CHRONIQUE
100% PASSIONNÉE
De la fébrilité dans l’air
Comme à chaque année, les petits rituels reviennent. On finit de préparer notre matériel, on s’assure que les caches soient en bon état et fonctionnelles, trailers, VTT et tout le tralala. On sort tous les appelants, les sacs et on s’assure que tout soit ready. Permis en mains et munitions adéquates, il vous manque seulement une bonne prospection afin de repérer une ou plusieurs terres fréquentées par le gibier et vous serez prêt pour l’ouverture de la chasse à la bernache. En début de saison, la chasse vise particulièrement la bernache dite résidente. Je veux dire par là, celle qui est demeurée ici depuis le printemps au lieu de migrer vers le nord. Il est autorisé de chasser en terre agricole seulement et la limite est de 10 bernaches par chasseur. Un peu plus tard en saison, le quota diminue à deux ou trois par chasseur, dépendamment de leur district et il remonte un peu plus tard fin octobre/début novembre. Il est donc important de bien lire la réglementation concernant la chasse aux oiseaux migrateurs car c’est plein de petites spécificités.
Il est important de bien connaître la réglementation car les limites de bernache varient en nombre selon la période de la saison.
C’est sûr que je ne suis pas la seule, mais comme de nombreux autres chasseurs je suis particulièrement excitée à l’approche de cette chasse, car oui c’est l’une de mes préférées, mais c’est aussi elle qui ouvre en premier. L’été a duré une éternité et enfin on commence à avoir quelques matins plus frais. La pêche c’est bien plaisant mais j’avais plus que hâte que la chasse recommence. Une des choses que j’aime de la chasse à l’outarde c’est que c’est une chasse qui nous permet de jaser et d’avoir du fun. J’ai des partenaires de chasse que je vois seulement lors de cette chasse justement, donc c’est toujours plaisant de revoir de bons amis. On se lève très tôt et pourtant, on a tous le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Un gros thermos de café dans le sac à dos et let’s go c’est parti. Même si leurs techniques d’approche ne changent pas au fil des ans, je suis charmé à toutes les fois. Le feeling que je ressens lorsque je vois et que j’entends les premières bandes de bernaches entrer au set up, c’est juste indescriptible. J’ai été patiente et c’est enfin le moment! C’est un mélange de stress, de joie, d’impatience et de plaisir, tout un beau petit mélange de tout ça! La journée où je ne ressentirai plus ça, je crois que la chasse ne sera plus pour moi.
Il n’y a pas un début de saison comme les autres, tout dépend des champs qui ont été récoltés et de la nourriture disponible dans votre secteur de chasse. Les pièces de foin sont excellentes ainsi que les champs de maïs battus. Ce sont mes préférences, mais comme on dit on fait parfois avec ce qu’on a! Un champ près d’un bon fly-way, quelques appelants, deux trois appels et le tour est aussi joué parfois. J’aime beaucoup les champs de maïs qui ne sont pas battus au complet. Il nous est alors possible de nous cacher dans le blé d’inde debout et dans ces moments-là les oiseaux rentrent très près de nous, je trouve ça beau et j’apprécie énormément ces moments d’observation.
Au cours de la saison, le décor change autour de nous. On chasse la majorité du temps dans des caches sur lesquelles on rajoute des panneaux de jonc, sinon on peut aussi s’asseoir entre les rangs de maïs comme mentionné plus haut. Il faut s’adapter avec le fond sur lequel on s’adosse pour ne pas contraster avec l’environnement autour et être le plus subtile possible. Tôt comme ça en saison, on met du gros foin très vert ou des quenouilles car il y a encore beaucoup de végétation. C’est toutefois important de ne pas utiliser de phragmites, c’est une plante très invasive, les graines présentes dans les pompons se répandent en tombant au sol et contamine ainsi l’environnement où vous êtes.
Les bernaches sont habituellement très réceptives aux calls quoi que lorsqu’elles auront vu leurs fausses amies au sol vous n’aurez pas besoin de bien vous époumoner pour les faire venir dans votre set up. Les oiseaux sont très peu farouches en début de saison car ils n’ont pas été chassés depuis des mois. Vous n’aurez pas besoin de beaucoup d’appelants non plus, entre 12 et 20 pourront très bien faire l’affaire. On fait de très belles chasses la plupart du temps, mais ça reste la chasse tout de même. Le secret est souvent autant dans la prospection que dans l’installation, en plus ce sont des moments très apaisants pour moi de les regarder se dandiner dans le champ.
RICHARD MONFETTE
En début de saison les bernaches sont moins farouches et souvent une douzaine d’appelants réalistes seront suffisant pour les berner.
Pour moi, la chasse, ce n’est pas juste le résultat final mais bien toutes les petites étapes et moments par lesquels j’ai passé pour m’y rendre. J’ai tout autant de plaisir à préparer ma saison qu’à la vivre et ce pour toutes les chasses. On ne parlera pas de ma saison de piégeage car elle j’y pense même en dormant!
On est passionné ou on ne l’est pas! Je vous souhaite à tous une saison à la hauteur de vos attentes.