ORIGNAL
Notre recette pour une bonne saline
Oui les salines servent à attirer le gibier et créer des habitudes de déplacement dans un secteur donné, mais elles ont également des bienfaits chez l’animal dans l’alimentation en venant combler des carences et par le fait même aider à la digestion, au développement des os et des muscles. Chez les mâles, les minéraux aident au développement du panache tandis que chez les femelles ils aident à la production d’un lait de qualité supérieure durant la période de lactation.
Le sel et les minéraux aident les femelles à produire un lait de meilleure qualité pour leurs rejetons.
Les salines sont constituées, comme leur nom l’indique, de sel et de minéraux. Les blocs de sel sont sans aucun doute la base usuelle d’une saline. On y ajoute ensuite quelques sacs de sel en granules ainsi que des minéraux.
L’emplacement idéal pour une saline sera toujours à proximité d’une source d’eau (ruisseau, rivière, lac, étang de castors). À proximité ne veut pas nécessairement dire sur la berge mais plutôt à une distance moyenne de quelques centaines de mètres. Si le secteur le permet, nous essayons toujours de positionner nos salines dans un site nourricier et/ou une zone de transition. Cette dernière coïncide souvent avec les sentiers créés par le gibier. Une végétation dense doit se trouver très proche pour que le gibier sente, qu’en cas d’alerte, il aura une cachette à proximité. Les secteurs avec deux couches de végétation (couche d’arbres matures et sous couche nourricière) sont également des secteurs à privilégier.
Idéalement une saline devrait être localisée à proximité d’une zone de forêt dense permettant aux orignaux de pouvoir rapidement se cacher en cas d’alerte.
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Les blocs de sel
Les blocs de sel utilisés sont les mêmes que ceux pour le bétail pesant 20 kg. Les plus populaires sont ceux de couleur blanche, rouge et bleu. D’autres couleurs existent comme le brun et le jaune. Il est à noter que les teintes varient selon le fabricant.
Les blocs blancs sont composés uniquement de sel (sodium), les rouges de sodium et d’iode et les bleus de sodium, d’iode et de cobalt. On peut retrouver sur le marché des blocs brun aussi appelé blocs avec oligo-éléments et des blocs jaunes avec du souffre ajouté.
Les roches de sel himalayen sont une autre sorte de bloc de sel qui peut donner de très bons résultats. Le sel himalayen vous est offert en différent format : roche d’environ 6 kilos, en gros morceaux (chunk) ou en granules. Ce type de sel a comme particularité d’être beaucoup plus riche en minéraux variés qu’un bloc de sel régulier de par sa composition de sel non raffiné contenant plus de 84 minéraux différents.
Les roches de sel himalayen donnent souvent de très bons résultats en terme de visite à la saline car ils contiennent beaucoup plus de minéraux qu’un bloc de sel standard.
Dans un monde idéal et selon votre budget, lors de la première année de chasse dans un nouveau secteur, nous vous conseillons d’installer des blocs blancs, rouges et bleus sur chaque saline. Cela vous permettra de connaître la ou les couleurs préférées par le gibier de votre territoire. Notez que cela peut être différent d’un secteur à l’autre. Installez vos blocs à une distance de 10 à 20 pieds entre chacun d’eux et au courant de la saison vous pourrez observer lequel des blocs attirera le plus de gibier grâce aux traces laissés au sol et avec l’aide de caméras de surveillance.
Pour la première année de votre saline, les auteurs suggèrent de placer des blocs de différentes couleurs pour déterminer la préférence des orignaux du coin.
Les années suivantes, nous continuons d’installer au minimum deux blocs de couleurs différentes à chaque saline puisque nous avons souvent remarqué que les mâles et les femelles ne consomment pas toujours des blocs de même couleur et de plus cela change aussi selon la période de l’année.
Les blocs de sel sont indispensables parce qu’ils ont une très longue durée de vie. Si vous n’avez pas la malchance qu’ils tombent au sol ou dans l’eau, ils dureront toute la saison, du printemps à l’automne. Ainsi, si vous ne pouvez pas visiter vos salines sur une base régulière et que la saison est vraiment pluvieuse, le sel en granules et les minéraux vont se dissoudre rapidement, mais les blocs vont être encore disponibles pour les cervidés.
Pour ce qui est de l’installation de vos blocs, il y a différentes manières de le faire. Soit directement sur une souche, sur un piquet ou poteau ou sur un arbre que vous aurez coupé à la bonne hauteur. Il existe aussi des systèmes de fixation vous permettant de solidifier le bloc sur le poteau.
La grande qualité des blocs de sel est leur très longue durée de vie. Vous pouvez les installer sur un poteau que vous aurez préalablement coupé à la bonne hauteur (1,5 m) ou encore directement sur une vieille souche.
