PÊCHE AU DORÉ

Faites votre

run

de lait

PÊCHE AU DORÉ

Faites votre

run

de lait

Texte et photos
Richard Monfette

Qui ne rêve pas de tomber sur un énorme banc de dorés en chasse. C’est évidemment le souhait de tout pêcheur. On lance notre leurre et avant même qu’il n’atteigne le fond il est violemment happé par un gros percidé qui livre un beau combat en profondeur. Un scénario qui se répète pendant de longues minutes, voire une heure ou deux. C’est la fête au village!

Malheureusement ces occasions magiques sont beaucoup plus l’exception que la règle et bien souvent il faudra « travailler » passablement fort pour ramener son lot de dorés au chalet. Ce que je propose ici comme approche se prête donc parfaitement à ce genre de situations très communes où les dorés semblent très dispersés et peu affamés.

Le principe de la run de lait

Pour les plus jeunes, sachez qu’à l’époque de vos grands parents dans plusieurs petites villes et villages, le lait et le pain étaient distribués directement aux maisons. Le laitier et le boulanger faisaient donc carrément du porte à porte pour vendre ces produits essentiels. D’où l’expression de la run de lait qui signifie se déplacer sur un itinéraire connu en faisant de nombreux arrêts à des destinations prédéterminées.

À la pêche au doré, j’emploie régulièrement cette méthode qui consiste à visiter à tour de rôle de nombreux sites de pêche jugés à bon potentiel plutôt que de m’acharner à pêcher dans un ou deux endroits attrayants. C’est bien sûr une chance à prendre car les poissons se trouvant dans de bons secteurs de pêche peuvent se mettre à mordre à tout moment, mais par expérience je peux vous assurer que lors de journées moins propices à la capture d’un grand nombre de dorés, l’application de la méthode de la run de lait est souvent la meilleure, voire la seule qui vous permettra  de manger un peu de poisson…

Préparation sur carte

Lorsque je pêche sur un lac pour lequel j’ai la chance de posséder une carte bathymétrique sur papier, j’aime bien en faire l’analyse avant mon départ.  J’en profite pour cibler et encercler les endroits qui me semblent intéressants comme cachette à dorés. Selon la grandeur du lac je vais dresser un parcours avec multiples arrêts potentiels et si possible de manière à ce que le trajet commence et se termine non loin du point de départ. Évidemment si le lac est de forme longiligne le parcours se terminera parfois au bout du lac et le retour se fera avec des arrêts aux endroits ayant été les plus productifs ou semblant les plus propices.

Si vous n’avez pas de carte bathymétrique, une bonne vieille carte topo pourra tout de même donner de bonnes indications à propos des secteurs possiblement intéressants pour la pêche. Ne pensons qu’aux fameuses pointes s’étirant vers le large, aux berges escarpées, aux rétrécis entre deux îles ou tout simplement aux alentours d’une zone avec plusieurs îles.

Associé à ceci, la cerise sur le gâteau consiste bien sûr à utiliser un appareil sonar/GPS doté de cartes bathymétriques intégrées. Avec cet outil on perd beaucoup moins de temps à trouver les meilleures structures tout en ayant un allier de taille pour éviter les zones dangereuses lors de la navigation. Un sonar standard accompagné d’un GPS de type portatif pourra aussi faire un excellent travail. Mais si les cartes bathymétriques ne sont pas accessibles pour le plan d’eau visité, un fond d’écran avec cartes topographiques demeure d’une grande utilité autant pour la pêche que pour éviter de se perdre sur les grands lacs ou réservoirs parsemés d’îles et de grandes baies en cul de sac. Lors de l’exploration d’un nouveau secteur, en plus des zones déjà ciblées sur la carte, vous allez aussi découvrir des endroits très intéressants. Évidemment il faut alors s’empresser de les garder en mémoire dans le GPS en sauvegardant des points de repère.

La préparation préalable du parcours de pêche sur une carte bathymétrique représente un bon point de départ.

