SAUVAGINE

Textes et photos
MICHEL LA HAYE

Depuis que la neige a neigé, je  languis d’attendre la saison de la chasse, surtout en ce qui a trait à la sauvagine! Rien pour m’aider dans cette attente, durant les vacances de juillet je suis allé visiter mon premier enfant qui s’est installé à Montréal pour poursuivre des études supérieures (je ne vous cache pas ma grande fierté à ce sujet!). Bé, c’est son nom, me dit: « papa, regarde le beau disque vinyle que j’ai déniché, ce sont des chasseurs connus qui font divers appels, dont ceux de canards et de bernaches, j’ai pensé que tu voudrais l’entendre! ».  Il ne pouvait pas mieux dire, « Comment parler au gibier » est un vrai petit bijou de notre patrimoine de chasse, les noms des auteurs de ce disque évoquent chez moi de gros frissons, de doux souvenirs et beaucoup de reconnaissance.  Les André Archambeault, Bernard Chaput, René Caron, Gilles Richard, Pierre Guilbeault, Eugêne Labelle, Gérard Bellerose, bien entendu, André Yves Croteau (qui est de ceux qui m’ont inspiré à devenir chroniqueur de chasse), Yvon-Louis Paquet (auteur du remarquable ouvrage: Aurores dorées et bruissements d’ailes, un autre bijou de nos souvenirs de sauvaginiers), Paul Chaccarelli,  Hector Desmarais, Henri Poupart … entre autres, forment une pluie de grands noms de chasseurs, auteurs et chroniqueurs émérites qui méritent notre respect et notre reconnaissance pour leur persévérance dans le domaine et leur désir de nous faire aimer la chasse. Humblement, je vais tenter, pour une 25e année consécutive, de jouer ce rôle avec vous, lecteurs, amis, admirateurs de toujours et surtout amant de la chasse à la sauvagine, merci de me donner cet immense honneur et chance de poursuivre ce beau métier de chroniqueur, MERCI!

Pochette du disque, Comment parler au gibier, quels beaux souvenirs 😊.

Note d’André Y. Croteau au verso de la pochette …  bien lire et retenir !

Réponse
aux
lecteurs

Réponse aux lecteurs

Je reçois beaucoup de questions via mon site web, FB ou par courriel, mais peu par le magazine, n’hésitez pas à acheminer les vôtres aux éditeurs qui se feront un immense plaisir de me les retransmettre.

Je vais aborder ici un sujet très délicat, un lecteur m’a demandé, voici quelques années, la manière d’évaluer la qualité et le sérieux d’un service de guide à la sauvagine. En début de saison, j’ai pensé que ça pourrait être utile d’informer les lecteurs désirant faire appel à un service de guide de quelques points essentiels à surveiller lors de leur booking

À l’époque, avant de produire une note technique à ce sujet, j’ai longuement réfléchi, car je savais que ça allait « brasser » comme on dit!  Après sa parution, qui a soulevé un immense tollé, plusieurs autres guides m’ont demandé la permission de reproduire cette courte note sur leur page FB ou site web.  Même après quatre ans, elle demeure très pertinente aux yeux de plusieurs sauvaginiers chevronnés, la voici en version originale (2019) :

Sauvagine MLH 19 décembre 2019

ATTENTION CLIENTS DE CHASSE À LA SAUVAGINE!

Rappel

Bonjour, avant de booker avec n’importe qui vérifiez les points suivants pour votre SÉCURITÉ ET CELLE DE VOS PARTENAIRES DE CHASSE et pour vivre une belle sortie de chasse guidée:

