TOULADI

Mes meilleures structures à truite grise

Texte et photos
Pascal Blais

La truite grise est probablement l’espèce de poisson pour laquelle j’ai consacré le plus d’heures de pêche. Du nord du 50e parallèle jusqu’au lac du Maine plus au Sud, j’ai su apprivoiser cette espèce mythique des profondeurs. Dans cet article, je vais tenter de vous livrer avec le plus de précision possible ce qu’un pêcheur de truite grise doit rechercher comme structures pour obtenir du succès.

J’aime beaucoup insinuer que la truite grise et le doré se ressemblent beaucoup. Bon, je sais que ces espèces de poisson n’ont aucun lien de parenté, mais lorsque vient le temps de choisir des structures de pêche, ces deux espèces ont des similitudes très intéressantes. Je vais peut-être en surprendre quelques-uns, mais le doré et la truite grise n’aiment pas la lumière. Se faisant, ils vont choisir des structures qui leur offrent un genre d’abri. De plus, ces deux espèces sont piscivores. Bref, ils se nourrissent en majorité de petits poissons. Cette ressemblance au niveau de l’alimentation fait en sorte qu’ils vont se positionner sous l’eau à des endroits stratégiques, où ils ont le plus de chance de rencontrer des proies et de les saisir. Si je peux en ajouter à leurs ressemblances, je dirais aussi que ces deux espèces sont passablement paresseuses et très opportunistes. Elles vont donc adopter des structures où il est rapidement et facilement possible de changer de profondeur et même d’habitat sans avoir à nager longuement.

Or, il y a tout de même une différence que je veux souligner entre les deux espèces avant d’aller plus loin. Le doré change plus lentement de profondeur comparativement à la truite grise. Concrètement, le doré ne peut pas passer de 12 à 4,5 m (40 à 5 pi) de profondeur en quelques secondes sans être affecté. La truite grise, elle peut très bien le faire car elle dispose d’un canal qui lui permet de régulariser rapidement la pression de sa vessie natatoire sans subir un choc barotraumatique. Elle peut donc « décompresser » sans subir de séquelles physiques. Je pense que cela a une incidence sur le choix des structures choisies. La grise va généralement aimer des structures qui proposent des pentes plus abruptes que le dorés. Il n’est pas rare que les grises fréquentent régulièrement des structures qui passent rapidement de 9 à 27 m (30 à 90 pi) de profondeur. Pour le doré, ce genre de pente est moins prisé.

Exemples de plateaux productifs près de secteurs profonds.

Plateau près des grandes profondeurs

Voilà une structure à mettre au premier plan de votre prospection de pêche à la truite grise. Avec une carte bathymétrique, cette structure est très facile à trouver. On encercle les secteurs les plus profonds du lac. Ensuite, on recherche autour de ces cercles, une pente abrupte qui possède plus de 12 m (40 pi) de dénivelé qui donne sur un plateau de 7,5 à 10 m (25 à 35 pi). Idéalement, le plateau doit être assez vaste pour qu’il soit productif. J’aime que le plateau fasse plus de 37 m2 (400 pi2) et préférablement 65 à 75 m2 (700 à 800 pi2). Ce genre de plateau va leur permettre de se nourrir en eau moins profonde puisque c’est souvent là que la perchaude ou autres petites espèces vont évoluer. Même en juillet, les grises vont aller, durant de brèves périodes, sur ce genre de plateau afin de se nourrir surtout si les conditions sont nuageuses et venteuses. Diverses études le prouvent d’ailleurs. Or, lors de temps ensoleillés sans trop de vent, les grises pourront aller en profondeur (au bas du talus) afin d’éviter le surplus de lumière. Elles peuvent également se servir de la paroi abrupte pour augmenter ses chances de se nourrir d’éperlan ou de cisco, s’ils sont présents dans le lac. En effet, il est plus facile pour elles de pousser ces bancs de poissons sur ce « mur » et espérer en attraper quelques-uns.

L’emplacement du plateau et de la pente dans le plan d’eau ont un rôle important à jouer sur sa productivité selon moi.  Plus le plateau s’allongera vers le large et plus le secteur sera attractif. De plus, si le plateau et la pente sont positionnés pour être frappé par les vents dominants, on vient d’augmenter encore l’attrait de la structure. Oui, la grise aime profiter de l’apport du vent tout comme le doré. Encore un point en commun entre ces deux espèces.

Exemples de plateaux productifs près de secteurs profonds.