Pour l’orignal, vu sa conformation physique et ses pattes allongées, vous augmenterez toujours l’achalandage sur vos salines en installant vos blocs à la hauteur de la tête de l’orignal (idéalement environ 5 pieds du sol). Ce dernier se sentira plus à l’aise et sera moins craintif lorsqu’il lichera le bloc.
Pour le chevreuil, les blocs peuvent être positionnés plus bas, voir même au niveau du sol. Sélectionnez une souche basse et idéalement dans un état de décomposition avancé (souche molle). Ces derniers vont gruger la souche et à l’automne elle sera pratiquement inexistante puisqu’ils l’auront consommée. Cela signifiera qu’il s’agit d’un bon emplacement/bon type de souche pour ce type de cervidé.
Sel en granules, minéraux, coulis et poudre volatile
Je dépose le sel en granules et les minéraux sur une souche préférablement ou sinon dans une auge que nous fabriquons à partir d’un tronc d’arbre renversé dans lequel nous taillons une forme de réservoir. Certains vont utiliser une auge fabriquée maison avec des matériaux de construction. Ça pourra bien fonctionner mais de notre côté, par souci écologique, nous évitons le plus possible d’utiliser des clous et des vis qui peuvent rouiller et faire des rebus en forêt.
Nous utilisons un minimum de un à deux sacs de sel de 20 kg chacun auquel nous ajoutons des minéraux avec ou sans odeur, une poudre volatile olfactive et un leurre olfactif liquide ou en coulis (jam). Nous travaillons beaucoup avec le coulis parce qu’il est offert dans différentes saveurs et odeurs. Pour terminer les salines nous en ajoutons toujours sur les blocs de sel. Cela permet au gibier de les repérer plus facilement et augmente l’achalandage. Nous comparons les coulis au petit coulis décoratif ayant un très bon goût sur les desserts qu’on nous sert au restaurant et qui n’est jamais en quantité suffisante dans nos assiettes. Les coulis, leurres olfactifs, poudres volatiles et minéraux vous sont offerts dans plusieurs marques différentes qui donnent de très bons résultats. C’est comme un gâteau au chocolat; il y a plusieurs recettes pour en faire un et c’est la même chose avec les recettes des compagnies de produits de saline. Plusieurs odeurs sont disponibles tel que anis, érable, banane, pomme, fruits, betteraves, urine, etc. Les plus populaires depuis plusieurs années sont l’anis pour l’orignal et les pommes pour le chevreuil. L’important est d’utiliser les mêmes odeurs pendant une saison et nous dirions même, la même sorte de leurre olfactif ou coulis pour évider de créer un doute dans la tête du gibier.
Idéalement le sel en granules et les minéraux en coulis sont déposés sur des souches. Les auteurs aiment bien aussi terminer leurs salines en ajoutant du coulis olfactif sur les blocs de sel.
La poudre volatile est aussi ajoutée à la fin de la préparation de nos salines. Elle a comme rôle de rendre le tout encore plus attrayant grâce à ses fortes odeurs alléchantes. Nous la mettons directement sur tout le site de la saline et nous en lançons aussi dans les airs et grâce à sa volatilité, elle se propagera dans la végétation environnante. Les bonnes odeurs contenues dans la poudre volatile attireront les cervidés et lorsqu’ils passeront dans la végétation, ils s’imprégneront de l’odeur de la poudre et travailleront pour vous à créer des lignes d’odeurs dans votre secteur.
Pour l’orignal, autour de nos salines, si le sol est vraiment humide, nous ajoutons souvent du souffre au sol (et non sur les blocs, ou minéraux). En plus de ses bienfaits chez l’animal, le souffre a un effet attractif chez l’orignal et ce dernier aime marcher, se coucher et piétiner la terre noire humide et remplie de souffre. Vous en appliquerez une fois durant la saison à cet endroit et le tour est joué.
Les vasières
Qu’elles soient naturelles ou artificielles, les vasières, comme mentionnées plus haut, ont un effet attractif chez les orignaux. Ces endroits mesurent généralement trois à quatre mètres de large et la même dimension en longueur et peuvent à l’occasion être plus grandes. Le sol d’une vasière est humide durant toute la saison estivale et offre donc un endroit frais pour les orignaux. Ils s’y coucheront et profiteront de la terre mouillée fraîche qui leur apporte également un insectifuge naturelle vu la quantité de souffre au sol.