Un Sonar/GPS ou un GPS portatif doté de cartes bathymétriques sera d’une aide précieuse autant pour découvrir les meilleurs sites de pêche que pour naviguer en toute sécurité.

Et si vous n’avez accès à aucun de ces outils de localisation soyez prudent et ayez toujours un œil sur le sonar qui est bien sûr un incontournable pour trouver et bien « travailler » les structures à dorés. Sans carte et avec un grand plan d’eau à découvrir, la tâche sera beaucoup plus longue et difficile, mais pas impossible. Dans ce cas la pêche exploratoire à la traîne sera une excellente façon de découvrir le plan d’eau et les meilleurs secteurs tout en progressant lentement sans risque pour le pied du moteur.

Un Sonar/GPS ou un GPS portatif doté de cartes bathymétriques sera d’une aide précieuse autant pour découvrir les meilleurs sites de pêche que pour naviguer en toute sécurité.

Et si vous n’avez accès à aucun de ces outils de localisation soyez prudent et ayez toujours un œil sur le sonar qui est bien sûr un incontournable pour trouver et bien « travailler » les structures à dorés. Sans carte et avec un grand plan d’eau à découvrir, la tâche sera beaucoup plus longue et difficile, mais pas impossible. Dans ce cas la pêche exploratoire à la traîne sera une excellente façon de découvrir le plan d’eau et les meilleurs secteurs tout en progressant lentement sans risque pour le pied du moteur.

LES STRUCTURES À CIBLER
SELON LA PÉRIODE DE L’ANNÉE​

PRINTEMPS

Les rivières et leurs embouchures

Lorsqu’on prépare son parcours de pêche pour une pêche printanière, on doit bien sûr considérer les zones potentielles de fraye du doré. En lac la première chose à vérifier sera évidemment la présence de tributaires. L’embouchure et la portion intérieure de ces rivières devront alors invariablement faire partie des secteurs à visiter. Même après la période de reproduction on pourra retrouver un grand nombre de dorés à ces endroits. Il faudra parfois pénétrer dans la rivière pour trouver des concentrations de poissons ou encore explorer les secteurs à proximité de l’embouchure.

Un beau doré capturé en rivière au printemps.

Frayères en lac

Mais en lac les dorés ne frayent pas uniquement dans les rivières. Ils peuvent déposer leurs œufs à plusieurs endroits et il est parfois difficile de trouver ces sites. Il faut toutefois retenir qu’ils choisiront alors des secteurs peu profonds composés d’un fond dur idéalement de gravier ou de petites roches et bien exposés aux vents. Plusieurs pointes rocheuses et berges rocailleuses offrent donc un environnement de fraye adéquat pour les dorés. Au printemps, outre les rivières et leurs embouchures, ces derniers endroits seront aussi des secteurs à visiter.

Fosses et baies peu profondes

Après la fraye, il faut aussi garder deux choses en tête. Les grosses femelles épuisées par la période de reproduction vont souvent se réfugier dans des fosses relativement profondes près des frayères le temps de récupérer un peu. Il s’agit donc de bons endroits à exploiter en début de saison si on est à la recherche de trophées. Par contre les dorés de taille plus modeste se mettront rapidement en chasse après la fraye et ils pénètreront en grand nombre dans les baies peu profondes à la poursuite de perchaudes et diverses espèces de petits poissons fourrages. Ce genre de baies près des frayères sera donc à ajouter à notre trajet de pêche printanier.

ÉTÉ

Les fosses dans les baies peu profondes

Lorsque je regarde la carte bathymétrique d’un nouveau plan d’eau, je porte souvent mon regard vers les fosses de taille raisonnable situées dans les baies de moyenne à grande dimension. En été il n’est pas rare que les dorés y trouvent refuge et il est habituellement assez facile de les repérer avec le sonar ou encore simplement en y descendant une dandinette. Ce genre d’endroits peut être exploré rapidement à la recherche de dorés preneurs. Dans le cas contraire on passe rapidement au secteur suivant.