Il y a quelques années, j’ai eu la chance de pêcher avec Dominique Cossette. Ceux qui le connaissent savent qu’il s’agit d’un excellent pêcheur. De plus, il est le fondateur des cuillères ondulantes K-7. Lors de cette journée, nous avons échangé beaucoup d’anecdotes et d’expériences de pêche. Et lorsqu’est venu le temps de déterminer quelle structure était la plus productive pour la grise, nous étions d’accord pour donner le premier prix aux grands plateaux près des grandes profondeurs. Ce pêcheur d’expérience, aime bien trainer lentement (environ 0,8 mi/h) des cuillères K-7 près du fond en suivant méticuleusement la pente entre le plateau et les grandes profondeurs. Intéressant!

Pointes de sable

Voilà une structure très sous-estimée des pêcheurs en général. Pourtant, ceux qui visent la truite grise devraient décidément la mettre dans leur carnet de route. Les pointes de sable, surtout si elles plongent abruptement, sont des aimants à grises autant au printemps qu’en été. À la différence des deux autres structures décrites dans cet article, les pointes de sable retiennent habituellement un nombre de poissons moins grand. Elles peuvent cependant nous réserver de grosses surprises et c’est pourquoi on doit toujours les considérer… Comme la truite grise est un poisson qui peut évoluer à diverses profondeurs, il ne faut pas hésiter à pêcher à faible, moyenne et grande profondeur.  Pour vous donner une idée plus précise de ce que je veux dire, j’ai déjà pris des truites grises à 1,5 m (5 pi), mais aussi à 38 m (124 pi) de profondeur sur une pointe! Alors, il est important de vérifier toute la longueur de la structure. Et parfois selon la direction du vent qui frappe la structure, les grises pourront se retrouver sur le côté de la pointe, où le vent et les vagues proviennent. Donc avant de quitter une pointe en me disant qu’il n’y a pas de grise à cet endroit, je fais toujours une tournée de prospection à l’aide du sonar tout autour d’elle. De plus, si je suis en début de saison et que la luminosité est faible, je n’hésiterai pas à lancer quelques dandinettes légères à faible profondeur pour m’assurer que des truites ne se cachent pas des ondes de mon sonar. Je fais parfois des trouvailles très intéressantes de cette façon.

Les pointes de sable qui plongent rapidement vers les profondeurs font partie des structures préférées de l’auteur pour capturer le touladi.

Les bas-fonds accidentés

En plein cœur d’été ou à la fin de cette saison, lorsque l’eau de surface est moins attrayante pour les truites grises, j’aime rechercher sur des cartes des fonds légèrement accidentés situés entre 16 à 26 m (55 à 85 pi). Je dois spécifier ici que je ne recherche pas une structure qui varie de 16 à 26 m (55 à 85 pi). Je recherche plutôt une structure qui cadre entre ces profondeurs sur une carte. Une fois trouvée, j’aime que ce bas-fond varie de 3-3,5 m (10-12 pi) maximum sinon il sera difficile de la pêcher près du fond à la traine. Afin que les grises soient attirées vers cette structure, le bas-fond se doit d’être entouré d’éléments qui sont moins susceptibles de plaire à la grise. Par exemple, on peut retrouver de chaque côté des fosses très importantes de plus de 40 m (130 pi) de profondeur. À l’opposé, on peut retrouver des plateaux de faible profondeur (disons entre 3-6 m (10-20 pi) de profondeurs). Je dirais que les journées où la pêche est plus difficile, c’est souvent à ces endroits que je réussis à me sortir de l’embarras. On dirait que ce genre de structure finit toujours par abriter des truites grises et ce, peut importe les conditions climatiques ou encore le temps de l’année.

Du milieu à la fin de l’été les secteurs entre 16 et 26 m (55 et 85 pi) bordés de zones moins profondes ou de fosses abyssales accueillent presque toujours des truites grises.

La truite grise est probablement l’espèce de poisson pour laquelle l’auteur a consacré le plus d’heures de pêche et ceci de lacs au sud de nos frontières à ceux situés au nord du 50e parallèle. Il pose ici avec une belle capture réalisée récemment dans un de ses plans d’eau fétiches.

Conclusion

Théoriquement, pêcher la truite grise n’est pas difficile. Il faut présenter des leurres sur les structures où ce poisson évolue. Si en plus de cela, le pêcheur réussit à faire nager ses offrandes à la même profondeur que les truites (ou un peu au-dessus car ces poissons aiment attaquer vers le haut), il devra s’attendre à ce que sa canne travaille souvent et très fort. La théorie est simple à mettre en pratique lorsque l’on connait les points cruciaux à respecter pour prendre ce magnifique poisson. Et n’oubliez pas, le doré et la truite grise se ressemblent sur plusieurs points! Bonne pêche!

La truite grise est probablement l’espèce de poisson pour laquelle l’auteur a consacré le plus d’heures de pêche et ceci de lacs au sud de nos frontières à ceux situés au nord du 50e parallèle. Il pose ici avec une belle capture réalisée récemment dans un de ses plans d’eau fétiches.

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