Pour faire une vasière, je vous conseille premièrement d’identifier un endroit à l’ombre, où vous y trouverez de la vase durant l’été (exemple : fond de tourbe). Nous avons un de nos secteurs où il y a une vasière active depuis plusieurs années et c’est un de nos meilleurs sites de chasse à l’automne. Un couvert forestier dense proche de votre vasière est à privilégier pour pouvoir offrir une porte de sortie rapide aux orignaux. Une fois votre endroit identifié, ajoutez-y un minimum de 30 kilos de sel. Le sel permettra la décomposition des végétaux ce qui ramollira le sol. Ajoutez-y finalement environ 5 kilos de souffre, brassez le tout et au fil du temps, les orignaux découvrirons cette petite mine d’or et en profiteront à leur tour. Nous ajoutons enfin de l’urine « pas chère » pour créer un climat de confiance et faciliter la découverte du site. Notez qu’il existe des mélanges à vasières qui sont offerts par plusieurs compagnies de produits de saline. Souvenez-vous que vous devez offrir aux orignaux un petit réfrigérateur à l’abri des prédateurs, où ils pourront également soulager leurs blessures et piqûres. De plus l’endroit doit rester le plus naturel possible; donc évitez de dégager trop grand pour avoir une visibilité sur de longues distances. Notez qu’une « bonne » vasière deviendra efficace souvent après deux à trois ans d’existence.
Une bonne vasière demeure humide toute la saison et permet aux orignaux d’y trouver une fraicheur réconfortante. Les orignaux vont souvent s’y coucher sur la terre mouillée fraîche qui leur apporte également un insectifuge naturelle vu la quantité de souffre au sol.
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Les « micros » salines
Ce principe gagne en popularité auprès de nos clients et peut rapporter gros. Comme son nom l’indique, ce sont de petites « micros » salines qui sont préparées en périphérie de votre saline principale. Une distance d’environ 100 mètres est à prévoir entre les micros salines et votre saline principale. À ces stations, vous déposerez moins de produits, sel et minéraux que sur votre saline principale. Le but est de créer de petites stations secondaires sur votre site. Certains cervidés peuvent préférer une de ses stations par rapport à d’autres et vont donner plus d’occasions à ces derniers de se présenter à une de vos salines. Préparez-en une de chaque côté de votre saline principale et cela vous permettra différentes options de chasse à l’automne selon la direction du vent.
Analyser les déplacements et prévoir vos sites d’affûts/appel
L’utilisation des salines sur un secteur de chasse, en plus de vous donner une bonne idée des bêtes arpentant votre territoire, a comme but de renforcir la santé des gibiers grâce aux minéraux contenus dans les produits. Ces dernières créeront des habitudes de déplacement entre les dortoirs et vos salines, et entre les secteurs nourriciers et vos salines. Apprenez à identifier ces couloirs de déplacements à l’aide de caméras de surveillance et installez vos postes d’affûts/appel à proximité.
Nous essayons toujours d’installer les postes d’affûts/appel pour obtenir la meilleure vision possible sur ces corridors de déplacement. Souvent, nous pouvons même, du coin de l’œil, voir notre saline au cas où un orignal ferait son apparition d’une autre direction. Le site d’affût/appel doit toujours être à bon vent. Si nous en avons l’occasion, nous préparerons un deuxième site affût/appel à l’opposé au cas où le vent changerait de direction pour quelques jours. Nous pourrons alors continuer à chasser dans le même secteur sans être détecté. De plus, nous évitons le plus possible de croiser les sentiers des orignaux pour nous rendre sur nos sites d’affûts/appel.
Il se créé souvent des sentiers de déplacement bien visibles entre les salines et les zones de nutrition ou de repos. Il sera alors facile pour le chasseur avisé de tirer profit de ces corridors de déplacement.
Les sites convenant le mieux pour appeler ou se mettre à l’affût pourront être déterminés à l’avance en fonction des vents provenant de différentes directions. Si la saline est bien positionnée dans l’habitat d’automne des orignaux il sera souvent possible d’appeler à proximité de celle-ci.
En terminant, la préparation de saline, que ce soit pour l’orignal ou le chevreuil, n’est pas une science exacte. Comme nous le disons souvent à la boutique : « Il n’y a pas qu’une seule recette de gâteau au chocolat dans le monde, il y en a plusieurs. » et « Ce n’est pas tout le monde qui aime le spaghetti. ». Cela peut sembler ridicule mais au fil du temps, vous remarquerez que certaines « recettes » de salines fonctionnent mieux dans votre secteur. Cette recette peut être différente de la nôtre et tout aussi efficace. De plus, ce ne sont pas tous les gibiers qui affectionnent les salines et certaines seront plus fréquentées que d’autres et c’est tout à fait normal. De la part de l’équipe de la Salopette et l’Aventurier, nous vous souhaitons une belle saison estivale à aménager vos secteurs de chasse! 😊
Une bonne préparation incluant l’installation de quelques salines sur son territoire nous permet de mieux connaître les mâles fréquentant le secteur et même cibler un mâle en particulier comme le démontre le rédacteur en chef Louis Turbide posant avec ce beau mâle de 45 po de panache récolté à moins de 60 m (200 pi) d’une saline où il avait été capté en photo par une caméra de détection au mois d’août. (voir photo en ouverture d’article).