OIE BLANCHE AU PRINTEMPS
OIE BLANCHE AU PRINTEMPS
Texte, photos et vidéos : François Lévesque
Révision et photos : Michel La Haye
Chasse du printemps 2022 réalisée par l’auteur François Lévesque dans un champ de soya récolté l’automne précédent.
Techniques de base
Avec la faible reproduction du printemps 2022, la saison de chasse de la grande oie des neiges a été difficile l’automne dernier, une situation qui n’annonce pas de gros succès ce printemps, pour dire le moins. En effet, bien que les oies soient en mode accouplement au printemps et que de ce fait elles puissent paraître plus sensibles à nos installations en fin de saison, il n’en demeure pas moins que vous avez affaire à des oiseaux désormais aguerris. Elles ont subi un feu presque constant durant la période hivernale chez nos voisins du sud, la période de chasse s’étendant normalement de février à mars chez les Américains pour la grande oie des neiges (Atlantic flyway).
Dans ce contexte, le chasseur doit, plus que jamais, mettre toutes les chances de son côté et capitaliser sur toutes les données qui sont sous son contrôle afin de pouvoir faire une belle chasse. L’article qui suit vous donnera les grandes lignes à respecter pour augmenter vos chances de réussir à vous débrouiller avec ces méfiants oiseaux blancs!
Le tir
Lorsque la qualité de chasse est mauvaise et que le volume d’oiseaux laisse à désirer, la qualité du tir prend toute son importance. Les volées d’oies au-dessus de votre installation peuvent être rares ce printemps mais lorsqu’elles se présentent, ces groupes sont généralement composés de plus de 20 individus, souvent beaucoup plus. Avec quatre ou cinq bons tireurs qui abattent chacun deux oies, vous avez entre 8 et 10 prises par volée. Une récolte de vingt oies si vous attirez seulement deux volées dans toute la journée, ce n’est pas rien! Évitez la panique des grosses bandes et concentrez vous sur un seul oiseau à la fois. Il y a toujours plus d’espace libre entre les oiseaux que de cibles, si vous « tirez dans le tas » , vous risquez simplement de frapper dans le vide! En effet, il peut certainement être déstabilisant de voir arriver un mur d’oiseaux au-dessus de vous lors de votre première sortie de la saison et le réflexe d’utiliser la puissance de feu d’un fusil semi-automatique est parfois forte lorsque l’espace entre les oiseaux semble ténu. Cependant, il est rare que de tels réflexes mènent à un abattage conséquent d’oiseaux, sans compter les blessés que vous ne manquerez pas de faire. Pratiquez souvent au champ de tir et connaissez votre arme.
De plus, avant la chasse, indiquez à chacun son corridor de tir et ce pour deux principales raisons: la sécurité de tous et le fait d’éviter que deux tireurs fassent feu dans la même zone de tir ou sur le même oiseau. Vous augmenterez rapidement le nombre d’oiseau abattus par volée. Assurez vous du bon fonctionnement de votre arme en effectuant quelques tirs la veille de la chasse, en utilisant, si possible, vos munitions de chasse. Cela va aussi vous permettre de vérifier si vos munitions n’ont pas absorbé d’humidité durant l’hiver. Si tel est le cas, vous observerez certainement des traces d’oxydation sur le culot ou autour de la cavité de l’amorce. Rejetez ces munitions de manière sécuritaire. Pour se débarrasser d’une arme à feu ou de munitions, il faut d’abord communiquer avec le poste de police de la Sureté du Québec local, puis convenir d’une modalité pour la collecte ou la livraison des vieilles munitions. Selon notre expérience terrain, des cartouches de trois pouces avec billes numéro 2 dans un fusil avec étranglement modifié ou cylindre amélioré donnent les meilleurs résultats.
Chasseurs pointant chacun leur arme dans des zones de tirs adjacentes et différentes.
Les prendre par l’estomac
Alors qu’en automne les oies se déplacent en plus grands groupes à mesure que la saison avance, le printemps il faut rechercher des endroits où les oies arrivent en couples ou par petits groupes. Ce sont généralement des champs où les oies trainent depuis plusieurs jours. Cette situation se produit plus fréquemment vers la fin du printemps car plusieurs variétés de fourrage dont les oies raffolent commencent à pousser : luzerne, trèfle etc (vidéo ci-dessous). Ainsi, en automne, pour que les oies s’intéressent à un champ assez longtemps, il doit contenir une bonne quantité de restes de récoltes comme le maïs, le blé ou même parfois le soya. Lorsque les oies ont épuisé cette ressource, ils changent de champ. Or, plus l’oiseau demeure longtemps au même endroit, plus il y revient avec confiance.
Il devient donc plus difficile de trouver un champ où les oiseaux entrent avec confiance en automne. Cependant, au printemps, la nourriture pousse plutôt que de disparaître. Ainsi, une fois que les restes de récoltes fréquentés au printemps semblent épuisés, n’hésitez pas à cibler les champs de luzerne ou de pois car il s’agit d’une source de nourriture pratiquement inépuisable et qui n’a pas été vidée l’automne précédent.
Installation pour la chasse à l’oie disposée dans un champ de luzerne au printemps.
Cachez-vous!
