CHRONIQUE
100% PASSIONNÉE
Bien plus qu’une passion!
Mâle de 179 lb vide piégé par l’auteure. On voit bien le lacet qui est abimé à sa patte.
Texte, photos et vidéo
Marylin Soucy
Mâle de 179 lb vide piégé par l’auteure. On voit bien le lacet qui est abimé à sa patte.
Il y a maintenant quelques années que je pratique le trappage. Pourtant, il y avait un défi auquel je ne m’étais pas attaqué encore! Le piégeage de l’ours noir. Bien que cette pratique, ait été mal vue dans le passé, elle reste néanmoins un bon moyen de gestion et c’est une technique utilisée couramment par les scientifiques afin de capturer certains spécimens pour les étudier. Saviez-vous que l’ours est un animal à double statut? On peut à la fois le chasser et le piéger.
Mon secteur de chasse à l’ours est en Mauricie et c’est un secteur avec un bon potentiel. J’ai décidé de faire deux installations de piégeage en plus de mes sites d’appâtage pour la chasse. Cette saison, j’ai utilisé le piège qu’on appelle un M-15. C’est un gros ressort que l’on vient comprimer avec un déclencheur sur lequel l’ours doit tirer et qu’on insère ensuite dans une chaudière de 5 gallons. L’une des deux extrémités est tortillée comme une queue de cochon. C’est après cela qu’on accroche un appât ou un leurre. L’ours devra ainsi tirer dessus pour déclencher le piège. Moi, je voulais absolument tester une technique en particulier. J’ai attaché un bout de tissu avec des tie-wraps sur lequel je vaporisais un produit. Par l’entremise de mon travail, j’ai eu la chance de pouvoir créer une gamme de leurre pour la chasse et le trappage de l’ours et de les utiliser au cours de ma saison. Durant tout le printemps 2023 ainsi qu’à l’automne 2022, j’ai pu tester ces produits et toutes les saveurs se sont avérées très efficaces comme je le pensais. Étant seule et bien souvent à pied, je voulais un petit produit que je pouvais transporter partout facilement. Je pars ainsi installer mon piège avec très peu de matériel. Mon piège qu’il reste à activer, mon leurre, de la broche, un petit sécateur et le tour est joué. Aucune nourriture, poches ou chaudières lourdes à transporter.
À mon arrivée sur mon site, si c’est la première fois, je vais rechercher des arbres qui sont en V ou si je n’en trouve pas, il est possible de fixer deux travers de bois entre des arbres et de venir y fixer la chaudière. Il est préférable d’éviter d’installer sur ou près de résineux car l’ours risque de salir sa fourrure avec la sève et c’est très dur de nettoyer par la suite. J’installe de préférence sur un bouleau si j’en ai un de disponible (voir image de l’installation ci-dessous).
Installation d’un piège à ours de type M-15 telle que proposée par l’auteure.
J’ai tendu deux pièges et cela m’a permis de récolter deux mâles cette saison. Sur un permis de piégeage, il nous est permis de récolter 4 ours pour l’année dépendamment des UGAF (unités de gestion des animaux à fourrures). Dans mon secteur, c’est autorisé mais je trouvais que deux, c’était déjà un énorme défi. Il n’est pas possible d’être aussi sélectif avec le piégeage que lorsque l’on chasse, mais il y a certaines manières de tendre un piège pour limiter la prise de jeunes ours. En installant ses pièges à une bonne hauteur (1,5 m du sol environ) ou en ajustant la bonne pression pour les pièges à rétention au sol, on évite ce genre de situation. Nous ne sommes malheureusement pas à l’abri d’attraper une femelle qui a des bébés mais lorsque je sais que mon site est visité par une petite famille, j’évite d’installer mon piège à cet endroit et je me déplace dans un autre secteur. De là, l’importance pour moi d’avoir plusieurs sites différents.
J’installe dans des endroits qu’il m’est facile de visiter rapidement. Selon la réglementation, les installations doivent être visitées une fois par jour. Dans mon livre à moi, il me paraît inconcevable de laisser passer autant de temps, je visite donc le matin et en fin de soirée. Mon deuxième ours cette saison n’a même pas été deux heures au total dans le piège et malgré la puissance de l’équipement, il avait bien abimé le lacet (voir la photo en ouverture de chronique). Si j’avais attendu au lendemain matin, il serait probablement parti. Je m’étais fait dire qu’aucun ours n’avait la même réaction et c’est bien vrai. Ils peuvent être apeurés, fâchés, des fois ils se cachent, etc. Dans mon cas, j’en ai eu un qui était très fâché, qui a tout démoli autour de lui et l’autre, m’attendait calmement. Ça dépend toujours de son tempérament. Il ne faut jamais oublier que même s’il est pris, il y a quand même une longueur de câble donc je ne m’approche pas trop rapidement et je vérifie toujours ses pattes pour voir si le lacet est bien fermé.
Les émotions qu’on ressent lorsqu’on le voit pris là est simplement inexplicable. L’adrénaline dans le tapis, c’est très impressionnant (dans le court vidéo qui suit, on voit l’ours qui est pris par la patte).
Réaction de l’ours piégé à l’arrivée de l’auteure près de lui.
Il est très important d’arriver sur place préparé. Je veux dire par là d’être armé et en mesure d’abattre rapidement l’animal. Une carabine de calibre 22 MAG est très efficace pour une distance comme celle-ci et n’abime presque pas la fourrure. Pour le reste, c’est le même procédé que durant une chasse mais on retire le plus rapidement possible la fourrure pour qu’elle ne chauffe pas et s’abime.
L’automne prochain, je souhaite poursuivre le défi et essayer le piège avec lacet au sol. Une autre technique de piégeage qui est tout aussi efficace sinon plus. Je conseille à tous les trappeurs qui n’ont jamais essayé l’ours de s’y mettre. L’avantage d’un piège c’est qu’il travaille pour vous pendant votre absence donc j’aime bien tendre des pièges, visiter plusieurs sites et bouger. J’ai déjà hâte que le mois de septembre arrive ! On a tous notre dada et bien moi c’est définitivement l’ours noir !