CHRONIQUE

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Un orignal monstre récolté par Joseph Armand Bombardier

Par ANDRÉ BEAUDRY
L’auteur est mesureur officiel pour B&C, P&Y, NBBC et Trophée Québec

Un orignal exceptionnel récolté par Joseph-Armand Bombardier en 1958 n’a jamais reçu la reconnaissance auquel il avait droit. Il est donc plus que temps de corriger cette situation et de donner le crédit que doit recevoir cet intrigant personnage qui a révolutionné le transport sur neige en créant la motoneige Ski-Doo® et ainsi permettre la découverte de nos grands espaces blancs québécois.

Joseph-Armand Bombardier un amant de la nature aimait s’évader chaque automne pour aller chasser l’orignal avec quelques membres de son entourage (familles et amis) dans la région de la Mauricie plus précisément au barrage Gouin. On ne sait malheureusement que très peu de chose concernant Joseph-Armand Bombardier le chasseur sauf un article original dans lequel Monsieur Victor Plante relate quelques moments précieux partagés avec Monsieur Bombardier avec le parler du temps, gracieuseté des archives du Musée de l’ingéniosité J. Armand Bombardier dont voici le contenu.

« J’ai été à la chasse à l’orignal avec Armand pendant dix ans consécutifs soit de 52 à 62 on n’a pas manqué un automne. On allait chasser l’orignal ensemble. Le premier voyage a été en 52, on est allé sur la baie à Peribonka au lac St-Jean. On a tué un orignal. De 53 à 62, nos voyages de chasse se faisaient sur le réservoir Gouin à Dan Gouin, Abitibi Est. pendant, 9 années consécutives on est allé sur le réservoir Gouin. On en a vu des orignaux, on a tué des orignaux. On a eu du plaisir, quand on arrivait là, Armand sortait sa ligne pis y se prenait un gros brochet. — L’eau pis je l’ai vu prendre un brochet de 52 pouces de long. C’était un bon morceau. Ça c’était pour passer le temps, on levait nos tentes, on s’installait et puis, on faisait des vrais beaux voyages. On jouait aux cartes le soir, seulement que dans ses vacances y’aimait la nature et puis y savait en profiter. Seulement y’avait un défaut, après 4 jours, cinq jours dans le bois, un bon jour y nous disait sais-tu si on arrangeait ça de telle façon après le ski-doo ou après un tracteur, puis j’y disais écoute Armand, viens t’en icitte là, on n’est pas — on est à chasse. C’était intéressant on s’apercevait qu’y oubliait jamais ses ouvrages même en vacances. Nos voyages de chasse ça durait toujours quinze jours. Quinze jours vous savez, on sautait un dimanche et pis on était trop loin de l’église là-bas, on pouvait pas aller à la messe. On s’occupait de toute sorte de choses, à un moment donné Armand criait les gars le chapelet. On rentrait dans tente, y’avait installé un crucifix de bois fait avec des branches de sapin ou autres choses, c’était lui qui disait le chapelet. C’était assez bon c’était beau de le voir, y’oubliait pas ça, j’l’oublierai pas moi non plus. Oui on a fait des belles chasses là. J’me souviens un année quatre orignaux et puis un ours. C’était beau de voir les canaux — c’était beau de voir les quartiers d’orignaux accrochés près de la tente. Quatre orignaux, ça fait seize quartiers de viande ça, c’était quelque chose. On avait souvent des années qu’on avait de la misère du grand vent sur le réservoir Gouin y a ben de l’eau des mers inférieures. On a eu des années qu’on a eu de la neige. J’me souviens des années qu’on est sorti avec quinze pouces de neige. On était pas inquiets, seulement que les gars venaient pas reconnaissables, la barbe trop longue, la barbe d’un pouce de long, trois semaines de temps pris dans le bois… c’était intéresant. Et ben ce temps là est passé, les bonnes choses peuvent pas durer ».