Les berges abruptes

En été j’aime bien aussi cibler les berges abruptes pour y effectuer des parcours de traîne avec poisson nageur plongeant ou encore flottant derrière un gratteur de fond. Souvent un des deux côtés d’un lac sera plus profond et il s’agira de se diriger vers la berge la plus abrupte permettant de faire évoluer le leurre dans une profondeur de quinze à vingt pieds tout en longeant la rive. Cependant dans certains lacs ce talus abrupt se trouvera assez loin de la berge et pour le suivre efficacement un sonar sera indispensable.

Les plages et les talus de sable

En naviguant sur un lac ou un réservoir on découvre souvent de grands secteurs de sable avec de belles plages invitantes pour les shore lunchs. J’aime bien ces endroits et si on y retrouve une profondeur suffisante (20 à 30 pi), les dorés aussi.  Je cherche alors les pentes abruptes, les pointes sous-marines ou simplement les grands plateaux profonds. Tous ces endroits et leurs alentours sont susceptibles d’être fréquentés par des bancs de dorés en chasse et ce qui est alors d’autant plus plaisant, c’est que le substrat est peu accrochant et facile à pêcher même pour les pêcheurs peu expérimentés.

Le tour des îles

Un classique parmi les classiques lorsqu’on est en mode exploration d’un lac, le tour des îles. Encore une fois ici pour la pêche estivale on cherchera habituellement le premier talus dont la base atteint une vingtaine de pied de profondeur. On fait le tour de la structure émergeante et on s’attarde aux sections sous-marines dont la bordure est irrégulière. Si vous découvrez un genre de dos de cheval entre deux îles ou entre une île et la berge, qui culmine à une vingtaine de pi de profondeur n’hésitez pas à y passer un peu plus de temps. De nombreux dorés sont souvent attirés par ce genre d’endroit.

Les pointes sous-marines s’étirant loin vers le large

Une autre structure très populaire dans les lacs et les réservoirs. D’ailleurs il y a souvent plusieurs pointes de ce genre dans les bons lacs à doré. Celles que je préfère plongent assez rapidement vers les profondeurs propices, mais s’étirent assez loin vers le large. Il est alors possible de suivre le talus à la traîne ou encore en se déplaçant lentement à la dandinette en contrôlant notre dérive avec le moteur. C’est souvent en arrivant au bout de cette pointe sous-marine loin de la berge que les dorés auront pris position d’où l’importance de bien en explorer toute la bordure.

Les rétrécis

Chaque passage étroit entre deux baies, deux lacs, deux îles etc. qui concentre le déplacement des poissons devraient toujours être ciblé et faire partie de tous parcours de pêche qui se respectent. Je ne compte plus les fois où j’y ai réalisé des pêches dignes de mention. Parfois le goulot est peu profond et bordé de talus intéressants de chaque côté, alors que d’autres fois ce sera simplement un passage profond qui sert de couloir de déplacement aux dorés. Mais ce qui est sûr c’est qu’il faut toujours en faire une inspection minutieuse lorsqu’on est en mode recherche.

Les îlots sous-marins ou autres structures sous-marines

En période estivale il s’agit, et de loin, de mon type de structure préféré pour pêcher le doré. Peu de pêcheurs les exploitent car elles ne sont souvent pas évidentes à repérer. Si on a accès à des cartes bathymétriques on aura bien sûr une longueur d’avance et il sera facile de commencer par aller jeter un coup d’œil aux îlots sous-marins les plus évidents durant notre parcours de pêche. Par contre, en vous déplaçant si vous avez un œil attentif à l’écran de votre sonar, vous allez souvent découvrir de plus petites structures invisibles sur les cartes. Dans ce cas, si l’environnement semble propice en termes de profondeurs et de configuration, n’hésitez pas à l’ajouter à votre run de lait. Même si les dorés ne s’y trouvent pas à un moment donné, il n’est pas dit qu’à une autre occasion vous n’y ferez pas une pêche mémorable. Ces mini structures, souvent loin du rivage et inconnues des autres pêcheurs, m’ont à de nombreuses reprises réservé de belles et grosses surprises…

