut-être pas des dorés. Parlant de montage, j’aime bien employer les hameçons Spin Shot de VMC (voir photo ci-dessous). Comme l’hameçon peut tourner sur lui-même (puisqu’il est monté sur une tige), l’appât peut garder un air un peu plus naturel sous l’eau et bouger un peu. Cette caractéristique titille selon moi grandement les dorés plus amorphes qui voient sans cesse un appât facile à capturer tout près d’eux.

Hameçon Spin Shot de VMC
Présentation de type Drop Shot avec hameçon Spin Shot de VMC.
NOTE DE L’AUTEUR – J’ai remarqué que l’été en période de grands vents et/ou très tôt le matin et tard le soir, les dorés vont souvent avoir davantage d’intérêts pour les imitations de ménés et seront alors plus enclins à les attaquer.
Selon l’auteur, durant l’été lorsque la pêche est difficile, une bonne méthode pour tirer son épingle du jeu consiste à essayer de repérer quelques concentrations de dorés et ensuite descendre un appât naturel en présentation lente du type drop-shot.
Photo : RICHARD MONFETTE
L’automne, le retour d’une diète consistante
Lorsque les nuits commencent à se rafraichir et qu’on doit tourner la page du calendrier vers le mois de septembre, le pêcheur doit à nouveau ajuster son arsenal de pêche au doré. La brume qui s’élève tranquillement du dessus des plans d’eau rappelle que les appâts naturels seront bientôt surpassés par des présentations qui imitent des proies plus consistantes et plus caloriques. En bref, les imitations de poisson-fourrage comme les poissons-nageurs ou les dandinettes habillées d’un leurre de plastique souple en forme d’un poisson sont d’office. Tout dépendant de l’activité du doré et du type de plan d’eau, l’action de ces imitations peut varier. En rivière ou au fleuve, il arrive plus souvent que les leurres émettant beaucoup de vibrations et d’action soient plus productifs. En lac, il faut habituellement y aller plus subtilement avec des poissons-nageurs sans billes sonores ou encore avec des leurres souples qui déplacent peu d’eau. J’aime bien à cette période les imitations de méné avec une queue en « V ».
Autant chez les femelles que chez les mâles, l’automne représente la dernière période avant la fraie où la température de l’eau croisera la température préférentielle du doré. Il en profitera pour manger beaucoup et souvent afin que ses gonades (organes sexuels) croissent rapidement. L’eau froide qui arrive avec l’hiver fera diminuer son activité et par le fait même ses repas seront plus petits et moins fréquents.
Photo : PASCAL BLAIS
L’auteur avec une belle prise leurrée en traîne lente avec une sangsue lors d’une sortie de pêche estivale.
En résumé
À mon avis, un pêcheur polyvalent doit s’adapter à l’humeur des dorés et à leur intérêt pour certaines proies au cours de la saison. À ce chapitre, il ne fait aucun doute que les imitations de ménés sont à considérer au printemps et à l’automne alors que les proies comme le ver de terre ou la sangsue ont habituellement la cote des dorés en été. Il y a toujours des exceptions à cette règle et c’est ça la beauté de la pêche.
En résumé
À mon avis, un pêcheur polyvalent doit s’adapter à l’humeur des dorés et à leur intérêt pour certaines proies au cours de la saison. À ce chapitre, il ne fait aucun doute que les imitations de ménés sont à considérer au printemps et à l’automne alors que les proies comme le ver de terre ou la sangsue ont habituellement la cote des dorés en été. Il y a toujours des exceptions à cette règle et c’est ça la beauté de la pêche.
Photo : PASCAL BLAIS
L’auteur avec une belle prise leurrée en traîne lente avec une sangsue lors d’une sortie de pêche estivale.