Très peu de gens savent que ce personnage mythique a récolté un orignal qui fait le fameux livre des records de Boone and Crockett, lui-même ne l’a jamais su. C’est par un pur hasard que j’ai été mis au courant de cette nouvelle. En effet c’est grâce à un bon ami Michel Duclos, amant de la nature, chasseur et peintre animalier qui un jour me demanda pourquoi l’orignal de Joseph-Armand Bombardier n’était pas dans le registre de Trophée-Québec. Il a piqué ma curiosité car même si j’ai vécu toute ma vie à Granby, soit à quelques 30 minutes de route de Valcourt, je n’avais aucune idée qu’un orignal de cette ampleur se trouvait dans son musée, soit le Musée de l’ingéniosité J. Armand Bombardier. Ma première réaction a été : quoi! Joseph-Armand Bombardier était un chasseur? Je ne le savais même pas et encore moins qu’il avait récolté un orignal monstre. Le but de Trophée-Québec a toujours été de répertorier tous les grands gibiers qui ont été récoltés au Québec depuis aussi loin que l’on peut se souvenir pour en quelque sorte écrire notre histoire propre à nous. Donc cette information me donnait du « gaz » pour en savoir plus.

Musée de l’ingéniosité de J.A. Bombardier dans lequel se trouve l’orignal trophée de l’inventeur de la motoneige.

Quelques jours plus tard, j’entrais en contact avec la responsable des collections du Musée de l’ingéniosité J. Armand Bombardier pour lui expliquer mon intérêt à mesurer cet orignal pour que les générations futures puissent le contempler dans le registre de Trophée-Québec et après s’être entendu sur une date pour le mesurage officiel j’ai par la suite contacté mon ami Raynald Groleau pour lui expliquer mon projet et comme toujours Raynald m’a suivi dans ma folie. Donc très tôt lundi matin le 24 septembre 2019, Raynald, Michel Duclos et moi nous nous sommes déplacés à Valcourt au Musée de l’ingéniosité J. Armand Bombardier pour procéder au mesurage officiel de l’orignal de Joseph-Armand Bombardier.

Raynald Groleau à gauche et l’auteur André Beaudry à droite procédant au mesurage de l’orignal trophée de J.A. Bombardier au musée de Valcourt.

Pour ma part c’était la première fois que je visitais son musée. WOW ! Voir son orignal au mur de sa machine shop près de son tour, sa fraiseuse et sa rectifieuse, pour moi qui suis machiniste de métier, je me suis tout de suite reconnu dans cet environnement. C’est dans ce lieu qu’il a pensé, rêvé et conçu ce qui allait changer l’avenir du transport sur neige en créant la motoneige Ski-Doo®. Ce n’est pas par hasard que son orignal a été installé à cet endroit, le choix s’est justement fait à cause de sa passion pour la chasse et la pêche.

Si jamais vous avez la chance de visiter l’Estrie, faites un détour par Valcourt et prenez le temps de vous arrêter au Musée de l’ingéniosité J. Armand Bombardier, vous allez y découvrir bien plus qu’une motoneige.

Plaque commémorant la récolte de l’orignal trophée de J.A. Bombardier en 1958 incluant tous les membres du groupe de chasseurs.

Certificat B&C attestant que l’orignal de J.A. Bombardier d’un pointage de 185 6/8 a été accepté dans le livre des records de B&C.

Saviez-vous que?

Un orignal récolté par Frédérick Savard obtient un score assez élevé pour faire le fameux livre de Boone and Crockett. Cet orignal récolté dans la zone 18 sur la Côte-Nord serait à ce jour le plus gros récolté au Québec en 2022 avec un score net de 186 5/8 et une envergure de 57 7/8 po. Bravo Frédérick, c’est tout un exploit pour un premier orignal à vie.

Frédérick Savard posant fièrement avec le panache de son orignal record.

Vous avez des questions concernant le mesurage de trophées (orignal, chevreuil, ours, caribou)?
Écrivez-moi à : beaudrybuck@hotmail.com et je me ferai un plaisir d’y répondre dans une prochaine édition.

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