Le vent

Un mot pour parler de la très grande influence du vent à la pêche au doré et même de toute autre espèce. Éole, Dieux du vent selon la mythologie grecque, est la plupart du temps le grand responsable de la réussite ou des déboires des pêcheurs qui n’ont pas appris à l’utiliser à bon escient… En fait c’est extrêmement simple. Quand vous planifiez votre pêche vous vérifiez les prévisions météo et en particulier la direction du vent. Si celui-ci est prévu pour souffler en provenance de l’ouest, vous ciblez les zones propices qui seront du côté où le vent se dirigera. Ne perdez même pas de temps avec les autres secteurs à l’abri du vent ou encore pire carrément du côté opposé. Les dorés seront toujours bien plus actifs là où le vent soulève les vagues qui viennent se briser sur la rive et qui empêchent les rayons de soleil de pénétrer en profondeur. Ce brassage de l’eau active toute la chaîne alimentaire allant du microscopique phyto et zooplancton, aux petits ménés et aux perchaudes qui attirent bien sûr à leur tour les dorés. En plus dans le cas du doré, l’eau agitée par le vent devient brouillée ce qui réduit d’autant la pénétration de lumière qu’il se plait à fuir. Et plus le vent sera fort, plus les dorés seront susceptibles de remonter sur les structures et à se trouver à de plus faibles profondeurs et vice et versa plus le vent est faible. Vous comprendrez enfin que le pire ennemi du pêcheur de doré, c’est une journée sans vent avec un lac ayant l’apparence d’une mer d’huile…

Les journées venteuses et nuageuses sont définitivement le meilleur allié du pêcheur de doré.

L’heure de la journée
et les conditions climatiques

Outre le vent qui a une grande influence sur la localisation des dorés, le moment de la journée devra aussi être considéré à ce chapitre. Encore rien de bien compliqué. Le doré étant une créature de pénombre fuyant la lumière vive des rayons du soleil, il se mettra souvent en chasse en début et fin de journée. Durant ces périodes il est commun de le retrouver dans des zones moins profondes à la recherche de poissons fourrages. Donc lorsque vous planifiez votre parcours, si vous débutez votre pêche tôt le matin vous devrez tenir compte de ce facteur. Il s’agira alors souvent simplement de se diriger vers les endroits propices ciblés, mais de pêcher un peu plus haut sur la structure. Attention, toutefois car si l’action tarde à faible profondeur, il ne faut pas hésiter à explorer aussi la portion plus profonde de la structure car la lumière n’est pas la seule variable qui influence la position des poissons dans la colonne d’eau. Il y a aussi la température de l’eau et le type de proies faisant partie de la diète des dorés.

Les dorés sont souvent très actifs durant les périodes de faible lumière de début et fin de journée.

Un temps nuageux sera aussi la plupart du temps un allié important du pêcheur de doré. Un ciel gris ou une pluie légère seront d’excellentes conditions pour espérer tomber sur un banc de dorés actifs et compensent pour un vent faible. Un vent modéré et un ciel nuageux et vous aurez alors le cocktail parfait pour une journée mémorable et un parcours de pêche de courte durée… Dans le cas contraire, vous serez bien content d’avoir fait vos devoirs en ciblant le plus grand nombre de bon « spots » à doré.

Une manière d’éviter la bredouille

La prochaine fois que les dorés vous feront la vie dure lors d’un voyage de pêche, tâchez de cibler plusieurs bons secteurs de pêche potentiels et planifiez-vous un parcours de pêche. Votre run de lait durant laquelle vous réussirez à soutirer un doré ici et là finira peut-être par se transformer en une journée respectable culminant avec d’excellents filets de dorés au menu!

L’importance du contrôle de l’embarcation dans le parcours de pêche.

Retour en haut