Au printemps, particulièrement lors des jours ensoleillés, la dissimulation de toute chose non naturelle est de rigueur. N’hésitez pas à ramasser régulièrement les douilles devant la cache et, lorsque vous sortez, assurez-vous qu’un partenaire surveille les alentours pour ne pas être surpris en dehors de la cache. Toute chose suspecte qui déborde de la cache doit être camouflée, incluant et surtout les têtes des chasseurs (vidéo ci-dessous). Un compagnon indiscipliné peut ruiner vos efforts simplement en observant en cachette l’arrivée d’une belle bande. Faites-lui savoir poliment qu’il y a un problème et, s’il persiste, choisissez un autre sport à pratiquer avec lui, ou ne l’invitez plus, tout simplement! Avec tous les efforts que cette chasse exige, il va de soi que tous doivent contribuer au succès de la sortie, surtout en ce qui a trait à leur visibilité durant l’approches des oies!
Enfin, comme sur la photo d’ouverture de l’article, adoptez une approche simple pour vous dissimuler en utilisant les matériaux présents dans le périmètre de votre site de chasse que vous déposez sans façon sur la cache (petits arbres, arbustes, herbacés, restes de récoltes etc.)
Notez combien les têtes des chasseurs dépassant de la cache peuvent être visibles de loin.
Le chien
Tel qu’il en a été question dans la chronique de décembre, plusieurs sauvaginiers chassent sans chien et ce, pour toutes sortes de raisons. Lorsque les conditions sont idéales, les oiseaux tombent près de la cache et sont facilement repérables lorsqu’il n’y a pas de neige au sol. Cependant, lorsque vous effectuez des tirs longue distance ou que vous devez placer votre installation plus loin de la cache que prévu, il arrive que des oiseaux tombent loin de vous, hors de vue, et c’est à ce moment qu’un chien peut faire la différence entre 5 oies ou 10. Qui plus est, d’un point de vue éthique et nous oserions dire légal (voire chronique de décembre), la présence d’un bon chien rapporteur sur les lieux de chasse participe à l’éthique et à la bonne conduite des nemrods en ce qu’elle facilite la recherche des oiseaux blessés ou morts hors de vue. Nous avons le devoir de tout mettre en œuvre afin de récupérer les oiseaux que nous abattons. Les oiseaux abattus mais non récupérés compte dans la limite journalière. Si les garde-chasse avaient des chiens, plusieurs constats supplémentaires seraient dressés!!
Si donc vous chassez avec un ou plusieurs chiens, choisissez un emplacement ombragé qui permettra à la fois de bien dissimuler la cache et à l’animal d’apercevoir les oiseaux. Il existe des caches portatives destinées à dissimuler votre chien qui sont très efficaces (photos ci-dessous). Tout comme nous, ils peuvent se laisser distraire et se laisser sortir le corps de la cache principale. Surveillez le bien! Si par contre vous possédez un chien qui est encore indiscipliné ou trop jeune, de grâce ne l’imposez pas à vos compagnons!
Un bon vieux Labrador dissimulé dans une cache portative pour les chiens rapporteurs.
Météo, appels et installation
Vous le savez tous ou en avez entendu parler: il y a une météo pour la chasse et une autre pour la maison. Le printemps, si vous avez le contrôle de votre horaire, privilégiez les journées de neige, de brume ou de pluie. Le pire scénario sera celui des jours ensoleillés et sans vent. Lors des journées de forte brume, les oies semblent suivre les corridors dégagés pour ensuite descendre directement vers leur champ nourricier. Dans ces conditions, une bonne trame sonore à volume modéré fait carrément de la magie. Une neige forte vous apportera le même succès.
De plus, si vous avez une installation composée d’appelants plein corps, les températures sous zéro vous feront vivre un cauchemar: LE GIVRE. Comme sa consœur la bernache, la grande oie des neiges y est fortement allergique. Dans ces cas, privilégiez les sacs faits de tissu qui absorbe l’humidité sinon, vous devrez attendre que le soleil soit levé pour installer vos appelants, perdant ainsi plusieurs groupes d’oiseaux. Il arrive même dans ces cas que les oies arrivant après celles que vous avez effrayées aillent se poser avec ces dernières et constituent alors un nouveau centre d’intérêt contre lequel vous n’aurez aucune chance. Les journées de neige, n’hésitez pas à nettoyer vos appelants pleins corps régulièrement tel que cela a été expliqué dans la chronique 100% Sauvagine de décembre pour la chasse à la bernache.
Une installation de qualité, pour chasse printanière, est de première importance. Cependant, ce sujet fera l’objet d’un article ultérieur étant donné tout ce qu’il y a à dire. La raison est simple, le choix du type d’installation (plusieurs appelants d’oie blanche ou mixte, voir article d’avril 2022-« Les chasser avec une petite installation mixte »), le nombre, la disposition des appelants autour de la cache et du système sonore d’appel, etc. va dépendre d’une foule de facteurs. Pour n’en nommer que quelques-uns, la force et la direction du vent, le type de culture et bien d’autres, qu’il serait bien trop long d’énumérer et de décrire dans un seul bloc dans le cadre du présent article.
Conclusion
La chasse de la Grande oie des neiges pose une multitude de défis et, pour cette raison, c’est de loin la chasse préférée du premier auteur, le second préférant de loin celle de la barnache! Il n’existe pas de formule magique pour faire sa limite à chaque sortie ou des tableaux dignes de ce nom et, bien souvent c’est ce qui entoure la chasse, plus que la viande, qui fait la qualité des sorties. Cependant, le sauvaginier qui s’occupe de ces détails avec rigueur met toutes les chances de son côté lorsque les temps sont plus difficiles !!!
Bonne chasse printanière aux méfiantes sorcières blanches qui semblent toujours deviner notre présence !