  • Nombre d’années d’expérience comme chasseur, en bas de 10 méfiez-vous;
  • Niveau de couverture d’assurance responsabilité pour les clients et les propriétaires des sites où les chasses sont prévues;
  • Formations de premier répondant reçues ; RCR, premiers soins, survie en milieu éloignée, etc., et SURTOUT, DATE DE LA DERNIÈRE MISE À JOUR (normalement 1/24 mois);
  • Si la chasse est en embarcation; demandez le nombre d’années d’expérience en navigation, les formations de sauvetage reçues (en rive, milieu rapide, etc.);
  • Les détails de la sortie; gibier ciblé (surtout à l’automne), garanties, durée prévue, équipements et matériels inclus, conditions de la chasse (nouveau site, cache fixe, etc.), mode de transport à la cache, intervention des clients prévue (ex. installation des appelants, etc.), si deux de ces points dérogent de ce qui vous a été annoncé a priori vous êtes en droit de demander un remboursement;
  • Résultats des chasses de l’année précédente, un guide même moyen devrait avoir une moyenne (même à l’oie blanche) sur 5 sorties d’au moins 1 ou 2 excellentes, 1 ou 3 moyennes et 1 seule mauvaise;
  • Garanties de remise de la sortie advenant l’absence ou la rareté de gibier;
  • À quand remonte la première sortie guidée en solo de votre guide (sur ce point il ne peut vous mentir vous n’avez qu’à le demander sur FB et vous saurez). Si c’est moins de 4 ou 5 ans, méfiez-vous, cette personne manque de profondeur et ne fait que copier la technique, les équipements et les approches d’autres guides bien établis, et ce, surtout s’il n’a pas été assistant durant quelques années avec un de ceux-ci, s’il a effectué peu de sorties les années précédentes ou qu’il a commencé à chasser depuis peu par lui-même avant d’offrir ses services;
  • Demandez depuis combien d’années votre guide fréquente la région de votre sortie de chasse, si c’est moins de 5 ou 6 ans, soyez vigilant, il est clair qu’il ne la connait pas bien et qu’il chevauche des sites déjà fréquentés par d’autres guides;
  • Bien entendu, on évitera les gens au passé douteux ou ayant été récemment reconnus coupables de méfaits publics, d’actes criminels ou de braconnage, vous en conviendrez!

Tous ces points sont onéreux, mais essentiels pour pouvoir fournir un service professionnel, petite information pour vous permettre de vous situer; nous demandions 150$/chasseur en… 1994 et nous étions toujours réservés 2 ans à l’avance. Le profit obtenu équivalait au salaire d’un ouvrier spécialisé après les dépenses de fonctionnement, l’amortissement des équipements et selon le temps consacré aux prospections. Avec une moyenne de 2 % d’inflation/an, depuis ce temps, faites vos calculs.

Bon magasinage de guide en 2023

Belle sortie de chasse à la bernache avec un vieux, très vieux groupe de clients, devenus des vrais amis avec le temps ;)

Appelant-appels-caches

Les fameuses pancartes d’ouverture « Un tel 2023-24-25 »

En territoire public, c’est-à-dire dans les eaux navigables ou en forêt non privée sans droits d’accès ou d’utilisation géré, la coutume veut qu’une pancarte ne soit valable que pour l’ouverture, une seule année, après cette période, premier arrivé premier servi. Nul ne peut se réserver le droit d’utiliser un site durant toute une ou plusieurs saisons en territoire public. Les histoires au sujet des « pancartes d’ouverture » sont nombreuses et alimentent, bon an mal an, les forums de discussions et les FB de ce monde, toujours avec beaucoup de hargne, de mépris et presque de haine! C’est d’ailleurs pour cette raison que je fais presque toujours les ouvertures en territoire privé. Respect, courtoisie et réserve dans ses comportements sont et seront toujours de mise en territoire public, en fin de compte, il s’agit d’une activité récréative ou sportive, gardons ça en tête durant la prochaine saison et les suivantes.

Je parle bien d’un site, mais que faire en présence d’une cache élaborée? Encore une fois, la coutume, et je ne parle pas ici de lois, veut que l’on cède la place au propriétaire s’il est présent ou se présente durant la chasse. Par respect et avec honneur, on n’utilisera pas une cache plate-forme, par exemple, car le propriétaire pourrait arriver plus tard et vouloir s’y installer au cours de la journée. Un bon vieux « duck boat » vous permettra de vous installer dans de bons sites de gagnage après l’ouverture sans déranger personne, le pays est grand, il y a de la place pour tout le monde avec un peu de bonne volonté 😊

Biologie et aménagement

Grippe aviaire

On a signalé plusieurs foyers d’infection au Québec chez les fermes d’élevage, mais aussi chez les oiseaux sauvages dans certains sites très localisés depuis le début du printemps, par exemple, à la colonie de fous de Bassan de l’île Bonaventure (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1889468/fou-bassan-parc-bonaventure-ile-grippe-aviaire).

Je vous tiendrais au courant, mais je m’adresse ici aux propriétaires de chiens de chasse, en particulier de rapporteurs. Un cas de mortalité à été rapporté dans la région d’Oshawa en Ontario, selon cet article, https://www.journaldemontreal.com/2023/04/24/cest-du-jamais-vu—la-grippe-aviaire-gagne-du-terrain-au-quebec , le chien aurait mâché une oie blanche. Un expert mentionné dans l’article avise également que: « pour l’instant, les rares cas humains répertoriés dans le monde provenaient de contacts étroits avec des volailles. ». Alors, collègues sauvaginiers, prudence durant la saison qui arrive. 

Dans le même ordre d’idée, je vous invite à consulter et même à alimenter le site suivant avec vos observations qui se consacre à ce sujet https://www.oiseauxcanada.org/aidez-a-combattre-lepidemie-de-grippe-aviaire.

Anecdote sauvaginière

Il s’agit d’un fait qui est survenu récemment alors que je pilotais une équipe d’apnéistes de la firme Stantec au début de juillet dernier (avec laquelle je collaborais depuis 4 ans en tant qu’ichtyologiste senior et où je suis maintenant directeur en expertise aquatique) entre le club nautique Saint-Laurent, situé dans la municipalité du même nom sur le côté sud de l’Île d’Orléans, et l’emprise du pont de l’île. Ayant travaillé en tant que consultant pour l’autorité portuaire de Québec durant cinq années, j’ai acquis une très bonne connaissance de ce secteur, assez particulier et dangereux pour la navigation de plaisance, et c’est pour cette raison que l’on m’avait mandaté pour escorter une équipe d’apnéistes dont le travail a consisté à définir la répartition des mulettes (moules d’eau douce) dans le secteur du pont. Bref, au cours du dernier soir de travail, en revenant de stationner ma Uma21 au bout du quai ouest de la marina, j’entends un homme dire: « Hey, je vous connais, vous chassez le canard, l’oie et la bernache! ».  Je me retourne et je vois un couple qui a l’air très avenant qui me regarde, puis l’homme s’avance et me tend la main en me disant: « vous êtes Michel La Haye, je vous suis depuis le début, ça fait des années, c’est un honneur de pouvoir vous saluer ». Dennis Ouellet, c’est son nom, un sauvaginier de la région de Québec, se retourne vers sa compagne et lui dit, non sans beaucoup de fierté et de décorum: « ce monsieur est une légende dans le monde de la chasse à la sauvagine, je suis très content de le rencontrer » avec un beau sourire aux lèvres! Nous jasons ensuite un bon moment, parlons de nos amis et connaissances communes (tous les grands esprits se rejoignent bien un jour ou l’autre!), d’un membre du groupe destination X que nous avons côtoyé, du fleuve, si majestueux et, bien entendu, de la chasse à la sauvagine! En partant, je le remercie pour ce temps précieux entre vrais de vrais sauvaginiers et je lui dis en me retournant après quelques pas: « légende, ouais ha ha ha, si tu veux, merci c’est très gentil, mais vivante quand même, vue que je me trouve sur ce quai avec vous! ». Nous partons tous les trois à rire de bon cœur. Quelle merveilleuse rencontre, dans ces moments rares et précieux, j’ai beaucoup de gratitude envers la vie et les amateurs de sauvagine qui me connaissent et me suivent depuis si longtemps, de pouvoir rencontrer des gens passionnés et échanger sur cette activité divine qu’est la chasse à la sauvagine! En arrivant en haut, mon vieil acolyte de toujours, François, m’attend avec le camion, il a rangé tout l’équipement aquatique en m’attendant, ce que je trouve très gentil de sa part. Je lui raconte la belle rencontre que je viens de faire sur le quai et le bonheur que ça m’a apporté,  non sans avoir la vue embrouillée par l’émotion du moment qui monte. Et il me dit cette phrase, si belle et valorisante: « Tu sais Michel, tu prends toujours le temps de parler aux gens qui te suivent, tu es généreux dans tes écrits comme dans tes explications, toujours et partout peu importe ce que tu es en train de faire, je t’ai vu souvent arrêter, alors que tu avais mille choses à faire, pour prendre le temps de parler et jaser avec ces gens. Tu les rends heureux en les accompagnant dans votre passion, et avec toute la merde que tu as traversée ce printemps, c’est bien la moindre des choses que cela te soit remis, savoures, tu le mérites bien! »  Ce mot de François termine cette chronique comme je l’ai débutée, en vous disant encore  mille MERCIS pour votre soutien, vos bons mots et vos encouragements 😊

Un beau tableau de chasse réussi par Dennis, un grand amoureux de sauvagine rencontré sur le quai du club nautique Saint-Laurent cet été (que je salue en passant pour leur accueil).

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